Cette nuit là, Ellinanh ne dormit pas. Elle voulait assister à son dernier lancé d'illières, de magnifiques oiseaux blancs.
Dans la mythologie des peuplades de l'air, ils étaient le centre de bons nombres de légendes. On racontait qu'ils apportaient le vent chaud lorsque leurs ailes battaient sous le soleil, et qu'ils l'emportaient avec eux lorsque l'hiver arrivait et qu'ils migraient vers d'autres contrées.
Tous les jours pendant une semaine de milieu d'automne, lorsqu'ils étaient assez nombreux, on ouvrait les volières pour leur permettre de regagner le soleil. C'était un spectacle fascinant. À la lueur de l'aube, Ellinanh les avait vue prendre leur envol après un ballet orchestré par les cornes Eroliennes.
La tradition voulait qu'avant le lever du soleil, leurs éclats blancs soient aperçus partout dans le royaume, symbole de protection et de prospérité avant l'hiver. Une danse aérienne vénérant l'oiseau sacré de Glëmon précédait le voyage et réveillait les travailleurs aux aurores au son des cornes.
Ellinanh su que c'était aussi à son tour.Après une nuit pratiquement blanche (à l'exception du "dodo" contre la porte), la jeune femme devinait qu'elle devait avoir une tête à faire pâlir plus d'une harpie.
S'étirant et fourrant quelques doigts dans sa chevelure pour tenter de la démêler, Ellinanh se rendit à l'évidence : comme tous les matins, l'aide d'Ada ne serait pas de refus.Regardant autour d'elle, la vue un peu troublée par son manque de sommeil, elle vit de gros paquetages devant sa porte. Voyant une partie de son armoire et effets personnels vidée de leurs places originelles lui fit bizarre, mais ce serait après tout la dernière fois qu'elle verrait cette chambre.
Soudainement, la porte s'ouvrit avec Fracas sur une Ada décoiffée.
Ellinanh esquissa un petit sourire à l'attention de son allure peu soignée; résultat d'un lever trop matinal et pressé._Mademoiselle... Euh madame ! Heu non ! Ellinanh ! Vous n'êtes pas encore sortie de votre lit ?! Vite vite, nous partons dans 20 minutes, les hommes du nord sont déjà prêts !
Cinq serviteurs entrèrent pour porter les gros paquets et les amener au convoi avant de s'éclipser. Ellinanh sortie à la vas vite de son lit, mais faillie défaillir.
_Vous n'avez pas beaucoup dormie, ça se voit et ça se sent, vous ne tenez pas sur vos pieds! S'écria Ada en la rattrapant in Extremis.
_Mais non Ada, tu exagères ! Si j'étais sur le point de mourir, je t'appellerai, en attendant, on a du travail.
Ellinanh marcha d'un pas plus assuré vers la chaise dorée devant son ancienne penderie.
Dessus était soigneusement pliée une tenue de voyage complète. Le grand manteau de fourrure noir aux fils argentés débordait de banalité mais semblait incroyablement chaud. En dessous, Ellinanh trouva plusieurs jupons d'une matière qu'elle n'avait jamais touchée auparavant, ainsi qu'un corset et une seconde veste verte. Des bas épais et noirs accompagnaient le tout, avec une grosse paire de gants et de bottes fourrées en cuire et fourrure de bazough, bleu._Eh bien, on peut dire que je ne vais pas mourir de froid avec ça ! S'exclama Ellinanh, mi-figue mi-raisin.
_Méfiez vous, il paraît que si on laisse plus de deux minutes un doigt à l'air libre pendant la période glaciaire, il est irrécupérable et ils vous l'ampute à la minute; frémis Ada, imaginant la scène.
Ada faisait elle aussi, très heureusement, partie du voyage. C'était quelque chose que ni l'homme du nord, ni son père n'avaient su lui refuser. Il lui faudrait bien une amie sur qui compter lorsqu'elle serait loin de son pays ou sur le point de craquer à nouveau.
Les deux jeunes femmes, après une rapide toilette pour Ellinanh, s'étaient empressées de la vêtir.
_Rah mais j'étouffe là dedans ! On ne peut pas enlever une épaisseur le temps de sortir ?!
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Dour ha Tan
FantasiaLe monde Elfennel - qui signifie élémentaire dans un ancien dialecte - recèle encore de bien des mystères, Ellinanh du Fäal-Erol le sait parfaitement. Bercée par les croyances et traditions de son peuple, par les concordances des dieux et la c...