- S L U T -

Chapitre 7 || 23 : 34

 Le retour est particulièrement dur aujourd'hui, toujours cette même musique électro-punk qui assourdi plus qu'autre chose. Il fait lourd, presque moite. L'odeur du sexe qui borde mon quotidien depuis des années est particulièrement entêtante ce soir , même les murs suintent la luxure, de temps à autre je croise le regard lubrique des uns, celui brisé des autres.

Tout ici est là pour nous rappeler que notre place est tout simplement ailleurs. Alors je concentre tous mes effort à me rendre spectateur des événements, c'est quelque chose que j'ai du apprendre à mes dépends il y a tellement de temps que je ne saurais même plus dire quand. 

J'ai l'impression que cette situation ne sera plus jamais acceptable, que je pensais m'être fait à cette situation. Et que maintenant qu'une certaine personne dont je tairais le nom m'a apporté une si jolie vision de la vie, je vais devoir faire en sorte que les choses changent. N'est ce pas au fond ce dont j'ai toujours rêvé ? Me voilà plu ou moins devant le fait accompli, j'ai plus vraiment le choix. Et pour une fois la fuite ne semble pas être une option. Parfois pour ne pas dire tout le temps, quand je me vois positiver comme ça je me sens coupable, dur d'expliquer pourquoi mais toute cette joie ne me correspond. Peut-être que je devrais arrêter de m'imaginer pouvoir m'en sortir et que je devrais une bonne fois pour toute accepter pleinement cette situation ? 

Alors que ce soir encore je me fais prendre par des inconnus sur ce lit auquel il manque six ou sept lattes et qui produit un horrible grincement, je sens des larmes couler. Je n'arrive pas à savoir de quoi elles sont faites, si c'est de la tristesse, de l'impuissance, de la colère. Je diabolise toujours ce lieu mais tous les clients ne sont pas des monstred avides de sexe. Il y a les autres, ceux qui sont doux.. qui représentent d'ailleurs un important pourcentace de la clientèle. Mais ils ont dans leur regard cette fausse compassion qui écoeure plus qu'autre chose au final.

Mon dernier client de la journée se pointe timidement. Sans doute un 'hétéro fébrile' comme on se plaît à les appeler entre nous.

- Vous êtes Taehyung c'est ça ?

- En effet.

- Je.. sais pas trop ce que je fais ici en fait.. Je veux pas vous.. enfin vous voyez quoi.

Si mon coeur n'était pas aussi brisé je le trouverais presque attendrissant.

- Je suis aussi là pour vous écouter. Même si je suis pas le meilleur dans ce domaine..

- Je.. si ça ne vous dérange pas..

- On est pas là pour parler de ce qui me dérange ou pas.

Sa remarque était stupide, mais surtout incroyablement naïve. À choisir je préfère discuter que de.. subir tout le reste. C'est pas un habitué de ce genre de lieu ça se voit direct. À tous les coups il a perdu un défi avec ses potes. Pendant presqu'une heure il me parle, moi j'essaye tant bien que mal de suivre ce qu'il me dit en lui caressant les cheveux. Ça fait parti du métier, donc même si j'en ai rien à foutre de sa vie, j'aimerais lui raconter la mienne histoire qu'il comprenne qu'il n'avais aucun droit de se plaindre que sa petite copine veut qu'il se coupe les cheveux alors que moi je suis obliger de me prostituer, de mentir, et de renoncer à mon bonheur. 

- Euh merci.. de m'avoir écouté.. Je.. c'est mes amis qui voulait que je vienne.. parce que j'ai perdu un pari et.. 

Bingo, je sourit intérieurement , j'avais raison, c'st triste mais je peut reconnaître avec facilité le genre de client que j'ai en face de moi. 

Le retour à la maison est pénible, surtout très long en réalité. Il est encore tôt et je préfère optimiser mes chances d'éviter Jin en rentrant. Le calme de la nuit me fait réaliser l'incroyable contraste avec la violence du club.