Chapitre 28 : Au coeur de la magie

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Pour la première fois de sa vie, Drago avait peur. Pas pour lui, pour elle.
Il avait déjà ressenti l'inquiétude, l'angoisse ou encore la panique, mais jamais la peur, la vraie ; celle qui vous glace les entrailles, vous étouffe le cœur et vous rend incapable de réfléchir à quoi que ce soit si ce n'est l'image de l'autre en danger. La voir ainsi prisonnière de cette créature sans pouvoir intervenir, au risque de la perdre, l'empêchait de respirer correctement et Drago dût se faire violence pour se reprendre, chose chaque fois très difficile lorsqu'il s'agissait d'elle.
- Pose ta baguette ! répéta le vampire d'une voix givrée.
Les yeux exorbités de Hermione l'intimaient à obéir mais Drago ne put se résoudre à risquer de se retrouver désarmé face à cette situation qu'il ne supporterait pas longtemps. En effet, la colère remplaçait peu à peu la peur et son assurance revint également, la haine agita ses yeux qui ne cessèrent d'alterner entre Hermione et les mains grisâtres qui l'emprisonnaient.
- Pour la dernière fois, s'impatienta le vampire, lâche ta b...
- Hors de question ! cracha Drago.
Il vit le regard de l'ancienne Gryffondor lui lancer des éclairs mais l'ignora et se concentra sur le vampire qui allongea lentement sa mâchoire vers le cou de la jeune femme.
- Drago ! supplia alors Hermione d'une voix aigue.
Le vampire se figea soudainement. Il planta ses yeux rouges dans ceux du jeune homme et ses traits de chasseur perdirent toute trace de menace :
- Drago Malefoy ? murmura-t-il.
Celui-ci se redressa de toute sa hauteur et approuva d'un signe de tête. En l'espace d'une seconde, la créature avait disparue dans la nuit noire et sa proie s'effondra au sol, évanouie.

La sensation de deux pointes tranchantes effleurant son cou finit enfin par s'estomper, et une voix au timbre mélodieux lui parvint de loin. La fraîcheur de la nuit lui agrippa la peau et Hermione ouvrit les yeux. Deux perles grises la toisaient et un sourire incroyablement craquant accueillit son retour à la réalité. Par reflex, la jeune femme se redressa d'un coup mais avant qu'elle n'ait pu faire quoi que ce soit une poigne puissante lui avait saisi les avant bras.
- Calme-toi Hermione, il n'y a plus de danger.
Malgré ses paroles rassurantes, elle jeta des coups d'œil autour d'elle et ses mains tâtonnèrent ses poches à la recherche de sa baguette. Face à la sérénité du jeune blond, Hermione finit par se calmer et respira un grand coup, se sentant idiote de paniquer ainsi alors qu'elle était censée représenter une auror entraînée, nouvel espoir de la guerre. Toutefois elle fut reconnaissante à Drago pour sa patience, il attendit sans un mot qu'elle ait fini sa crise. Mais soudain sa prise d'otage lui revint en tête, la réaction inexistante de Drago face aux menaces et tout sentiment de gratitude disparut pour laisser place aux reproches :
- Tu n'as pas posé ta baguette ! s'écria-t-elle alors sans pourtant réussir à être fâchée.
- Tu as repris tous tes esprits on dirait, constata Drago en se levant du sol humide.
Hermione l'imita avec moins de délicatesse et fronça ses sourcils, attendant une réponse.
- J'ai fait ce qu'il fallait, se défendit Drago en prenant le chemin du retour. Et si c'était à refaire, je referais.
- Mais il allait me tuer ! s'indigna-t-elle en le suivant d'un pas rageur.
- Une seconde de plus et il était réduit en cendres, je visais sa tête et tu n'aurais pas été touchée, crois-moi. Si je n'ai pas posé ma baguette, c'est parce qu'on se serait retrouvé tous les deux désarmés face à un vampire qu'on a interrompu en pleine chasse par un piège. Tu n'imaginais même pas son humeur, il nous aurait tué.
Hermione se sentit bête de nouveau. Drago était bien plus doué qu'elle, il avait vu le vampire, pas elle, il les connaissait mieux pour savoir qu'il était encore plus dangereux pendant la chasse et il savait clairement ce qu'il faisait. Sa propre peur l'avait mise en colère contre elle-même mais elle l'avait exprimée contre lui. D'ailleurs, elle aurait parié qu'il le savait. Néanmoins elle ne s'excusa pas, il était difficile d'évacuer la peur ressentie un peu plus tôt, et tant que son cœur cognerait aussi fort, la tension ne diminuerait pas.
Hermione souffla de fatigue lorsqu'ils arrivèrent enfin devant l'immense échelle à grimper.
- On va transplaner, annonça Drago en lui tendant la main.
- Tu es fou c'est trop haut.
- Tu es exténuée, ajouta-t-il.
- Je peux monter je t'assure.
- J'ai grimpé cette échelle suffisamment de fois pour évaluer la hauteur et la taille de la plateforme, ce sera facile. Tu ne me fais pas confiance ?
Hum, elle n'aimait pas du tout cette question. Bien sûr qu'elle avait confiance en ses capacités magiques et s'il affirmait pouvoir les transporter là-haut, c'est que c'était le cas. Mais même si cette question paraissait à première vue inoffensive et dénuée de toute ironie, Hermione perçue pourtant un fond d'espérance, de supplication, comme si la réponse qu'elle allait lui donner était d'une importance capitale. Malheureusement, elle-même n'avait pas la réponse. Elle aurait volontiers assuré qu'elle avait confiance en lui et son amour, qu'elle était persuadée à présent qu'il n'avait jamais rejoins Voldemort et qu'elle mettrait sa vie entre ses mains s'il le fallait. Seulement la partie raisonnable d'elle-même lui glissait discrètement l'évidence qu'elle tentait de se cacher ; elle l'aimait tellement qu'il était tout à fait possible que son amour pour lui l'aveugle sur la vérité, et lui cache chaque comportement suspect et chaque trou noir de son passé qui laisserait supposer son appartenance au mal.
Aussi, elle ne répondit pas et se contenta d'accepter la main qu'il lui tendait. Il l'attira aussitôt vers lui et l'encercla de ses deux bras pour plus de sécurité.
- Prête ?
Elle hocha doucement la tête, retenant sa respiration pour ne pas succomber à son parfum exquis qui lui aurait valu un second évanouissement. Elle ferma les yeux et sentit Drago se décoller d'elle. Hermione s'apprêta à lui demander ce qui n'allait pas mais fut surprise de constater qu'elle se trouvait à vingt mètres au dessus du sol ; elle n'avait rien senti pendant le transplanage.
Elle le suivit à l'intérieur de la cabane et alors que son envie première fut de s'affaler sur le lit, elle se souvint qu'il n'y en avait qu'un seul. La jeune femme allait protester, refusant de dormir avec lui une nuit de plus, mais Drago s'était déjà installé sur le vieux canapé usé. En une seconde, la bouffée de culpabilité qui s'était emparée d'elle lui intima de lui proposer son lit, elle ferait avec. Mais elle parvint à maîtriser sa bonne conscience pour éviter que la douleur de son bras, qui jusque là se contentait de la picoter, ne devienne une véritable brûlure qui attirerait l'attention du jeune homme. De plus, si un nouveau cauchemar surgissait cette nuit, elle serait heureuse de ne pas se retrouver en larme contre lui.
Hermione partit donc se coucher, le cœur un peu plus léger.
- Laisse la porte ouverte, s'éleva sa voix grave dans le salon.
Réticente à l'idée d'être entendue si elle cauchemardait, elle obéit cependant, consciente que c'était une fois de plus une question de sécurité. Elle se coucha dans les draps gelés du grand lit de bois et un sourire naquit de ses lèvres. Elle était heureuse de savoir son âme sœur tout près d'elle, présent pour la protéger, non pas par devoir, mais par amour. Elle repoussa sans hésitation les visages de Richard et de Harry, puis ferma les yeux, s'autorisant à savourer cet instant. Demain elle enverrait une lettre à son petit ami et contacterait Harry par la cheminée pour lui expliquer la situation, mais pour le moment, elle laissa le visage d'un ange blond inonder son esprit et lâcha un souffle de satisfaction.
- Merci d'être là...
La résonance de ses propres paroles l'étonna. Avait-elle pensé trop fort ? La réponse vint d'elle-même lorsque, après un rire bref, il lui intima de dormir.

Tout le monde peut tomber amoureux Malefoy...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant