Chapitre 1 || 21 : 40

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Sans vraiment que ça ne m'intéresse je regardais la lente déclinaison du Soleil qui prenait son repos, la journée de l'astre était terminée alors que la mienne ne fait que commencer. je termine mon verre d'une traite pour me donner du courage. Enfile ma veste et quitte le studio que je partageais avec son colocataire, Jin, qui ne devrait pas tarder à rentrer. Il travaillait le jour et moi la nuit ,on n'avait pas la même vie et le plus âgé ne savait pas grand chose de celle que je menais. Et c'était tant mieux. Tant que moi je savais. Il faisait froid en plus tchh.

Je suis un objet, un prostitué, un "excellent vide-couille". Ils parlent tous de moi comme un' qu'un simple objet, ce que je suis, j'ai arrêté d'être un humain dès lors que je suis devenu "pute". J'arrive devant la grande bâtisse aux couleurs affolantes et agressives. Une douleur vive commence déjà à me vriller la tête.

Je suis une incarnation de leur désir, je le sais et le sens rien qu'à leurs regards. Je suis simple, mais désirable. Je ne fais pas d'effort particulier pour m'habiller puisque c'est pas admirer ma garde robe qu'ils veulent. Alors la majeure partie du temps je me contente d'un tee-shirt et d'un jean, noirs.

On m'a souvent dit : "Ce métier est vraiment fait pour toi". Je vous rassure, je me dégoûte suffisamment moi-même vous n'avez pas besoin de le faire à ma place. Tous ces regards de chiens en chaleur sur moi en permanence, tout ça.. Tout ça me révulse. Un individu m'attrape par le bras, il se colle à moi et embrasse mon cou. J'espère qu'il attend aucune réaction de ma part.

- Ton âge ?C'est assez triste à dire mais je suis ici depuis suffisamment longtemps pour me permette d'être exigeant. Je n'accepte plus au dessus de trente ans.

- 29 ans.

Il n'est pas beau, et il empeste l'alcool. Je le repousse sans conviction.

- Tu veux quoi ?

- Que tu me suces

- 52 500 won. ( équivalent de 50 euros :)

Je suis dans la première classe certes, mais c'est faux, je lui ai menti sur le prix. Et je n'ai absolument aucun scrupules à dépouiller les gens.

- Ça me va. Maintenant suce moi salope.

Un quotidien des plus affligeants n'est ce pas ? Et tellement cliché que ça en devenait absurde. J'entraîne donc cet énième mec en manque dans la chambre qui m'est attribuée. Dès lors qu'il s' assoit sur le lit je me coupe du monde réel, même si ces images s' impriment dans mon cerveau.

Il est quelque chose comme quatre heure du matin. Je repars avec mon argent, je n'ai pas eu de demande plus poussées que des fellations, et c'est sans doute parce que je me suis caché durant une bonne partie de la nuit. Je recommence à en avoir assez, je me sens comme un préservatif, on m'utilise une fois et on me jette.

Je rentre le plus silencieusement possible pour ne pas réveiller Jin puis qu'à cette heure si il doit dormir. Ah son copain est là apparemment, y'a ses chaussures dans l'entrée. Je suis content pour lui, d'après ce que j'ai compris il est très heureux avec .. euh.. J'ai oublié son nom. Je file directement sous la douche pour me débarrasser de toute cette souillure qui m'empoisonnent. Puis je me brosse les dents. Cinq fois. Un instant mon reflet me frappe.. À quel moment est ce que.. Je ne retrouve rien d'humain, pas un indice.. J'ai juste l'air tellement vide.

Avec peine je me traîne jusqu'à ma chambre, je n'ai jamais pris le temps d'y apposer de décorations, je ne possède pas beaucoup d'affaire personnelle et rien ne traîne au sol, ce qui lui donne un côté assez impersonnel, un jour peut-être je prendrais le temps de m'en occuper.

J'ai plusieurs messages,comme d'habitude puisque je le ouvre rarement. Ce sont tous des numéros différents.

De Numéro Inconnu :
T'as aimé la façon dont je t'ai baisé l'autre soir ? Tu te donnes un genre mais t'es qu'une chienne en chaleur qui aime qu'on la démonte.

De Numéro Inconnu :
Pourquoi ce foutu règlement m'empêche de te prendre à sec ?

De Jimin :
Tae ? Tu reviens quand en cour tu nous manques, j'espère que t'es pas trop malade..

De Numéro Inconnu
J'ai envie de toi.

De Seokjin
Je t'ai pas vu de la semaine dur de croire qu'on vit dans la même maison, m'enfin je t'ai laissé quelques plats au frigo ~

Je préfère ne pas lire les autres.. même chez moi je n'ai pas de répit. Je ne sais pas lequel de ses messages m'a le plus retourné le cœur mais je suis pris d'une violente nausée, je finis par me vider au dessus du lavabo, je rends mon dernier repas autrement dit du sperme. Je me rends malade.

Et ils continuent encore et encore.. Pourquoi ? Qu'est ce que j'ai fait pour mériter tout ça ? Je ne réponds pas aux messages et pourtant ils continuent.Quand est-ce que tout ça va s'arrêter ? Est-ce qu'au moins ça va s'arrêter ? Pff Séoul la ville du renouveau, c'est à se demander si ma situation n'est pas encore pire qu'avant. Mais pour rien au monde je ne retournerais à Daegu .. Auprès de ma mère... Rien que cette pensées me fait frissonner. Quitte à choisir j'aimerais mieux me réveiller et me rendre compte que tout ça n'était qu'un long et horrible cauchemar. Que demain je serais chez moi avec mon père et ma mère.Que je serais insouciant et inconscient. Je tomberais amoureux d'un mec, on se marierais et on aurait une belle vie. Les femmes me révulse je n'y peut rien ça a toujours été comme ça.

Est ce que ce serait simple d'arrêter ? Si ça l'était est-ce que je le ferais ? Non.. ma indétermination seule ne suffira jamais, je pourrais me faire violence autant que je veux, mais tant qu'une personne extérieure ne m'aura pas aider je suis condamné à reste aliéné à cette vie. Mais qui irait pleurer sur le sort d'une pauvre petite pute comme moi ? Je dois juste me contenter de subir.

Je suis inscrit dans une université, à laquelle je ne me suis pointé que les premières semaines, c'est la preuve que j'ai essayé de mener une vie normale, mais j'avais besoin d'argent, j'étais seul. Et il n'y a qu'un métier qui rapporte autant et qui s'en fout que tu sois mineur. Et à partir de là c'est une cercle vicieux.. Chaque jour j'ai l'impression de toucher le fond, mais la chute se prolonge. Je ne peux que rester là à attendre. Et à imaginer la vie que je n'aurais jamais pour pouvoir m'endormir.

J'ai tellement pris l'habitude de me réveiller à la tombée de la nuit, que quand mes yeux ce sont ouverts dans une chambre inondée de lumière j'ai été déstabilisé.. J'aurais aimé dormir plus, mais l'idée de me recoucher ne me tente pas plus que ça... m'ennuyer dans mon lit non plus d'ailleurs.

Le problème c'est qu'en dehors de mes activités nocturnes je n'ai rien d'autre, pas de vie sociale, pas d'amis quelques camarades de fac peut-être mais qui à cette heure si doivent encore être en train de mourir en cours. En soit je n'ai rien à faire.

Manger m'occupera pas assez longtemps, mais mon dernier repas commence à remonter et mon but n'est pas de mourir de faim. D'ailleurs mon but n'est de pas mourir tout court. Personne ne comprend ça, je ne suis pas heureux, certes, mais j'ai envie de vivre. J'ai envie de voir si la vie va continuer de s' acharner sur moi jusqu'au bout, ou si alors elle va récompenser ma patience..

Même si j'approche de la majorité et que je ne sais toujours pas comment tout pourrait s'arranger.. J'ai dix-neuf ans, et ça fait cinq ans que je sers d'objet sexuel à tous genres de détraqués. Je n'étais qu'un enfant, tout comme aujourd'hui je ne suis qu'un adolescent.

Qu'est ce qui me manque pour être heureux ? Si jamais j'arrive à partir loin de tout ça, qu'est ce qui me dis que je serais pas rattraper par ce que je suis vraiment ? Une personne détruite. Je ne veux pas l'être, j'aimerais être comme vous.

Avoir le même genre de problème que vous. Vivre comme vous. Je ne suis pas un monstre, pas plus que ça. J'suis pas nazi, j'ai jamais buté personne, j'agresse pas les gens, j'écrase pas les enfants quand je conduis. Et c'est pas juste parce que je ne conduis pas. Le fait est que les gens me voit comme une horreur alors que ce sont eux qui sont immondes, qui est le pire entre un homme marié et violent qui vient défouler toute sa rage sur un prostitué mineur ou le prostitué mineur en question ?

Je partirais pas dans des grands discours sur la société et tout le bordel qui va avec, tout le monde ment, et ça commence quand on est enfant. C'est dingue le nombre de connerie qu'on peut faire avaler à un enfant, sans mauvais jeu de mots.



Askip je serais relativement régulière dans mes publications :)

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