L'arrangement (EN PAUSE)

CHAPITRE 7

Yaëlle venait de traverser sa porte d'entrée, il était midi environ. Étonnement elle était heureuse et apaisée. Le fait de rencontrer Julien n'avait peut-être pas été une si mauvaise idée. De plus, il semblait sincèrement prêt à repartir sur de bonnes bases « amicales » avec elle. Ne voulant emmagasiner un mensonge inutile, elle lui avait finalement avoué qu'elle était seule depuis la fin de leur relation mais aussi qu'elle ne prêtait pas une grande attention à la recherche de l'amour tant elle était occupée avec ses études et son travail à mi-temps. Julien n'avait pas fait de commentaire explicite. Il s'était contenté de sourire et de l'inviter à poursuivre leur promenade.

- Et toi? Tu dois être très heureux avec ta nouvelle chérie. Je vous ai trouvé très... Complices la dernière fois au resto.

Il esquissa une moue avant d'afficher un air amusé.

- Tu parles de Mel'? Ce n'est qu'une collègue de bureau, rien de plus.

- Tu n'as pas besoin de me mentir tu sais? renchérit t-elle. Une collègue de bureau que tu invites au restaurant, à qui tu caresses la chevelure en public et qui t'a clairement appelé « mon chéri » rajouta t-elle comme pièce maîtresse de son argumentation.

Julien arbora un sourire que Yaëlle trouva exceptionnellement séduisant et charmeur.

- Je t'ai dit qu'elle n'était qu'une simple collègue de bureau. Je ne pense pas t'avoir précisé la nature de ses sentiments pour moi, lança t-il comme coup de grâce.

C'était donc ça, songea la jeune dame. Ils n'étaient pas en couple quoique sa collègue éprouvait des sentiments pour lui.

- Et toi tu ne ressens rien pour elle en retour? Rien du tout? C'est une très belle jeune femme...

- ... Et très intellectuelle rajouta Julien ce qui intimida légèrement Yaëlle qui n'en fit pas cas. Par la suite il poursuivit:

- Mais comment veux-tu que j'ose répondre à ses attentes lorsque mes sentiments sont orientés vers quelqu'une d'autre?

Yaëlle surprise, ouvrit grand ses yeux:

- Oh! Tu as déjà quelqu'une d'autre dans ta vie? Je... Waouh, je l'ignorais.

Il hésita un moment avant de répondre en perdant son regard dans une contemplation imaginaire:

- Disons que je l'ai bêtement perdu il y'a quelques mois.

Au souvenir de cette conversation, Yaëlle pâlit légèrement. Avait-il parlé d'elle? Mais évidemment que oui conclut t-elle. Et même si c'était le cas, qu'en avait-elle à faire au final? Il lui avait brisé le cœur de la pire des façons et osait se repointer juste comme cela un bon matin? Non! Julien et elle n'avaient certainement plus d'avenir ensemble. Elle s'interrompit un instant se rendant compte qu'il ne lui avait fait aucune proposition allant dans ce sens. Pourquoi s'enflammait-elle alors toute seule dans son appartement? Le silence fut sa seule réponse.

Ils avaient juste promis de se revoir au cas où l'occasion se présenterait donc il n'y avait pas de quoi extrapoler. Julien et elle c'était fini pour de bon. Si le destin attendait d'eux qu'ils soient tout de même amis après ce tsunami émotionnel, elle se prêterait au jeu mais sans transgresser les règles.

Après maintes réflexions, elle se sentit quelque peu affamée. Son chocolat chaud avait été délicieux mais ne pouvait apaiser son appétit d'ogre. Elle entreprit alors de se déchausser et enleva son manteau. Lorsqu'elle franchit le seuil de la porte de sa chambre, celle-ci était encore plongée dans l'obscurité. Normal: elle n'y avait pas passé les deux dernières nuits et les rideaux n'avaient donc pas été tirés. La pénombre ne trahissait aucun détail de la chambre mais heureusement pour elle qu'elle maîtrisait chaque millimètre de son espace personnel. Elle passa près de son lit y jetant ses affaires au passage, se rapprocha des fenêtres qu'elle ouvrit après avoir finalement étiré les rideaux. Le vent monta à ses narines et le froid l'émoustilla quelque peu. Elle avait fermé ses yeux en balançant sa tête en arrière profitant de ce bonheur éphémère.