Quelques heures en plus à flâner dans le café m'avaient permis de remettre mes nombreux esprits en place. En sortant, j'avais croisé un quelconque élève de la même école que moi, et je lui avais demandé quel film il était allé voir, et ce qu'il en avait pensé. De retour à la maison, une dizaine de minutes de marches plus tard, je répétai l'information à mon oncle, pour le convaincre – comme s'il avait des raisons de douter – que j'avais vraiment été voir le film. Il ne sembla pas y douter une seule seconde. Par la suite, je m'étais enfermé dans ma chambre, j'avais mis une alarme pour minuit sur mon réveille-matin, puis je m'étais endormi. Comme prévu.
Et comme prévu, mon réveil sonna à minuit. Je sursautai dans mon lit, m'empressant d'éteindre. J'avais pris la précaution de mettre le volume aussi bas que possible, pour ne réveiller personne, mais il valait mieux être prudent.
J'envoyai le texto « Dix minutes » à Élodie, puis sorti de mon lit pour m'habiller, pour ensuite mettre mon portefeuille dans ma poche. Le téléphone toujours en main, en mode silencieux, j'ouvris lentement la porte de ma chambre, puis sorti dans le corridor, marchant sur la pointe des pieds en direction de l'entrée. Arrivé à destination, je mis mes souliers Converse, puis déverrouillai mon téléphone, me servant de la lumière pour identifier la bonne clé, cachée parmi tant d'autres sur le porte-clé vissée sur le mur. Il y en avait au moins sept, alors que nous n'avions que deux voitures ; celle de mon oncle, celle de ma tante. Il y avait certainement le double de chacune, peut-être celle qui ouvre la remise... Pour les deux restantes, j'étais paumé.
Je pris la clé portant le logo de Toyota, la voiture de ma tante, et la glissai dans la poche de mon sweat. Mon téléphone vibra deux coups dans ma main, et je le retournai pour voir l'écran. Élodie m'avait répondu.
« Je suis prête dans deux minutes. N'entre pas dans la cour, mets-toi juste à côté. Je te verrais. »
Je fermai l'écran, songeant que je répondrai quand je serais à destination. Je me tournai vers la porte, la main sur la poignée.
- Jacob ?
Je sursautai aux moins deux mètres de haut, mais réussis, par un quelconque miracle, à ne pas crier. La lumière au plafond m'éblouit, je portai ma main portant la clé devant mes yeux.
- C'est pas ce que tu crois, dis-je péniblement.
- Alors t'es pas en train de fuguer avec la voiture de maman ?
J'abaissai la main pour voir ma cousine Sabrine. Je laissai aller un soupir de soulagement – j'étais convaincu que c'était ma tante qui m'avait coincé – avant que le stress ne revienne d'un coup. Ce n'était pas Carole, mais Sabrine allait parler de toute façon.
- Non, puisque je compte revenir avant le matin. Tes parents ne se rendront compte de rien, si tu pouvais avoir l'amabilité de me laisser aller en paix.
- T'as pas été si gentil que ça avec moi aujourd'hui, pourtant. J'ai atrocement envie de te balancer, rien que pour te faire chier.
- Sabrine, dis-je dans un soupir. J'avais même pas eu l'intention de répéter ce qu'Élodie m'avait appris sur toi. Je l'ai fait pour détourner l'attention de ce que toi, tu as dit sur moi. OK, c'était vraiment dégueulasse de ta part, mais si t'es parents sont au courant, c'est ta faute !
- J'ai tout dit parce que je croyais que tu ferrais pareil, si tu arrivais à la maison le premier, dit Sabrine en rougissant sévèrement.
- Et risquer une vengeance de ta part ?
- C'est ce que t'as fait.
- Ce qui démontre bien qui est le plus intelligent des deux ! Si j'étais arrivé à la maison le premier, j'aurais acté normal, sans rien dire à tes parents. J'aurais voulu parler à toi seule, sur ce sujet. Pas à la famille au complet ! (Je fis une pause, laissant le temps à Sabrine de répondre, mais elle n'en fit rien, embarrassée.) Mais si tu dis à qui veux l'entendre que j'ai un dédoublement de personnalité, je dirais en retour que t'es qu'une grosse salope et que dès mon premier jour dans cette maison, tu me sautais déjà dessus pour me faire des pipes.
VOUS LISEZ
La vie confuse de Jacob Lane
Teen FictionDu jour au lendemain, la petite vie de Jacob bascule. Se réveillant après deux semaines de coma, il se rend compte qu'il est le dernier survivant de sa famille, retrouvée morte dans leur salon. Hébergé par sa tante et son oncle, Jacob vit tant bien...