Amnésia [Terminé]

Chapitre 27: La goutte d'eau qui fait déborder le vase

- Tu sais, il y a sept péchés capitaux: l'orgueil, l'avarice, l'envie, la colère, la luxure, la paresse et la gourmandise. Le mien a été l'envie, dit Séraphys en me souriant faiblement dans la lueur dorée du soleil couchant.

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'un être mystique et sublime comme elle aurait-il pu envier?

- Tu as dû le remarquer, n'est-ce pas? continue-t-elle. Que nous avons la même couleur d'yeux.

***

Je grommelle en me relevant péniblement. Ce rêve est le plus court et le plus étrange que j'ai fait depuis le début.
Je soupire en prenant appui sur un large tronc.
Comment est-ce que j'ai pu m'endormir dans la forêt? J'allume mon portable et constate tous les messages et appels manqués de « mes » parents. Logique.

C'est ainsi que, à 3h du matin, je me retrouve à déambuler dans les chemins forestiers pour rentrer chez moi.

***

Je tourne distraitement les pages du dictionnaire pendant que la prof de français continue son discours sur la Renaissance.
Enfermée dans ma bulle, je regarde les lettres défiler, lorsque je tombe sur un mot qui m'interpelle:
« Séraphin, nom masculin
1. Religion chrétienne
Ange du niveau le plus élevé en dignité.
2. au figuré
Ange, chérubin (bel enfant). »

Séraphin, Séraphys... Simple coïncidence? Je ne pense pas. J'ai le sentiment que dans mon histoire rien n'est dû au hasard.

Alors cela signifierait-il que les Veilleuses sont liées aux anges?
Peut-être alors que Séraphys n'est pas une Veilleuse mais un ange, et que chaque ange possède une chouette appelée Veilleuse. Ces oiseaux seraient les yeux et les oreilles des anges dans le monde des humains.
Dans ce cas, le signe de main de Séraphys dans un de mes rêves précédents montrant la chouette puis elle-même signifierait qu'elle lui appartient et non qu'elles sont une même personne?

Je réfléchis activement à cette théorie, quand soudain j'entends une voix me rappeler à l'ordre:
- Ça va, je ne vous dérange pas trop, Johanna?

Je lève les yeux vers ma prof de français.

- Un peu, vous avez interrompu le fil de mes réflexions, osé-je.

- Vous aurez tout le temps de réfléchir à ce que je vous raconte plus tard, Johanna, si tant est que vous réfléchissiez à un sujet concernant ce que je viens d'expliquer. Vos réflexions attendront la pause, Demoiselle.

- ... Oui Madame, soupiré-je.

- Bien, prenez tous la page 128 de votre manuel. Nous allons à présent voir comment...

Mon regard dérive vers la fenêtre, d'où j'aperçois un moineau.
Par moments j'envie leur liberté...

***

Après les cours, je cherche à rentrer chez moi le plus vite possible.
Malheureusement, cette manœuvre n'empêche absolument pas Jonathan de me bloquer le chemin.

- Jo, arrête de nous éviter, me dit-il.

- Je ne savais pas que tu étais schizophrène, pour parler de toi à la première personne du pluriel, ironisé-je.

- Arrête, tu sais très bien de quoi je parle.

Je soupire.