Le reste de la journée scolaire passa tout aussi lentement que son début. À la fin du dernier cours, j'allai rejoindre Sabrine à son casier, comme je le faisais tous les jours, mais elle n'y était pas. Me voir avec Élodie lui avait vraiment coupé toute envie de me voir ; elle était déjà partie, me laissant seul faire la route.
- Jake ! s'écria quelqu'un.
Je me retournai pour faire face à Justin. Je répondis d'un sourire timide, puis continuai mon chemin vers la sortie. Justin me rattrapa et marcha à mes côtés, son sac sur l'épaule.
- Question stupide... mais ça va ? dit-il avec un grand sourire. Toutes mes excuses, en passant, je sais pas comment démarrer une conversation, autrement.
J'étouffai un rire en hochant la tête. Je le connaissais depuis peu, mais s'il y avait bien quelque chose que je savais sur lui, c'est que c'était un gros débile. Disons qu'il était plus du genre Justin Bieber que Justin Trudeau.
- Ça va, dis-je sans grande conviction. T'as vu Sabrine ?
- Je l'ai vu courir dans le corridor, en direction de cette même porte qu'on vient de passer... Tiens, elle est là !
Je levai les yeux pour voir, au loin sur le trottoir, Sabrine courir à pleine vitesse vers la maison, slalomant entre les autres piétons.
- Elle a le feu au cul, m'étonnai-je. Qu'est-ce qu'elle a ?
- Aucune idée.
- Elle n'a rien dit de suspect, aujourd'hui ?
- Pas que je sache...
- J'espèce que ça n'a rien à voir avec Élodie, dis-je pour moi-même.
- Ah, par contre, c'est pas impossible ! Elle est probablement en train de monter un plan diabolique contre toi. Sabrine sait être féroce, quand elle veut. Comme une maman tigre.
Un poids me tomba sur l'estomac. Bien sûr, pensai-je. Elle va parler.
- À plus ! dis-je.
J'agrippai la bretelle de mon sac à dos et couru à mon tour sur le trottoir pour rejoindre la maison au plus vite. Quand je crus enfin rattraper Sabrine, elle n'était plus devant moi. La salope, elle avait dû prendre un raccourci que je ne connaissais pas. En pestant, je doublai de vitesse, attirant vers moi des regards intrigués.
J'arrivai à la maison au bout d'à peine deux minutes de course à pleine vitesse, à bout de souffle. J'ouvris la porte à la voler, sans même prendre la peine de la refermer derrière moi, et me précipitai vers le salon. Là, je trouvai ma tante et mon oncle, chacun dans leurs fauteuils, et Sabrine debout devant la télé, le visage rouge et soufflant comme un bœuf. À mon entrée, tout le monde se retourna vers moi d'un seul mouvement.
- Jacob, murmura ma tante. Est-ce que c'est vrai ?
- Non, dis-je sans même savoir ce qu'elle avait dit exactement. Elle dit n'importe quoi pour couvrir le fait qu'elle a couché avec le petit ami de quelqu'un d'autre.
Les yeux de ma tante sortirent pratiquement de leurs orbites sous l'accusation. Elle se retourna à nouveau vers Sabrine, qui bouillait de rage.
- Jake a tué sa famille, dit Sabrine presque en hurlant. Il l'a dit lui-même. Il dit qu'il souffle de dédoublement de personnalité.
Ma tante et mon oncle se retournèrent à nouveau vers moi. Ils avaient l'air aussi passionnés qu'à une partie de tennis.
- T'aurais pu comprendre le sous-entendu avec un minimum de connaissance en psychologie. Je les ai pas tués, je culpabilise d'être le seul survivant. Ça peut se comprendre, ou c'est trop compliqué pour ton petit cerveau ?!
VOUS LISEZ
La vie confuse de Jacob Lane
Fiksi RemajaDu jour au lendemain, la petite vie de Jacob bascule. Se réveillant après deux semaines de coma, il se rend compte qu'il est le dernier survivant de sa famille, retrouvée morte dans leur salon. Hébergé par sa tante et son oncle, Jacob vit tant bien...