SHENOA

Chapitre trois

Le silence qui règne dans la voiture me rend encore plus anxieuse qu'il y a quelques minutes. Barry s'apprête à sortir de la route principale, quand j'ai soudain une idée, ou du moins un besoin.

— Barry ! Pouvez-vous m'amener au cimetière s'il vous plaît ? je jette un coup d'œil sur le rétroviseur pour observer sa réaction. Je souhaite dire au revoir à ma mère.

— Oui bien sûr, on peut bien se permettre un petit détour.

Barry ne laisse paraître aucune émotion, son regard n'a pas quitté la route une seconde. Je me demande, quel genre de créature surnaturelle peut-il bien-être. Un vampire ? Peut-être un sorcier ? Ou encore un loup-garou ? En existent-ils d'autres ? comment le saurais-je.

Mes pensées sont interrompues par un fond de mélodie, à quel moment, avait-il mis de la musique ? Je l'observe secouer sa tête en rythme et nos regards se croisent au même moment.

— J'espère que cela ne vous dérange pas ? J'adore conduire en musique ! dit-il en chantant en cœur les paroles. Vous connaissez Ray Charles ?

— Euh... Non, je ne connais pas, réponds-je dubitatif.

— Cela ne m'étonne pas du tout, vous les jeunes d'aujourd'hui vous ne savez pas apprécier de la bonne musique.

Ne pouvant pas le contredire, je reste silencieuse et me mets à écouter.

Ce n'est pas mauvais, c'est plutôt cool

Les chansons défilent et sans vraiment m'en rendre compte ma tête s'est mise à bouger en rythme de la musique. Je jette un rapide coup d'œil sur le rétroviseur, en espérant que Barry ait tout loupé, mais non il m'observe avec un sourire triomphant.

Était-ce son but, pour m'aider à me détendre un peu ?

Qui peut bien le savoir ?

Nous nous rapprochons du cimetière et comme à chaque fois que je viens par ici, j'ai un petit pincement au cœur. Barry entre sur la route étroite qui mène au charnier et se gare quelques secondes plus tard.

Nous sortons de la voiture sans un mot et nous nous mettons à marcher. Nous arrivons au bout de quelques secondes devant une plaque dorée, où la lettre J est écrite en grand. La tombe de maman ne se trouve plus très loin, encore quelques pas et nous y serons.

La voix de Barry nous sort du silence, et j'en suis soulagée.

— Je suis sincèrement désolé Enoa pour la mort de ta mère.

Je le regarde perplexe et il reprend la parole.

— Je ne suis pas venu à l'enterrement pourtant, c'était une des nôtres. Seul ton père est venu lui dire au revoir.

— Vous connaissez mon père ? demandé-je d'une voix pensive.

 Et même si c'était le cas qu'est-ce que ça pouvait me faire ?

— Oui, je connais très bien Alvaro depuis...

— Alvaro ?

C'était donc ça le prénom de mon père, Alvaro...

Barry me jette un regard inquiet et prend la parole.

— Oui Alvaro Baker, lui et Claudia étaient inséparables durant leur adolescence...

— Je ne veux pas en savoir plus ! dis-je amèrement.

Je ne voulais pas que ça sorte comme cela, mais le fait d'apprendre tout ça maintenant et en plus ici, me donne envie de vomir.

— Désolé Barry, je ne voulais pas vous parler ainsi, mais je ne veux pas parler de lui, pas devant la tombe de ma mère, dis-je en m'arrêtant devant sa sépulture.

Claudia Jiménez, 1981-2014 te queremos tu familia

Je lis en boucle ce qui est marqué sur la tombe, je le fais à chaque fois quand je viens ici. Je m'approche plus près, laissant Barry derrière moi. Mes mains caressent l'écriture gravée et dans un souffle, je lui dis ces petits mots :

— Te quiero a mamá, siempre te querría.

La sonnerie de mon téléphone m'interrompt, je décroche sans vérifier qui est l'interlocuteur.

— Allô !

Quand la voix de Mia résonne à l'autre bout du téléphone, je me fige directement.

Je lance un regard furtif à Barry et m'éloigne discrètement en gardant une certaine visibilité, il ne manquerait plus qu'il croie que j'essaye de m'échapper.

Quand je suis assez loin de Barry, je reprends la conversation avec Mia

— Mais tu es folle ou quoi !

— Bonjour à toi aussi ma copine ! J'espère que tu vas bien, parce que moi...

— Mia, je ne rigole pas, je ne suis pas seu...

— Tu es déjà arrivée dans ton école super secrète là ! Poursuit Mia en me coupant la parole.

— Non pas encore, à vrai dire nous ne sommes pas encore partis, mais je ne suis pas seule.

— Et pourquoi ne pouvons-nous pas parler alors, se plaint Mia au bout du fil.,

J'imagine bien sa tête boudeuse en ce moment.

— Parce que je suis avec Barry et...

— Humm ! Barry ! elle répète son prénom avec une voix sensuelle, j'éclate de rire tellement elle est loin du compte. C'est un vampire ? Apparemment, ils sont sexy !

— Ne parle pas si fort et je ne sais pas si c'en est un. Et sexy ? je regarde Barry qui était maintenant près de la tombe de Maman et encore une fois je ne pus m'empêcher de rigoler. Il est genre sexy comme Abuela haahaaaa, Mia je dois te laisser, je vais essayer de t'écrire quand j'arrive. Bisou, je t'aime ma sœur !

Je ne laisse pas à Mia le temps de répondre et raccroche en voyant Barry s'avancer vers moi. Toute idée me vient rapidement à l'esprit au fur et à mesure qu'il s'approche. M'a-t-il entendue ? Si oui alors il doit sûrement être un vampire, ou un loup-garou ?

Barry est à quelques mètres de moi et j'essaye de voir sur son visage si quelque chose a changé, mais rien, il ne reste rien transparaître. Vont-ils effacer sa mémoire s'ils apprennent qu'une humaine connait notre existence ?

Notre existence, je me compte vraiment parmi eux à présent

Il arrive enfin à ma hauteur. Je ne bouge pas, je ne dis rien, je le regarde seulement.

— On y va ! Nous avons de la route à faire Enoa.

Sa voix est toujours comme avant, familiale.

— D'accords Barry, je vous suis !

J'espère avoir réussir à cacher la peur dans ma voix, parce que mes mains tremblantes ne m'aident pas du tout.

Mia, je vais te tuer !

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Traduction

· Te quiero a mamá, siempre te querría: Je t'aime maman, je t'aimerais toujours