Chapitre 6 : Ballottements

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Il pleuvait rarement au royaume de l'air. Et lorsque cela arrivait, c'était mal vu ; signe de mauvais présage.

La végétation de l'Est s'était acclimatée depuis des générations aux conditions météorologiques du pays, de ce fait, la sécheresse faisait intégralement parti de leur mode de vie. Les plantes n'avaient pas un besoin fréquent d'eau contrairement à celles du pays du sud.
La flore, ainsi que la faune évoluaient avec l'élément le plus présent de leur environnement : l'air au Fäal-Erol.
On disait, dans la petit ville de Pyria, que les plants d'Amyntis ( magnifique pousses à la tige violacé et aux fleurs allant du bleu au rouge, le tout variant être 1 et 3 mètres de hauteur ), "dansaient avec Erol", et l'accompagnaient dans ses mouvements plus sauvages, primitifs et libres les uns que les autres.

Le royaume était bien connu pour abriter toutes sortes de longues plantes se laissant porter au gré du vent.

Erol était, dans la plus ancienne mythologie du continent, et dans la religion la plus ancré dans les mœurs, le dieu du vent -le protecteur du Faäl et le possesseur de l'oiseau sacré-.

Alors lorsqu'il se mettait à pleuvoir sur les paysages arides et paisiblement longiligne du royaume, c'était Dourza qui défiait Erol. L'entité de l'eau qui défiait celle de l'air.
Un mauvais présage. Le danger d'un orage pouvant gronder au loin, et calciner tout.

La peur poussait tout habitant, lorsqu'un orage se présageait dans le ciel, à se terrer en son foyer et prier Erol de remporter cette bataille. De ne pas créer le feu au dessus de leurs têtes.
D'être clément et de ne pas les abandonner à "l'élément destructeur".

Toutes ces superstitions n'avaient jamais vraiment retenue l'attention d'Ellinanh. Celle-ci trouvait absurde que le protecteur de son royaume décide, sur le coup de la colère, de mettre en danger son peuple en les menaçant par la création du feu. En créant un orage dû à sa bataille contre l'eau.

Non. Décidément, cette version mythologique pour expliquer ce fait rare au Fäal-Erol, et passablement naturel, ne la convainquait pas. Elle préférait croire en quelque chose de plus plausible, comme un phénomène météorologique simplement rare ? Ou bien une évolution des nuages, qui sait ?
Après tout, pourquoi pleuvait-il rarement ? Pourquoi y avait-il un jour un soleil sans nuage, et l'autre un vent si violent qu'il faisait s'affoler l'hélice des moulins centenaires des grandes plaines ? Là était pour elle la Nature, une puissance hautement supérieure à tout, et celle dirigeant chacune des quatre entités vivant sur le continent : Erol, Dourza, Eraz et Argys. Dieu de l'air, déesse de l'eau, dieu du feu et déesse de la terre.

Ellinanh était pieuse. Certainement moins qu'Ada -qui vénérait plus Dourza et ses comparses que les trois autres éléments, chose normale lorsque l'on naissait dans une partie du continent-, mais elle admettait tout de même l'existence du supérieur et de la religion millénaire de son peuple.

En attendant, en ce moment, alors qu'elle regardait d'un regard vide les gouttes s'effilocher contre le carreau de la calèche, elle pensait que les dieux s'étaient bien joué d'elle -encore une fois-.

Dehors, le beau soleil de fin d'année avait perdu de sa prestance et s'était peu à peu laissé amoindrir par l'averse qui dégoulinait sur le toit de l'habitacle.

Depuis deux jours et demis, Ellinanh s'était montrée plus taciturne encore que depuis son départ.
Elle n'avait presque pas parlée et se contentait pratiquement tout le temps de fixer l'horizon à travers la vitre, d'un regard morne.
Elle avait vu se lever les couleurs flamboyantes au loin. Elle avait suivit la course du soleil sans en perdre une miette, espérant devenir aveugle pour ne pas à avoir à croiser son regard. À admirer sa certaine laideur. Son obligeante vieillesse.

Dour ha TanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant