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C'était un musée. Un musée aux grands murs gris surmontés d'immenses toiles de nature morte. Des tas tables, couvertes de vases, de fleur, de nourriture, bien fades.Je m'assis à côté de lui, et commença machinalement à défaire les nœuds de mes écouteurs, sans être vraiment concentrer dessus. J'attendais mon explication, et il le savait. Il poussa un soupir. Et commença à parler.

« - Taehyung... considère-moi comme un tableau perpétuellement peint. Tout les êtres humains sont comme ça. Peints d'une différente nuance, en fonction des expériences de vies, du caractère, etc. Imagine-moi... comme une nature morte. Je suis fade, sans réel débordement d'émotion ; une nature morte. Mais... celui qui me peint... est particulier. Sans que je ne le comprenne, sans rien pouvoir y faire, de temps en temps, il prend une couleur vive, et trace un trait, sur tout le long de son oeuvre. Comme pour le gâcher, le détruire. J'imagine bien que je représente juste mon subconscient de manière poétique, mais... il me le faut. Je ne peux pas juste me dire ; Jungkook, parfois tu es fou, malade mental, taré. Cinglé. C'est trop dur, trop honteux, à dire. Alors je me dis ça. Je me fait des litotes, des euphémismes, je le dis de toutes le manières possibles, en mentant.

J'observai une gigantesque toile, grise. Elle n'était pas grise étoilée. Elle n'était pas Silver.

-Lorsque je me suis laissé tomber dans l'eau, je me suis juste dit : qu'est-ce qui va se passer si... et ça c'est passé. Tu sais... j'aurais pu y aller seul, à ce parc, Taehyung. J'aurais pu me promener sur la rive, seul. J'aurais pu aller dans l'eau seul. Et alors...

-Et alors, tes instincts survenant, tu serais remonté. Point barre. Qu'est-ce que tu essaies de me dire, JungKook ? Que tu es une cause perdue ? Que ça ne sert à rien, de t'assister ? Que je sers à rien ?

-Non ! Je te dis juste comment je suis ! Comme quand je t'ai poussé ! Ah ! Je... je ne décide rien !!

Silver s'interrompit brusquement. Porta les mains à sa bouche, choqué. Puis reprit la parole, dans un serrement de mâchoire amer.

-Voilà. Je ne contrôle pas mon propre corps ; il se joue de moi.

Il s'assit. Ne bougea plus, ne dit rien pendant un moment.

Une ambiance étrange en fut jetée sur la salle, presque... assourdissante. Enfin, le visage dans ses mains à demi-écartée, il murmura nerveusement, laissant une pause entre chaque phrase, entrecoupé.

-T'es content ? ...Tu l'as eu, ta clarté ? Ta... réalité ? Ta saloperie de réalité à la con, sans... beaux mots, prose, sans poésie ?

Pour ensuite relever d'une fierté douloureuse la tête, avec une expression intense sur la visage, sur ce visage normalement inexpressif ; tristesse, honte, et colère.

-J'te la balance, Tae'. Même, j'te la crache au visage. Garde-la, laisse-moi dans mes mensonges, mes illusions, laisse-moi dans ce monde où je m'appelle Silver, c'est ce que je te demande.

Et il finit par un mot, tout simplement :

-S'il te plait. »


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