Chapitre 17: On ne juge jamais un livre sur sa couverture

52 7 12
                                    

J'arrive donc en cours, toujours trempée.
M'en fous.

Le professeur m'observe d'un regard sévère tandis que je gagne ma place.
Une fois que j'ai sorti toutes mes affaires – qui par un heureux hasard furent épargnées du jet d'eau – le prof me demande:

- Qu'avez-vous fait pour arriver dans un tel état?

- Oh rien, juste un mauvais nuage qui passait par là...

- Je suis sérieux, Johanna.

- En fait il y avait une promo sur les tarifs de la piscine municipale, alors j'en ai profité.

- Johanna?

- Oui Monsieur?

- Arrêtez vos baratins et allez juste vous sécher s'il vous plaît.

- Mais c'est ça le problème Monsieur. C'est que je n'ai pas de serviette. Et je ne vais pas utiliser du papier toilette quand même!

- Je n'en ai rien à faire de comment vous le faites, débrouillez-vous et qu'on n'en parle plus.

Je me lève et me dirige vers la sortie de la classe, en me demandant ce que j'ai bien pu à faire dans une vie antérieure pour mériter ce genre de situation.

« Je te l'ai déjà dit, tu m'as volé mon corps. Rien de moins. »

« Tais-toi Johanna, on dirait une vieille qui radote. »

Je me rends aux toilettes, donc, où je décide de tenter un séchage intégral par sèche-mains.

Finalement ça dérive en je-mets-ma-bouche-devant-le-courant-d'air-pour-imiter-le-chien-qui-passe-la-tête-par-la-fenêtre-de-la-voiture-dans-les-dessins-animés.
Je dois vraiment avoir l'air stupide.

Au bout de quelques minutes de n'importe quoi, j'estime qu'il serait temps peut-être de retourner en cours.
Cependant, en voulant sortir des toilettes je me heurte à...
Dorothée.
(NDA: Vous vous attendiez à Jonathan, hein? Hein? Eh ben nooooonn!!)

Elle a les yeux rouges et son mascara a coulé.
Elle ne me regarde même pas et va s'enfermer dans une des cabines.
C'est... Euh... Triste.

Je reviens en cours, bla bla bla, etc.
À la fin de la journée, je décide d'aller voir Dorothée à la sortie de sa classe (oui je sais dans quelle classe elle est, tout le monde le sait).
Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens concernée par ce qu'il s'est passé aux toilettes. J'ai besoin de savoir si c'était juste parce qu'elle s'est cassée un ongle ou si elle est plus profonde que ça.

Elle est encore à sa table et est en train de ranger ses affaires. Sur son bureau traîne une évaluation de français. Lorsque l'intéressée se rend compte que je fixe son contrôle elle me l'arrache de la vue.

- Qu'est-ce que tu penses faire? me crache-t-elle.

Wow. Elle a eu 17. À une dissertation.

- Comment t'as fait?

- Hein?

- Sérieux, quel est ton secret? lui demandé-je en l'attrapant par les épaules.

- Mais de quoi tu parles enfin... bougonne-t-elle mal à l'aise.

- Ta dissertation! T'as eu 17! Tu es un génie! Je suis nulle en français et pour moi la littérature c'est un monde lointain perché sur un joli petit nuage... Bref, tout ça pour te dire: apprends-moi.

Je ne sais absolument pas quelle mouche m'a piquée. Après tout, je suis juste en train de demander à la fille qui le matin même m'avait jeté un sceau d'eau en pleine face de m'apprendre la méthode de la dissertation. Mais je pense vraiment ce que je viens de lui dire.
La starlette se recompose vite et me dit d'un air hautain:

- C'est normal, je suis en L.

- Pourquoi avoir voulu m'empêcher de regarder ta note? continué-je dans mon élan.

- Ma... Quoi? Mais n'importe quoi!

- Si si, j'en suis sure maintenant. Tu ne veux pas qu'on sache ta note. Et tu ne peux pas en avoir honte, vu qu'elle est bonne. Non, ce n'est pas ça...

Pendant que je marmonne tout mon baratin, son visage commence à se décomposer. Enfin je lui porte le coup final avec une déduction digne de Sherlock Holmes (ou pas):

- Tu ne veux pas que les autres se rendent compte que tu es intelligente!

Elle me prend par le bras et m'emmène dans un couloir désert.

- Tu ne dis rien à quiconque ou je t'étripe, me menace-t-elle.

- Mais pourquoi? Tu veux que tout le monde pense que tu es bête et cruche pour ton image de Barbie, c'est ça?

- Tais-toi...

- Tu vaux mieux que ça.

Je crois qu'en ce moment je suis la personne qui change le plus vite d'avis au monde, et ce sur le moins de preuve au monde.
Disons que c'est... L'instinct.
C'est ça, c'est l'instinct.

- Tu ne va rien dire à personne de ce que tu as vu ou je te coupe en rondelles. C'est compris, oui ou non?

- Oui. Mais non.

- ... Je vais te mettre en ratatouille et te manger à dîner.

- Donne-moi des cours de littérature et je ne dirai rien. Pendant disons... un mois à raison d'au moins une fois par semaine.

Eh ouais! J'inverse les rôles maintenant! Je suis trop fière de moi là.

- Peut-être que je suis nulle en lettres et que cette interro-là c'était juste de la chance, tente-t-elle. Tu ne trouves pas que c'est un peu risqué de tout miser sur une note?

Je souris.

- De un, si c'était juste un coup de bol tu n'aurais pas eu cette réaction. Et de deux, l'argument que tu viens d'utiliser est bien trop intelligent pour ton alter ego cruche.

- Tu m'énerves.

- Je sais, c'est une de mes plus grandes qualités.

- Tu pourrais demander à quelqu'un d'autre.

- Sauf que c'est à toi que je demande. Et on va pas se mentir, je suis dans la merde pour le bac français en fin d'année. Alors je t'en prie, aide-moi!

- Tu es dans la filière qui est considérée comme la meilleure, c'est quoi ton problème?

Je hausse les épaules.

- Les maths et la physique c'est simple, il faut juste apprendre les formules et après il ne reste qu'à les appliquer. Alors que le français... Il faut réfléchir.

Je prononce le dernier mot en grimaçant.
Dorothée soupire un grand coup et semble hésiter quelques instants.

- Bon d'accord... Je te donnerai trois leçons de français et je retire mes menaces par rapport à Jonathan, ça te va?

- C'est parfait!

« Pour une fois que tu arrives à faire preuve d'intelligence... Tu m'épates dis donc. » raille l'autre Jo dans ma tête.

« Merci merci. »








————————————

Heyy!!
J'ai essayé de détourner un peu le cliché de la populaire, j'espère que ça fait pas trop forcé et que ça reste un peu naturel... ^^'
Bon au pire c'est pas très grave, de base quelqu'un qui parle avec les oiseaux par télépathie ça n'est pas naturel X)
Sur ce, à la prochaine!
- Nalvera

Amnésia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant