- S L U T -

Chapitre 10 || 01 : 32

Deux semaines sont passées sans que je n'y prête la moindre attention, je suis un peu trop préoccupé pour donner de l'importance aux minutes, heures et jours. Je ne sais plus où je me situe dans l'espace. J'essaye de vivre quelques moments, peut-être pour donner un sens à ma journée, me dire que je ne me suis pas réveillé juste pour me rendormir plus tard.

Qu'allais-je faire de tout ce temps libre, et comment lui avait-il gagnait sa liberté ? Moi, si seul, si perdu, dépendant de ce temps libre. Faut-il être maître pour être libre ? Moi qui n'aurait été esclave toute ma vie, je ne connaîtrais jamais ce sentiment. Le temps lui, il glisse entre les doigts des Hommes, il file sans se soucier des conséquences, il passe, il passe.. Il passe et il vit. je reste et je meurs. Bien sûr je ne meurs pas littéralement, pas encore. Que me reste t-il ? Que reste t-il de moi ? Est ce que je peux encore prétendre à une existence ? Le temps me nargue par le biais de mon réveil.

Pourquoi la vie ne se résume qu'a une longue succession de souffrances et de déception

La prostitution occupait, et continue d'occuper une place dans ma vie, une place que je ne pourrais jamais nier. Je n'ai nulle part où me perdre la nuit maintenant, est ce que ça manque à ma vie ? Est ce que ça me manque à moi ? est ce qu'il avait raison, quand il affirmait dans la colère que j'y avais pris goût ? Me poser des questions est devenue mon activité principale, je n'avais pas grand chose à faire si ce n'est réécrire ma vie.

Le plus triste dans l'histoire c'est que je savais que ça ne durerait pas, au prochain obstacle, je retournerais sous les néons et abandonnerait mon corps en ces lieux avec pour seuls témoins le regard avide d'une énième âme égarée dans la torpeur de la luxure et les draps de satin peut-être trop luxueux pour accueillir de telles scènes de débauche.

" Ton corps, ton histoire, peut-être que rien de toi ne m'appartient, mais laisse moi au moins en faire parti"

Jungkook... Pourquoi ressent-il ce besoin inconscient de faire de ses pensées de si belles paroles ? lui apparaissaient-elles comme ça dans sa tête, son monde n'est-il fait que de poésie et de douces pensées en allitération ? Et surtout pourquoi reste t-il accrocher à moi ?

Mes propres mots ne sont plus aussi beaux qu'avant, mes pensées se font brouillonne comme si une partie de moi se refusait à les retranscrire telles qu'elles le sont réellement ? Peut- on se manquer à soit - même ? Ne suis-je rien sans mes nuits passées dans les maisons closes ? Finalement je n'existe que sous le désir, sous les caresses

Néanmoins, si je me penche sur le positif, ce que j'essaye de faire ces derniers temps, je peux presque voir le bonheur m'effleurer.

Et dans ces moments, quand mon cœur s'allège de toutes ses peines et de ses douleurs j'oublierais presque à quel point j'ai été profond dans la tristesse. Je ne peux pas dire que je suis moins perdu qu'avant, je le suis peut-être même un peu plus, mais cette fois-ci j'ai envie de trouver ma place. Les messages de Jungkook, les repas en compagnie de Seokjin, les tapes amicales de son copain, toutes ces choses, ces moments, ces éclats de bonheur me donnent envie de vivre. Peut-être que je ne mérite pas cette vie, peut-être que rien de beau ne m'attend. Mais je pense pouvoir le formuler clairement. « Je veux vivre ! » Comme le personnage de roman un peu cliché que je suis, cette nuit la je m'étais échappé un instant, il pleuvait, je voulais vivre quelque chose d'intense. Alors j'étais sorti de chez moi en simple tee-shirt et j'avais laissé la pluie m'inonder, ce que je risque de regretter fortement d'ici quelque jour. Et j'avais crié, au milieu de la rue, j'ai été royalement ignoré par les passants.

Depuis le début de cette aventure, on est dans la confidence, alors je me dois d'avouer qu'il m'est souvent arrivé de me demander si j'existais réellement ? Je me suis toujours attendu à ce qu'un jour une personne passe et traverse mon corps, cette scène je l'ai tant imaginé. Aujourd'hui je la trouve un peu ridicule, mais comme quand je repense à ce personnage que j'incarnais jusqu'à maintenant je me retrouve gêné et mal à l'aise vis-à-vis de ma propre personne.