Chapitre 22: Déterminée

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Je réalise mes actions du quotidien mécaniquement.
Tout autour de moi me semble futile et insignifiant.
Les cours se succèdent, les conversations aussi, et moi je demeure.

L'autre Johanna est étrangement calme aujourd'hui. Depuis le début de la journée, elle n'a prononcé mot.
Je dois reconnaître que ce fait inhabituel m'inquiète un peu.

***

À la sortie du lycée, je croise Léa J. en train de parler à Jonathan. En passant à côté, je saisis une bribe de conversation:

- ... Aujourd'hui... Jo... bizarre...

Je continue mon chemin sans y prêter attention.
Cependant Jonathan ne semble pas l'entendre de cette oreille.

- Jo! m'appelle-t-il.

Je m'arrête.
Léa se retourne et semble surprise de me voir. Elle rougit légèrement et détourne les yeux.

- J'aimerais te parler un instant en privé, continue Jonathan. Tu es libre?

Je hoche la tête et je le suis.

Nos pas nous dirigent au parc et nous nous installons à notre banc habituel. Jonathan semble hésiter un instant, avant de prendre ma main dans la sienne.

- Je suis désolé pour hier soir, dit-il sincèrement. Et... Et je voulais te dire que je te crois. Je m'en veux vraiment de ne pas t'avoir prise au sérieux sur le coup. Depuis le temps qu'on se connaît j'aurais dû savoir que tu n'es pas du genre à mentir. Alors s'il te plaît... N'abandonne pas. N'abandonne jamais. Bats-toi. Même si ce corps n'était pas le tien à la base... Bats-toi pour le conserver. Pour le faire tien. Je sais que je suis égoïste quand je te dis ça mais... Je n'ai pas envie que tu partes. Je veux que tu restes.

Un silence gêné s'installe quelques longues secondes.

- Merci, finis-je par répondre. Mais je ne sais pas si ce serait vraiment le bon choix.

- Il n'y a pas de bon ou de mauvais choix dans ce cas. Personnellement, je pense que tu n'es pas la coupable dans l'histoire.

- Au contraire, c'est ce que je pense. Sauf que je ne m'en souviens plus.

- Si ce que tu dis est vrai, alors c'est comme si c'était une personne différente qui l'avait fait. C'était le toi d'avant. Le toi de maintenant n'en est pas responsable.

Je me lève.

- Je ne suis pas d'accord. Les fautes d'une personnes ne s'effacent pas en même temps que sa mémoire.

- Mais...

- Pourquoi est-ce que tu tiens autant à ce que je reste?

Je plante mes yeux dans les siens pour tenter de sonder le fond de sa pensée.

- Tu ne le devines vraiment pas? me demande-t-il, l'air déçu.

Je souris faiblement.

- Si, peut-être... le taquiné-je.

- Je t'...

- Shhhhhhh!!

Je plaque ma main sur sa bouche.

Amnésia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant