Chapitre 5 || 19 : 20

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Je fais semblant. De prendre les cours en note, de rigoler avec mes amis, de supporter leur présence.. surtout celle de Jungkook.

Je peux juste pas pe partager entre deux univers. C'est trop.. Soyons honnêtes trente secondes être une personne normale c'est pas fait pour moi. C'est épuisant de jouer un rôle, de paraître naturel et détaché alors que mon corps est encore marqué des ebats de la veille ?  Je peux pas.. je ne peux plus.. Je devrais arrêter avant de me perdre de manière définitive

Et le choix ne paraît pas si difficile qu'il n'en à l'air...

Faire semblant, dans les deux mondes, de jour comme de nuit ,il n'y a plus de vrai de moi depuis si longtemps que ça ne me dérange même plus. 

Et si je me rends compte de tout ça ce soir c'est parce que tout à l'heure j'ai été obliger d'assister à une discussion des plus affreuses. C'était des amis de Jimin que je déteste tout particulièrement, et hier ils sont allés dans une maison close... Donc bien évidemment ils ont passé la journée à en parler avec une telle délicatesse.. Notez l'ironie. Et j'ai vu Jimin rire à leurs remarques salaces, je les entendus parler de ces filles comme si c'était que des objets et je me suis rendu compte que mes clients parlent probablement de moi de la même manière.. 

Le plus dur à supporter c'était les regards semi-compatissant de Jungkook, j'ai toujours pas compris ce qu'il me veut, il est toujours aussi gentil et doux avec moi, mais j'aime pas qu'on me traite comme un enfant fragile. Je sais pas si c'est de la pitié mais c'est franchement lourd. 

Et dire que ce soir je retourne travailler.. 

°°°

Dès mon arrivée je me sens agressé, par la lumière, la musique les regards... Ça y'est je ne suis plus une personne. C'est toujours la même rengaine, la même destruction intérieure, la même sensation d'embrasement des cellules et de flou. Et ce sentiment de malaise de ne pas être à sa place, le même déchirement, la même douleur. Et aussi douloureux que ce soit, jamais une seule larme, seulement la même simulation d'un plaisir inconnu. 

Depuis combien de temps je n'ai pas pleuré ? J'ai perdu mes larmes, je les ai sans doute déjà pleurer.. Enfin ça c'est pour dire poétiquement que je suis bien trop brisé pour ressentir une émotion qui ne soient pas qu'une illusion tordue de ce qu'est la tristesse. 

J'ai déjà dût servir une dizaine de client en l'espace de quelques heures, cette nuit est pénible et longue. D'un point de physique elle est épouvantable, peut-être parce que j'en avais perdu l'habitude, ou peut-être parce qu'on ne s'y habitue jamais vraiment . Mes "collègues" m'ont déjà conseillé d'accepter tout ça, ils m'ont dit que je me sentirais mieux. Je ne veux pas juste aller mieux je veux aller bien, mais ce serait apparemment un objectif trop haut pour quulqu'un sur les trottoirs. 

Et dire que j'ai bientôt vingt ans, dans un an je serais majeur peut-être qu'à ce moment là je pourrais m'en aller.. Mais où ? 

Comme à chaque fois je sortais par la porte de derrière après avoir remis l'argent gagné à ma patronne, sans jamais dire en revoir à personne, je ne voulais pas tisser de lien avec les gens, ce serait m'accrocher à cet endroit. Je pousse la voiture coupe feu avec le peu de force qu'il me reste, je ne veux pas rentrer chez moi.. 

- Ah Taehyung enfin. 

Je sursaute, une silhouette sortie de nulle part vient de se glisser devant moi. 

- Qu'est ce que tu fais encore là Jungkook ? En fait la réponse est trop évidente pour que je laisse répondre, je referme la porte derrière moi et vérifie dans la rue qu'il n'y ait personne. Tu devrais pas venir ici tu sais ? 

- S L U T -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant