Ethrian II - Shira

Acte II, scène 1.

Shira, Gina, une villageoise et une marchande.

SHIRA, plissant les lèvres — Le moindre de mes souhaits, dis-tu ?

GINA — Ce que vous voudrez, Lady Shira !

SHIRA — Je suppose que je vais rester un long moment seule avant qu'on ne vienne me trouver.

GINA — Eh bien, sa Majesté viendra vous chercher pour le dîner. Vous avez donc tout l'après-midi de libre.

SHIRA, se levant d'un bond — Parfait ! Alors, tu me serviras de guide ! Je souhaiterais aller au village.

GINA — Oh, êtes-vous certaine ? (déçue) Dans ce cas, il me semble que le marché vous distraira. Autrement, il n'y a pas grand chose dans les environs.

SHIRA, enthousiaste — Le marché me sied ! (perplexe) Qu'as-tu ? Tu es triste, pourquoi ?

GINA, se force à sourire — Ah ! Mais, c'est que vous interprétez mal ! Je ne suis pas triste, simplement lasse. Je vais au marché tous les jours, je le connais plus que ma propre maison. Toutefois, si telle est votre volonté, je me ferai une joie de vous y accompagner.

Shira acquiesce et elles vont toutes deux à la place principale, en dehors du palais. Elles déambulent au milieu des emplacements bondés.

SHIRA — J'aime ! J'adore même ! C'est si coloré et vivant. A Zishao, nous n'avons cela. Les marchés sont contrôlés par la Garde Royale, tout comme l'eau et d'autres approvisionnements. S'il n'y a pas d'argents, nous ne pouvons vivre.

GINA, avec une moue — C'est là une terrible nation que vous dépeignez.

SHIRA — Il fallait choisir entre la puissance et le pouvoir ou la beauté et le respect. Vous avez fait le second choix, nous le premier. Le monde est une question de point du vue.

GINA, offusquée — Cependant, où est la liberté ? N'étiez-vous pas oppressée là-bas ?

SHIRA — Voyez les choses ainsi, Gina : Ethrian est une nation faible et vulnérable, prête à ciller sous peu, alors que Zishao est une nation forte et dominatrice qui va et vient sans craindre personne.

GINA, marmonne — Nous ne sommes pas faibles.

SHIRA — Bien sûr que vous l'êtes. C'est comme ceci que les autres nations vous perçoivent. Et puis, sinon, vous n'auriez pas à conclure un mariage d'alliance.

GINA, dubitative — Pourquoi, alors, Zishao accepte-t-elle cette alliance ?

SHIRA — Zishao a jusqu'à présent détruit bien des nations, et il suffit. Nul besoin de réduire à feu et à sang pour posséder. Un mariage fonctionnera aussi bien.

GINA, perplexe — Que c'est complexe ! Comment faites-vous pour vous y retrouver ?

SHIRA — Le mieux est de ne pas y faire attention.

VILLAGEOISE — Vous avez raison, ma chère !

Shira et Gina se retournent vers la personne qui vient de parler. Il s'agit d'une femme d'un certain âge qui est de dos.

VILLAGEOISE — Comprendre ne vous apportera que des ennuis. Remarquez combien les enfants sont tranquilles dans leur candide innocence !

SHIRA — Je ne peux qu'être d'accord avec vous, ma Dame.

La villageoise leur fait face et blêmit.

MARCHANDE — Vous êtes..? Vous êtes..!

VILLAGEOISE — N'êtes-vous pas la jeune Lady qui est censée sauver notre nation ?

SHIRA, gênée — Est-ce ce qu'on dit de moi ?

MARCHANDE, hurle — Vous êtes maudite des Anges ! (rouge de colère) Vous allez apporter malheur à mon échoppe ! Partez ! Déguerpissez, démone !

GINA — Comment osez-v..?!

Shira l'arrête, la saisit par le bras et s'en va. Elles marchent plus loin sous les braillements de la marchande.