You are MINE !

Chapitre 3 : Virée Marseillaise

8h, mon portable sonne, c'est un message de Marius : « Rendez-vous à 11h au 19 rue des Etourneaux. Soyez à l'heure. » Je suis déçue, son message est très direct et impersonnel. Le vouvoiement qu'il emploie pour s'adresser à moi me rend furax. Par fierté j'aurais aimé qu'il regrette son choix, qu'il comprenne avec l'agression que je suis toujours importante à ses yeux et qu'il rampe à moi. J'aurais pris un grand plaisir à le regarder mais son attitude me confirme que je suis loin de la réalité. Il faut vraiment que je me ressaisisse. Charles voulait que je me venge, mais pour le moment, c'est moi qui suis à ramasser à la petite cuillère. C'est décidé, je dois passer à autre chose, c'est mon patron, uniquement mon patron et dorénavant je dois le considérer comme tel. Charles doit être le seul à hanter mes pensées dorénavant.

Je lui envoie un message :

« Ici tout va bien.

J'espère que pour toi aussi.

Bonne journée. Bisous »,

Je préfère ne pas lui raconter la scène d'hier par téléphone, car je sais qu'il s'inquiétera tellement pour moi qu'il serait prêt à venir me rejoindre. Je reçois sa réponse instantanément :

« Ma journée commence bien mais

pour la suite ça va dépendre de toi :)

Où m'embrasses-tu ? »

Je souris, un simple message de lui et je suis prête à affronter la dure journée qui m'attend.

Le réveil a été plus facile que je ne l'aurais imaginé, j'ai mal à la tête, une mine affreuse et une bosse sur la tête mais moralement je vais bien. Je balaie les dernières 24heures qui se sont écoulées en jurant que je ne boirai plus autant, ce n'est pas dans mes habitudes mais au moins je suis certaine que ça ne le deviendra pas. Je m'inquiète pour mon amie Zoé. Je n'ai pas eu de ses nouvelles. Je l'appelle mais elle ne répond pas, elle dort sûrement encore. Je lui envoie un texto en lui demandant de me donner de ses nouvelles le plus rapidement possible.

Le taxi me dépose à l'adresse que Marius m'a transmise plus tôt. Elle ne me disait rien, mais quand je suis arrivée devant l'enseigne couleur bleu marine avec le soleil jaune au centre, je réalise que nous sommes au camping du soleil. Beaucoup de souvenirs me reviennent. Lui et moi autour d'un feu de camps. Les nuits à la belle étoile. Ma première fois avec lui, sur la plage. Nos disputes. Nos réconciliations. Nos fous rires. Nos premières vacances entre amis.

Le chauffeur de taxi me sort de mes pensées, il est inquiet et me demande si je veux vraiment y aller. Je ne comprends pas sa question jusqu'à ce que je baisse la tête et que je vois ma robe tâchée de goutte d'eau. Absorbée par mes souvenirs je ne me suis pas rendue compte que je pleurais. Je le remercie pour sa gentillesse, le paie et descends. Ce séjour à Marseille me fait faire un bon dans mes souvenirs que j'ai mis 5 ans à oublier. Je commence à me demander si cela est vraiment un hasard.

Lorsque je rentre dans le camping, je suis surprise. En 7 ans rien n'a changé ou presque. Les décorations sont les mêmes en plus usées, les lampions qui surplombent l'enseigne sont décolorés, le cabanon d'accueil est démuni d'un certain nombre de rondin de bois et les mobil-homes sont toujours aussi vétustes. Ce camping nous l'avions choisi à l'époque car j'avais peu d'argent, Marius et Isabelle pouvaient en obtenir par leur parent, mais ils n'ont pas voulu me mettre en difficulté, nous avions donc chacun prévu une tente et nous dormions les uns à côté des autres. Nous avions fait de belles rencontres. Jonas et Cyrielle, un couple pétillant qui aimait la vie. Chaque soir nous nous retrouvions tous les cinq à côté d'un ancien phare, pour refaire le monde. Nous nous lancions des défis. Jonas et Marius contre Cyrielle, Isabelle et Moi, nous étions souvent vaincues mais à l'usure les garçons nous nommaient en général grandes vainqueurs. Nous avions gardé un bon contact jusqu'à ma séparation avec Marius.