Je n'avais aucune idée de ce que je faisais ici, mais j'avais pourtant l'impression que c'était justement ce qu'on était en train de m'expliquer.
Ça faisait déjà plusieurs heures, peut-être même plusieurs jours, que je commençai à avoir quelques doutes. Du moins, j'étais couché dans un lit d'hôpital, et chaque fois que j'ouvrais les yeux, c'était l'agitation autour de moi. Cette fois, par contre, c'était plus tranquille. Pas d'infirmière, rien que ma tante, assise sur une chaise à côté de moi, serrant ma main entre les siennes.
— Tu comprends ce que je dis ? demanda-t-elle doucement.
À ce ton, j'avais l'impression que ce n'était pas la première fois qu'elle posait la question. Comme si elle l'avait répété, encore et encore, sans plus vraiment savoir pourquoi. J'essayai de dire oui, mais les mots semblaient se bousculer dans ma bouche. Au prix d'un incroyable effort, je parvins à marmonner quelque chose, et les yeux de Carole s'agrandirent d'un coup.
— Où...Où est... M'man ? murmurai-je d'une voix enrouée.
— Oh, Jake, dit-elle en me serrant la main un peu plus fort. Ça va aller, je reviens tout de suite !
Tante Carole se leva d'un bon de sa chaise et se précipita hors de la pièce pour aller chercher ma mère. Elles avaient dû veiller sur moi à tour de rôle, elle devait surement se reposer dans la salle d'attente.
Je m'endormis avant son retour. Quand je m'éveillai une nouvelle fois, il n'y avait plus que l'infirmière qui mettait d'autres fleurs dans un pot, jetant les vieilles fripées à la poubelle. Un doux parfum se propagea dans la chambre.
Je fermai à nouveau les yeux.
Ouvrir et fermer les yeux, c'était pratiquement la seule chose que j'arrivai à faire.
Quelques heures ou quelques jours plus tard, ma tante était de retour. Je venais tout juste de me réveiller.
— Qu'est-ce que je fais ici ?
Ma voix était étonnamment claire. Je faisais des progrès.
— Quel est ton dernier souvenir ? demanda-t-elle en retour.
Je tentai de me concentrer, repassant la scène dans mon esprit. Ou l'absence de scène.
- Je sais pas, murmurai-je difficilement. J'étais à la maison. J'écoutai la télévision... et puis...
Je posai à nouveau mon regard sur ma tante.
— C'est tout. Y'a rien, après. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Carole secoua lentement la tête, les yeux brillants de larmes contenu.
— Personne ne le sait. Personne n'était là.
— Mais, mes parents ? Mes sœurs ?
Tante Carole se mit à pleurer doucement, serrant ma main encore plus fort. Étrangement, je n'en ressentais aucune douleur. Je ne ressentais pratiquement rien, physiquement et émotionnellement. Je flottais sur un nuage d'antalgique.
— Jacob, toute ta famille a été retrouvée morte. Tu étais parmi eux, les docteurs t'ont sauvé de justesse. Tu étais dans le coma depuis deux semaines. Ça va bientôt en faire trois que tu es ici, si on compte le temps qu'il te faut pour te réveiller.
Je regardai bêtement ma tante, incapable de comprendre son charabia. Tout ce qu'elle disait n'avait aucun sens.
Ma tante passa une main dans mes cheveux, tendrement.
Je fermai les yeux.
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La vie confuse de Jacob Lane
Novela JuvenilDu jour au lendemain, la petite vie de Jacob bascule. Se réveillant après deux semaines de coma, il se rend compte qu'il est le dernier survivant de sa famille, retrouvée morte dans leur salon. Hébergé par sa tante et son oncle, Jacob vit tant bien...