Artiste [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]

Chapitre 9

En me réveillant le lendemain matin, je constate qu'il est plus de dix heures. Après avoir dormi aux environs de 4 heures du matin je ne pensais pas me réveiller avant... plus tard que maintenant en tout cas. Je me redresse sur le lit et vois qu'Aly n'occupe pas le sien. Je tire les draps et me lève. J'attrape un short et un tee-shirt qui font office de pyjama avant d'aller prendre une douche.    

L'eau tiède coule le long de mon corps. Elle emporte toutes mes pensées négatives de la veille. Sans savoir pourquoi je commence à penser à l'hiver qui sera là dans quelques semaines. J'ai toujours adoré la neige. Lorsque j'avais 14 ans nous avons passé Noël en Irlande. Jusqu'à présent ça reste mon noël favori. Au réveil, la couche nuageuse parfaitement blanche recouvrait la globalité du pays. J'ai passé des heures à y jouer avec Josh et lorsque je ne me gelais pas les mains je dessinais le paysage qui s'offrait à nous. C'est la première fois que je réalisais un tableau au lieu d'un simple dessin. En rentrant ma mère a accroché ma toile -qui représentait un lac glacé avec tout autour des arbres dépourvus de feuilles et recouvert de neige- au dessus de la cheminée de la bibliothèque. Depuis ce jour, je suis retournée à mes dessins ordinaires. Je n'ai plus trouvé de sujets qui m'inspiraient une peinture. J'ai hâte d'arriver aux vacances de fin d'année et de rentrer car mine de rien, mon chez moi me manque énormément. Les sifflements de mon père, le sourire de ma mère et les grognements matinaux de Josh. Tous ces petits détails ont formé mon quotidien.

En revenant dans la chambre Aly n'est toujours pas là. J'attache mes cheveux en chignon et attrape un roman avant de me blottir dans mon lit. J'ouvre le bouquin au niveau du marque page.

Aurore attend patiemment l'arrivée de son père qu'elle n'a jamais connu. Elle angoisse à l'idée de rencontrer celui qui a quitté sa famille il y a 15 ans. A l'époque elle n'avait que quatre ans pourtant elle se rappelle le jour de son départ comme si c'était arrivé la veille. Les cris de sa mère, la valise qui se ferme, lui qui traîne ses affaires dans les escaliers. Sa mère qui explose un vase contre le mur. La porte d'entrée qui se ferme violemment, le bruit du moteur qui s'éloigne, le crissement des pneus sur le gravier et ses larmes à elle qui coulent le long de son visage des jours durant. Elle lui en a tellement voulu lorsqu'il est parti en la laissant seule avec une mère colérique et absente. Depuis son départ elle a vécu des jours affreux, sa mère passer sa colère sur elle. La boisson ne l'adoucissait pas alors lorsque Aurore avait le malheur de se retrouver dans la même pièce que sa génitrice Das un moment critique elle savait ce qui l'attendais. Elle s'efforçait tant bien que mal de cacher ses coups à l'école mais un jour alors qu'elle n'avais que onze ans l'un de ses instituteurs découvre les marques choquantes qui recouvrait la peau de la jeune fille. Faire des allers et retours dans des familles d'accueil n'était pas mieux à vrai dire. Elle ne restait jamais plus de quelques mois alors à ses 18 ans elle a décidé de reprendre sa vie en main grâce aux faibles économies qu'elle fait réunies au cours de années. Aujourd'hui son père celui qui lui a tellement manqué s'apprête à la rejoindre...

La porte de la chambre s'ouvre sur une Alysha exquise et souriante. C'est fou ce que cette fille peut être de bonne humeur. Dans n'importe quelle situation je suis sûre de voir un sourire s'étirer sur son visage. C'est le genre de fille à qui la bonne humeur va très bien en toutes circonstances. Même avec la gueule de bois.

-Salut.

Je ferme le livre et le pose près de moi.

-Salut. Où est-ce que tu étais ?

Elle me tend un gobelet en en portant un autre à ses lèvres.

-Lorsque je me suis réveillée tu dormais encore. Je n'arrivais même plus à avoir les idées claires tellement j'avais un mal de crâne insupportable. Je suis partie chercher de l'aspirine à l'infirmerie et en revenant tu n'étais plus là. J'ai alors décidé d'aller chercher du café en attendant que tu reviennes à ton tour.