Ethrian II - Shira

Acte I, scène 1.

Estebar, Raen, Tyvan, Morran et Diril.

Au Palais Royal.

ESTEBAR, d'une voix forte — Peuple de la Couronne d'Ethrian, Princes, Princesse, Dames, Lords, vous voici réunis en ces lieux à la demande du Roi. Sa Majesté vous remercie d'avoir voyagé jusqu'ici.

Il marque un temps de pause afin de permettre aux sujets de s'incliner.

ESTEBAR, en articulant — Comme vous le savez, nos ennemis du Nord sont à nos portes. De sanglantes batailles ont déjà eu lieu. La guerre est imminente. Nous ne devons point les laisser pénétrer au sein de nos frontières.

La foule chuchote. Le bruit s'élève.

ESTEBAR, aussi fort et distinctement qu'il puisse — C'est pourquoi, moi, le Conseiller Général du Roi, suis devant vous. Sa Majesté a trouvé une solution qui sera en tout aspect bénéfique pour notre nation. Ethrian ne craindra jamais plus les barbares du Nord. La Couronne ne pliera jamais !

Ainsi, l'espoir monte et s'enflamme telle une poudre à canon. On ne parle plus. C'est à peine si l'on respire.

ESTEBAR, mains levées — Sa Majesté a proposé un mariage !

Puis, la tension retombe. On ne murmure plus. On crie. Une vague de panique et d'indignation heurte de plein fouet le Conseiller.

ESTEBAR — Ayez confiance en notre Roi !

On se calme à nouveau.

ESTEBAR, satisfait — Bien ! Vous connaissez sûrement, ou avez entendu des propos sur la noble famille de Dail qui vit de l'autre côté de nos frontières, mais qui sont bel et bien des partisans et sujets de la Couronne d'Ethrian. Nous avons toujours entretenu d'excellentes relations avec les Dail, bien qu'ils demeurent sur le territoire ennemi. Ils ont également de bonnes ententes avec eux, avec le Nord. Alors, afin d'atténuer la querelle entre nos deux nations et éviter la guerre, la sœur aînée des Dail arrivera dans quelques heures ici, à la Capitale, dans l'espoir bien fourni de créer une alliance. Celle-ci se fera au travers d'un mariage qui la liera avec un de nos six Princes.

Cette fois, les Princes réagissent. Ils arborent tour à tour des mines horrifiées, déçues ou ennuyées.

ESTEBAR — Sa Majesté souhaiterait que cette jeune fille, dont la famille nous a aidés de maintes manières, ait le meilleur accueil qui puisse être... Merci pour votre attention !

Tandis que la phrase proclame la fin du discours et que le peuple s'en va en traînant des pieds, non-impatients de retourner à leurs dures besognes, les Princes rejoignent Estebar.

RAEN, curieux — Lequel de mes frères cette fille épousera-t-elle ?

ESTEBAR, s'incline face aux six Princes — Eh bien, elle choisira celui avec lequel l'alliance tiendra le plus. Il ne s'agit pas de créer un mariage trivial aux conséquences insignifiantes. Il faut écarter le danger d'une guerre.

TYVAN, las — Père n'est jamais à court d'idées et de solutions.

DIRIL, contrarié — Sommes-nous tous concernés ?

ESTEBAR — Mis-à-part le Prince hériter et le second Prince, vous l'êtes tous. La Dail ne pourra être une seconde épouse, voilà pourquoi vous n'êtes pas ses prétendants, Raen et Ar.

MORRAN, amusé — Jusqu'à ce que mort s'ensuive, nous serons à jamais les pantins de père.

ESTEBAR — Sa Majesté compte sur vous, ne le décevez pas !