« Va falloir que tu te décides. Soit c'est toi-moi, soit c'est pas toi-moi. »
« C'est trop compliqué, tu peux pas comprendre. »
« Tu es moi, donc si tu comprends, je peux aussi. »
« Je comprends parce que j'ai vu, c'est tout. Ensuite, c'est pas de ma faute si t'as oublié. »
« Répond seulement à cette question : est-ce que tu as tué ma-ta famille ? »
« Plus ou moins. »
« Je m'exaspère. »
« Je peux rien de plus pour toi. »
« Est-ce que tu as tué ma-ta famille de tes propres mains, ou était-ce les mains de quelqu'un d'autre ? »
« Un peu des deux. »
« Je soupire d'impuissance. Les mains de quelqu'un d'autre, elles appartenaient à qui ? »
« Je n'en sais rien. »
« Il ressemblait à quoi ? »
« Il portait une cagoule, des gants, je voyais rien du tout. La seule chose que je sais, c'est que c'était un homme adulte. »
« Et tu attends de moi que je retrouve cet homme ? »
« Oui. Et que tu le tues. Ou bien, rendu là, je le ferais moi-même. »
« Je ferais comment pour le retrouver ? »
« Aucune idée. Mais tu te débrouilles. »
« Je peux avoir de l'aide ? La police, ma cousine, n'importe qui ? »
« Dis un seul mot à qui que ce soit – même Grizzli le yorkshire – et j'éventre un petit chat et mets la vidéo sur YouTube. »
« T'es dégueulasse. »
Conversation étalée sur cinq longues journées, à souffrir de la salmonelle, généralement étendue dans mon lit. Aux cinquièmes jours, en aillant ma claque de n'avoir que moi comme seule compagnie, je décidai de me bouger les fesses et d'aller à l'école. J'allais beaucoup mieux qu'au jour un, mais je ne me sentais pas particulièrement au top. Pour sûr, je n'avais rien vomi depuis jours deux, ce qui était déjà bien, mais il m'arrivait encore d'avoir quelques... problèmes intestinaux.
J'avais à peine fait trois pas dans les corridors de l'école que je regrettais déjà mon choix. J'entendais les rumeurs dans mon dos, les gens qui m'appelaient « Jacob le schizo ». Certains se taisaient à mon passage, d'autres en profitaient pour parler plus fort. Maintenant, tout le monde était au courant que j'étais un cinglé. Et tout le monde savait que j'étais le Jacob Lane, le tout nouvel orphelin de Bathurst. Personne ne songea à démontrer un peu de compassion ; rire de moi était bien plus amusant.
Relaxe, pensais-je de toute mes forces. Ne tue personne, s'il te plait. Ce ne sont que des stupides moutons qui se prennent pour des grands méchants loups. Ils ne savent que parler. Suffit de ne pas les écouter.
Je sortis mon téléphone et mes écouteurs de ma poche et mis de la musique. C'était déjà mieux.
En arrivant à mon premier cours de la journée, math ce jour-là, je me laissai tomber sur la première chaise disponible, déjà épuisée de ma journée qui avait à peine commencé. Je retirai un écouteur et levai la tête pour regarder qui était déjà là ; en dehors du prof, les élèves arrivaient tranquillement, au compte goute. Sept élèves étaient arrivés avant moi, et parmi eux, je trouvai ma cousine Sabrine, les yeux dans ses devoirs qu'elle s'efforçait de terminer avant le début du cours, dans à peine deux minutes.
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La vie confuse de Jacob Lane
Novela JuvenilDu jour au lendemain, la petite vie de Jacob bascule. Se réveillant après deux semaines de coma, il se rend compte qu'il est le dernier survivant de sa famille, retrouvée morte dans leur salon. Hébergé par sa tante et son oncle, Jacob vit tant bien...