I INTRIGUE

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 Ma cellule était froide, je ne pouvais pas m'en plaindre. Je n'étais qu'un soldat, un subordonné même. Un stade si en dessous du sien. Malgré mes efforts et ma motivation, mon niveau restait inférieur. Ce sentiment de faiblesse m'exaspérait. Parfois, j'en était même à accepter mon pouvoir, là, j'étais fort. Je pouvais aider, avoir l'espoir de sauver l'humanité ! De réaliser mon rêve. De faire la fierté de ma mère. L'incapacité d'être plus fort me brisait. J'avais parfois beau hurler, crier ou me débattre, rien n'y faisait. Tout ça était si nouveau pour tous qu'ils en étaient tétanisés. Nous ne connaissions rien de mon pouvoir. Moi même je ne savais jamais ce qu'il pouvait se produire. Je me laissais seulement emporté par l'action, la rage, celle de combattre, celle de survivre. Pour seule idée : La victoire.

Il était de mon devoir d'agir ainsi. Au final, je me demandais si je n'étais pas devenu un monstre parmi cet enfer. Le caporal-chef Livaï m'avait dit de faire un « choix sans regret » Par ma faute, par ma foutue et stupide faiblesse, j'avais conduis son escouade à la mort. Je n'avais pas pu m'empêcher de pleurer tant je ressentais la déception émanant de cet instant qui m'avait paru des lustres. Le caporal devait m'en vouloir. J'avais fait le mauvais choix. J'aurais dû me transformer dès le départ, déchaîner ma rage. J'aurais pu avoir un faible espoir d'être considérer comme un humain. C'en était impossible à présent.

Pouvoir dormir normalement me manquait, dans une chambre, pas une cellule. Libre de mouvements, pas enchaînés. La notion de liberté m'était devenu presque inconnue. Au fond, je ne l'avais jamais ressenti. Vivre emmuré, ce n'était pas une vie ça. Je me demandais sincèrement depuis combien de temps j'étais enfermé dans ma prison. Le caporal-chef Livaï me détachait pour me permettre de sortir normalement. La cellule était située au sous-sol du QG, elle était évidemment dépourvue de fenêtres pour me permettre de discerner vaguement l'heure. Il était peut être le jour, ou le soir, ou la nuit. Aucune idée. L'avais-je déçu ? Certainement... Enfin... Je n'en savais rien. Je ne savais rien de lui. Et pourtant, je le côtoyait tout les jours. Le caporal ? Il était incroyablement fort. Tout mon contraire, lui, gardait un sang froid imparable face à la bataille et aux dangers. Son regard était dur, j'avais parfois l'impression que la moindre personne voulant défier son autorité allait périr sous ses coups. Ses coups ? Parlons en. Je n'avais rarement eu autant mal que ce jour au tribunal. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Au fond, il m'avait sauvé la vie. J'aurais été sûrement découpé et étudié de fond en comble par les forces spéciales s'il n'avait pas été là. Lui et le major Erwin évidemment. Je les respectaient. Ils étaient des modèles. Je me souvenais, enfant, les yeux remplis d'étoiles quand j'apercevais le retour du bataillon d'exploration. Et pourtant, évidemment que je les admirais. Mais le caporal-chef Livaï était intrigant. Ce n'était pas tout les jours que nous rencontrions une telle personne. Je ne l'avais jamais vu sourire. Pas en compagnie de son escouade. Pas avec le caporal Hanji ou Mike, ni même avec le major Erwin. Ils semblaient pourtant proches. Certain le qualifiait de « sans cœur » moi, je pensais simplement qu'il avait dû vivre des horreurs. Comme nous tous. Je me refusais de penser que c'était une mauvaise personne. Il avait choisi de combattre pour l'humanité, ça ne pouvait tout simplement pas être une mauvaise personne.

Je fus moi même surpris de voir que mes pensées commençaient à tourner vers cet homme. Cela ne m'était jamais arrivé. Et je n'avais aucune idée de pourquoi je pensais ça justement. Je soufflais, un bruit de pas se rapprochait, il fallait affronter désormais.

Une silhouette s'arrêta devant ma cellule. Le caporal. Je baissais le regard. Je ne pouvais tout simplement pas le regarder après avoir échouer comme ça. Il ne disait rien. D'habitude, il m'offrait toujours un « Bon matin morveux. » Il était bien silencieux. Mon cœur se resserrait. Je n'aimais pas cette sensation. Quand mes mouvements furent libres, je daignais enfin le regarder. Je sentis mon rythme cardiaque s'affoler quand mes yeux transpercèrent les siens. Le caporal avait sincèrement un regard très spécifique. Indescriptible même. Il lisait, je le sentait. J'avais l'impression d'être dénudé tant il buvait mes pensées. Je ne pu que bafouiller légèrement, paniqué.

Sombre soleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant