《-Jungkook...
Avant même que je ne puisse faire quoique ce soit, et de nouveau sans avant-signes, il prit mon visage en coupe et m'embrassa fougueusement, le temps d'un éclair... puis devînt nettement plus doux, et resta quelques minutes ainsi, me donnant vertiges, montées et descentes de température simultanées.
C'était délicieusement fulgurant ! Ses douces mains immobiles, sur mes pomettes, me réconfortaient et m'apaisaient tellement...
Les miennes restaient dans mon dos en tremblant, comme un enfant puni, ou timide, comme des feuilles prêtes à s'envoler en bruissant.Puis, pareil à si j'étais de braise, il sursauta et recula vivement.
-Je-je suis désolé ! Je suis désolé ! J-je n'ai pas fait exprès ! Ça... ça ne veut pas dire que j'ai des sentiments ou quoi, hein ! ...'Fin ça ne veut pas non plus dire qu'il n'y a pas moyens mais, je veux dire que tu ne dois pas te sentir vexé... remarque, pourquoi tu te sentirais vexé, hein ? Haha ! C'est stupide ! Enfin je ne dis pas que tu es stu- Aah ! C-ce que je veux dire c'est que si je t'ai emb... embrassé, c'était sans mon accord, donc déso-
-Je... je comprends tout à fait ! Il y a pas de mal, en fait... enfin si, il y a du mal ! Il... il faut plus faire ça, hein,
c-c'est mal ! Theu ! Je veux dire, je... je j'ai pas eu le choix et ça m'a vraiment
dérangé !! Enfin le bisou aussi m'a dérangé mais... pas trop... mais quand même, hein !Sous tout ces gestes, ces balbutiements, je vis finalement ce que l'on était :
Deux adolescents terriblement timides ; aux grandes et belles phrases ; mais qui, lorsqu'il s'agissait de choses sentimentalement délicates, et délicatement sentimentales, ou encore des gestes sensibles, ne restaient que des enfants.On prit chacun un temps pour se calmer un minimum.
L'ambiance était différente ; elle était teintée de découragement, du côté de Jungkook, et de malaise, chez moi.
Mais curieusement -serait-ce à cause des œuvres, autour ? Serait-ce à cause de la grandeur de l'endroit ?- Dans tout les cas, le climat était désormais comme... réconfortant. Comme si le musée, de sa grandeur, veillait sur nous paternellement.C'est surtout ça qui me calma progressivement. Sauf que ça n'apaisa absolument pas Silver.
Jungkook avait la tête dans les mains, elles-mêmes posées sur ses genoux, l'air touché et coupable. Manifestement, l'accord et l'espace vital des autres étaient très importants pour lui ; donc le fait qu'il m'ait embrassé sans mon accord lui paraissait comme de l'irrespect. Ce qui était vrai.
-Oh je suis désolé... je suis tellement, tellement désolé... je... je n'ai pas fait exprès... je ne voulais pas... te faire ça... désolé...
Il finit en souriant misérablement.
-Mon peintre t'aime bien...?
-Oui... oui, on peut dire ça. C'est pas trop grave, tu sais ? Ça ne me derange pas que tu sois... imprévisible, comme ça. Moi, j'aime bien. Tu es comme ça, c'est tout. Alors arrête de t'excuser pour quelque chose dont tu n'es presque pas le fautif, Silver. Ou alors, change.》
Il ne dit rien, pendant un moment. Puis il replongea sa tête entre ses mains et je n'eus pas besoin d'être devin pour comprendre qu'il pleurait.
De soulagement ? Ou alors il avait atteint son point de rupture ? Peu importe.
En silence, je pris mon manteau, l'enveloppai avec pour m'asseoir à ses côtés, attendant qu'il ait fini.
Il pleura et pleura et pleura, longtemps, bruyamment, sans pudeur, ou même sans s'en préoccuper.
J'avait entendu dire que Jungkook, et on parle bien de Jungkook, avait été pas mal brimé ; autant par ses camarades, moqueurs, que par ses parents qui avaient honte de ce trait de caractère de leur fils aîné. Ses amis l'avaient fuit rapidement, et il s'était retrouvé seul.
On m'avait dit que c'était parce qu'il agissait imprévisiblement, illogiquement ; "sortir de classe sans aucune raison, frapper un camarade toujours sans raison, balancer son plateau, pour "voir si les gens sursauteront", ne pas rentrer chez lui et aller sur le lac artificiel du centre de la ville pour somnoler sur une barque, aller sur les toîts, bref, faîtes attention avec ce loustic, Taehyung, il pourrait être dangereux."
Sans l'appeler par son prénom.
Le proviseur m'avait parlé de lui en n'utilisant que les mots :"adolescent", "élève", "fauteur de troubles", mais jamais par son prénom.
Devant moi, il n'avait fait que l'enfoncer, encore et encore.J'imaginais bien qu'il y avait parfois peut-être un brin de provocation derrière ça, ou même juste de pétage de plomb, mais ça pouvait largement se comprendre, et ça m'aurait étonné d'apprendre qu'il m'ait poussé dans l'eau juste pour le fun, du peu que je le connaissais.
Alors maintenant, c'était décidé, je m'en occupais.
《-Arrête de pleurer, Jungkook... Tu pleures trop longtemps, tu perds ton temps. Ça reste partiellement de ta faute. Tu ne contrôles pas ce que tu fais... mais ça reste ton corps. Alors tu vas reprendre le contrôle, d'accord ? Tu vas reprendre le contrôle de ton corps, de ta vie. Et je serai là pour toi.》
Il murmura doucement, tellement doucement que ce fut un courant d'air glacial qui m'apporta ses mots ; un vague "veux pas de ta pitié..." mélange d'amertume et de lassitude.
Ça me fit sourire :
Le contrat venait d'être signé.
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C H U T
Random《-Tu me trouves gris ? Juste... gris ? -Oui, je te trouve gris... mais d'un beau gris. D'un gris brillant. D'un gris étoilé. Il laissa traîner son doigt sur la surface rutilante, provoquant de jolies ondes parmi les astres. -Mon prénom est Jungkoo...