II INTERROGATION

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Un réveil amer... quelle heure était il ? Aucune idée, mais il était tôt. Les bruits vagues de pas et de brouhaha matinal n'étaient pas encore présents. Comme les soldats du matin, préparant le petit déjeuné ou encore, les quelques insomniaques n'ayant trouvés le sommeil pendant deux ou trois heures tout au plus... Rien de tout ça. Mes yeux étaient à moitiés ouverts, il faisait froid, comme toujours dans cette prison au final. Je n'avais jamais pu comprendre si, au final, c'était la tristesse et la solitude de cette pièce qui la rendait autant fraîche, ou bien, sa position semblable à une grotte glaçante. Peut être un mélange des deux, qui sait ?

Ce n'était pas le moment de partir voguer dans les fleuves de mes pensées, oh ça non... Le caporal-chef Livaï était devant moi. Je n'avais sérieusement pas vu la nuit passer. Pourtant l'ambiance était sacrément différente. Comme si... oui... comme si nous étions seuls au monde.

Mes lourdes menottes tombaient au sol. Il ne disait rien. Il semblait simplement... sûr de lui. Était il vraiment sérieux vis à vis de la veille... ? J'avais encore du mal à y croire. Peut être m'avait il dit ça pour me provoquer un semblant de sérénité, peut être oui... Et pourtant il était là. Il ne s'occupait ni d'un soldat, ni de paperasses multiples ou encore du caporal Hanji. Non, là, maintenant, il s'occupait de moi. Moi seul. Ce petit sentiment prenant doucement forme... Le sentiment d'être privilégié. Cela me comblait, mystérieusement, de joie. Non pas de fierté... ce qui me paraissait bizarre. Quand je repensais à la soirée d'hier soir... j'avais pu craquer à cœur ouvert face au caporal... Je n'avais pas pu m'empêcher de tout lâcher. Son regard pesant qui... non. Il n'avait pourtant pas un regard insistant à ce moment là. Il était comme à l'écoute de mes maux. Et c'était agréable... Sincèrement agréable. Je ne pouvais pas le nier. Mais une question me pesait, une question tournait et virevoltait sans cesse. Étais-je un foutu poids pour lui ? M'aider était certainement une obligation pour lui... Mais pourtant... pourtant oui. Le « et si » persistait. Le caporal-chef était trop intrigant pour deviner ce genre de chose par la seule force de la pensée. Chose que je devais travailler pour m'endurcir hein...

Je soupirais légèrement, secouant ma tête pour tenter de libérer les mots qui commençaient à prendre une trop grosse emprise. Si cela continuait j'allais finir par craquer de nouveau. Et ciel perdre le contrôle me torturait.

Une fois libre de mouvement, le caporal tourna le dos, me pointant du doigt mon meuble de rangement, là où était disposé mes vêtements, affaires et équipements. Il tourna légèrement sa tête pour déposer son fin doigt contre ses lèvres tout aussi fines. Je devais me taire. Lui aussi n'avait fait aucun bruit durant cette entrevue. Comme si... c'était interdis oui ? Qu'allait il faire exactement ? Je ne pouvais pas contester ses ordres. Je lui vouais un trop grand respect pour. Cependant, son ordre actuel était celui de me changer, tandis que lui tournait le dos. Me changer devant des gens, des garçons, ça ne me dérangeait normalement pas. Mais le problème était justement le « mais » qui n'avait rien, mais rien à faire là. Pourquoi le caporal y changeait quelque chose ?! Oh bon sang, Eren tu divaguais, tu divaguais clairement.

Je me levais, mon corps légèrement engourdi par les chaînes récemment enlevés, mes joues, elles, rougissaient malgré moi tandis que je me débarrassais de mon haut et mon pantalon. Je divaguais... ça ne me ressemblait pas. Le caporal-chef avait comme une emprise inconnue sur mon corps, voir même mes pensées. Et la réponse au pourquoi ne me venait définitivement pas.

Je finissais de m'habiller avec hâte. Je m'empressais de rejoindre le caporal, lui offrant un visage d'incompréhension. Non pas que le voir débarquer dans le secret et mystère le plus total me perturbait... mais oui. Il me fallait des réponses. Je pensais avoir rêver mais je devinais parfaitement un faible rictus au coin de ses lèvres. Il me toisa un faible instant, semblant satisfait.

Sombre soleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant