Enfin prête, je descendis les escaliers et rejoignis tout le monde dans la grande salle à manger. La table était assez grande pour accueillir une réunion de grande entreprise. Molly m'attendait de pied ferme.
"- Ah, te voilà enfin ! Viens par-là, ma chérie !"
Elle s'approcha d'une chaise qu'elle tira et me fit signe de m'y asseoir, ce que je fis. Fred et George s'installèrent à côté de moi, et je baissai la tête sur l'assiette bien remplie que m'avait préparée Molly. Rien qu'à voir la quantité de nourriture, je me sentais mal...
"- Molly...
- Allez, dépêche-toi de manger, tu vas voir, ça va te faire du bien !"
Je n'avais pas du tout faim. J'étais même un peu écoeurée de ce que je voyais devant moi. Mais en voyant le regard insistant de Molly, j'attrapai mes couverts à contrecœur et pris une petite portion de nourriture en la regardant avec une envie de vomir grimpante. Fred posa alors une main sur ma cuisse, me faisant lever les yeux vers lui.
"- Si tu ne peux pas tout manger, ne te forces pas... Mais essayes de manger un peu quand même..." Demanda-t-il, visiblement inquiet.
"- Fred, j'ai vraiment pas faim." Lui répondis-je.
"- Prends au moins une bouchée. Tu mangeras peut-être un peu plus ce midi ?
- Peut-être..." Soupirai-je en prenant une bouchée de porridge.
La nourriture me semblait fade et dégoûtante, mais en voyant le sourire triste de Fred quand il posait les yeux sur moi, je ne pus m'empêcher de culpabiliser. Je savais que ce n'était pas sain, mais si je mangeais trop, j'allais finir par vomir. Alors je n'avais pris que deux ou trois bouchées de porridge avant de passer le reste du petit-déjeuner à fixer mon assiette dans laquelle je faisais tourner ma cuillère avant de lever les yeux vers Hermione et Ginny, discutant avec Ron. Après avoir lâché un soupire, je reposai mes couverts.
"- Je n'ai plus faim." Annonçai-je en voyant Fred tourner la tête vers moi.
"- D'accord." Me répondit-il. "D'accord...
- Je peux finir ton bol, si tu veux." Proposa George.
"- Ne te force pas pour moi." Assurai-je, un peu gênée.
"- Ça ne me déranges pas !"
Je le remerciai avant de me lever pour rejoindre les escaliers. Une fois arrivée dans ma chambre, je m'installai sur mon lit et sortis le carnet dans lequel j'écrivais mes textes. Il m'arrivait parfois de prendre du recul sur les textes que je pouvais écrire et les lire tous d'un coup. C'était ce que j'étais en train de faire. Mais alors que je souris tendrement face à l'un des textes que j'avais écrit à propos de Fred, on toqua à la porte. En levant la tête, je constatai que Ginny se tenait là. Elle me lança un sourire chaleureux.
"- Hey. Je ne te dérange pas ?
- Pas du tout." Répondis-je en fermant mon carnet.
Elle s'avança pour venir s'asseoir à côté de moi alors que je fixais mes mains. Finalement, je rangeai mon bloc de papier et m'allongeai. Ginny m'observait, silencieuse.
"- Tu as besoin de quelque chose ?" Finis-je par demander.
"- Pas spécialement. Je voulais juste savoir comment tu allais."
Je me tournai vers elle et laissai planer un moment de silence avant de soupirer.
"- Tu connais la réponse.
- Mais je veux l'entendre de ta bouche."
Je me mis à fixer le plafond. Je ne pouvais pas la regarder.
"- Rien ne va..." Commençai-je. "Dans ma tête, c'est le bordel au point de me donner l'impression que rien ne va dans ma vie. Pourtant, je sais que c'est faux."
Ginny posa sa main sur la mienne, ce qui me fit tourner des yeux humides vers elle.
"- Parle-moi sans te retenir. Dis-moi tout ce que tu ressens. T'en as terriblement besoin, Alex.
- Je saurais même pas par où commencer, Gin'.
- Juste commence. Ça viendra tout seul.
- Mais je ne veux pas t'embêter avec ça...
- Alex, tu es mal. Tu vas mal, tu as besoin de te libérer. Il ne faut pas tout garder pour toi et tu le sais." Affirma-t-elle. "On s'inquiète pour toi. On s'inquiète vraiment. Mais si tu ne dis rien, ça va encore plus nous inquiéter. Parce qu'on ne sait pas de quoi tu es capable. Et c'est encore plus terrifiant.
- Jamais, Ginny." La coupai-je.
Nous échangeâmes un regard.
"- Jamais j'irai aussi loin."
Un silence s'installa entre nous, et je fus celle qui le coupa pour parler. Parler plus que ce que j'aurais pu croire. J'avais déballé mon sac. Ma culpabilité quant à la mort de Cedric, mes cauchemars, mes insomnies, mon manque d'appétit, mon manque de motivation, le fait que j'ai passé mes vacances enfermée dans ma chambre et cachée sous ma couette, que la plus petite action me causait le plus grand effort, que le simple fait d'aller prendre une douche ou me laver les dents me fatiguait, que le moindre obstacle me faisait pleurer... Qu'il m'arrivait d'avoir des idées trop noires pour que je puisse penser correctement, mais que trop de choses me retenaient pour que j'abandonne. Imaginer la simple réaction de Lou et Victor, celle d'Harry, celle de Fred, George... C'était ce qui me faisait fondre en larmes quand je me tenais face à ma fenêtre fermée avant de faire demi-tour pour me coucher. Et puis, je lui avais aussi parlé d'Alazéa. Elle m'inquiétait terriblement. J'avais appelé ses parents et ils m'avaient promis qu'ils la surveillaient, mais ça ne m'empêchait pas d'avoir peur. Je vivais constamment dans la peur et la tristesse. C'était trop à supporter, surtout lorsque je n'ai rien à faire pour m'occuper l'esprit. Alors, j'avais fini par lui dire que ça m'arrangeait un peu d'être entourée d'autres personnes que Lou et Victor... Parce que j'étais sûre qu'ici, on allait m'occuper l'esprit constamment. Finalement, après une longue discussion et une bonne crise de larmes, j'avais fini par conclure.
"- C'est dur, Ginny. Dur de le voir me répéter chaque nuit des horreurs.
- Ce sont des rêves, Alexis. Simplement des rêves..."
Je me pinçai les lèvres.
"- Je suis désolée de ne pas être forte...
- Être forte, c'est aussi accepter de se laisser aller à ses émotions. Alors crois-moi, tu l'es bien plus que tu ne le penses."
Je la remerciai d'un sourire et me redressai. Je n'étais pas convaincue de cette affirmation. Mais le poids dans ma poitrine semblait s'être un peu allégé maintenant que je lui avais parlé, et pendant quelques instants, j'avais pu me sentir un peu plus en paix avec moi-même.
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Alexis Potter : When it's all over | Tomes 1, 2, 3, 4 et 5
Fiksi PenggemarAprès deux ans à l'école de sorcellerie d'Ilvermorny, Alexis Potter reçoit une lettre de l'école britannique de Poudlard, à sa plus grande surprise. Depuis la mort de ses parents, elle n'avait jamais revu son frère, Harry. Et cette inscription tomba...