Chapitre 16: Barbie privée de son Ken

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- Euh... Jo?

- Mphmgmoui? répondé-je la bouche pleine, devant un Jonathan médusé.

- On dirait que t'as pas mangé depuis des mois!

Je regarde mon assiette, déjà bien entamée.

- Bah la nourriture c'est fait pour être mangé non? dis-je en haussant les épaules.

Jonathan part d'un rire franc.

- C'est vrai, mais elle est aussi faite pour être dégustée.

- Sauf que si je mange vite, plus de nourriture à la minute franchit le seuil de mes lèvres, ce qui permet de concentrer le goût et donc de ressentir plus intensément les saveurs. Ce qui fait que je déguste.

- Je ne sais même pas quoi répondre tellement c'est stupide comme raisonnement.

Je pouffe de rire, tandis qu'il semble encore plus exaspéré.

Une fois notre repas terminé, nous débarrassons nos plateaux, comme il est d'usage au self. Nous nous dirigeons ensuite vers le seul petit coin vert de la cour, et nous nous asseyons sur l'herbe sous le seul et unique arbre.

Nous papotons quelques instants, avant que Dorothée (la pouf par excellence qui est populaire pour des raisons qui me sont obscures) vient vers nous, accompagnée de toute sa clique.

- Jo chéri? dit-elle la bouche en cœur en m'ignorant royalement.

Ce dernier lève les yeux au ciel avant de lui répondre:
- Tu vois pas que je suis au milieu d'une conversation là?

La starlette affiche d'abord sur son visage un air choqué surjoué, avant d'enfin remarquer ma présence.

- Toi... souffle-t-elle.

Je lui décoche un grand sourire hypocrite.

- Oui?

Elle me jette un regard haineux du genre « de quel droit une nobody comme toi peut parler avec MON Jonathan? » avant de s'adresser à moi d'un ton mielleux:
- Tu peux venir quelques secondes s'il te plaît? Il faut qu'on parle.

Je hausse un sourcil avant de la suivre, en soufflant un « je reviendrai bientôt » à l'adresse de Jonathan.

- Bon, commence la pimbêche en croisant les bras d'un air qui se veut imposant, avant d'être imitée de toutes ses subordonnées.

- Jour.

Elle me regarde comme si j'étais une écervelée.

- Bon - Jour. Bonjour. On va peut-être commencer par ça non? expliqué-je.

OK, maintenant elle me fixe de son petit air dégoûté condescendant comme si j'étais une illuminée.
Même si je pense qu'en fait c'est juste qu'elle n'a pas compris ce que je voulais dire.

- Bref, venons en au point, abrège-t-elle. Ces trois dernières semaines, tu étais souvent près de Jo chéri, et j'ai laissé coulé. Jusqu'à maintenant. Je pensais que tu t'éloignerais de lui de toi-même, mais il semblerait que c'est trop te demander de réfléchir. Par conséquent, je te le demande gentiment: DÉGAGE. Je ne veux plus te voir à moins de deux – non plutôt vingt — mètres de lui. Compris?

Cette fille est bien trop cruche pour qu'elle vaille la peine qu'on s'énerve à cause d'elle, aussi décidé-je de garder mon calme devant cette magnifique démonstration de stupidité qui vaudrait une médaille.
Après tout, si on ne naît pas humain mais qu'on le devient, il n'en demeure pas moins qu'on ne devient pas con, on le naît.

Amnésia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant