CHAPITRE 18

24 3 0
                                    


[Rob] – au même moment

Shaun ne se réveillait toujours pas. J'avais beau le secouer dans tous les sens, appuyer sur son épaule blessée, lui crier dans les oreilles, rien n'y faisait. Je ne pouvais pas croire qu'au moment-même où je lui ramenais enfin de quoi le guérir, il avait décidé d'arrêter de se battre. J'étais déçu, profondément déçu...

J'ignorais si cela faisait de moi un pur connard sans cœur, mais je n'arrivais pas à pleurer. Je refusais sans doute de réaliser. « Non, on ne se débarrasse pas de quelqu'un tel que Shaun comme ça ! » Et pourtant... Lorsque je collai mon oreille contre sa poitrine, je n'entendis pas le son d'une vie. Shaun était bel et bien mort. Et moi dans tout ça ? Comment est-ce que j'allais annoncer ça à Libby lorsque je la retrouverais ?

Je tournai en rond, cherchant des réponses à mes questions, cherchant à me persuader que je me trouvais dans un cauchemar dont j'allais incessamment sous peu me réveiller. Sentant la rage me monter à la tête, je décidai de m'asseoir, près de Shaun. Mes yeux se posèrent sur son corps endormi, et j'éclatai en sanglots.

J'avais perdu mon meilleur ami.


[Libby] – au même moment

C'était le grand jour ! Nous étions tellement excités à l'idée de partir en « mission d'infiltration » que nous n'en avions quasiment pas dormi de la nuit. J'étais restée éveillée à discuter avec Amalia. Comme j'étais un peu stressée, elle m'avait réconfortée et avait su trouver les mots justes pour me donner du courage. D'un autre côté, il lui avait été impossible de me cacher sa propre appréhension.

Armés de nos sacs-poubelle et de nos armes rechargées, nous fîmes l'appel. A nous six, nous formions une véritable équipe de choc ! « Shaun aurait été tellement fier de me voir aussi déterminée ! Et Rhys aurait été tellement heureux de voir Mia aussi rayonnante ! », Pensai-je. En effet, mon amie avait repris du poil de la bête, et j'étais désormais certaine que Rhys se trouvait bien loin dans ses préoccupations. Seules Asha et Marie avaient encore un peu la trouille. Heureusement que Nior était là pour les réconforter !

Il était encore très tôt. Nous nous étions levés à l'aube afin de partir avant que les Récolteurs n'arrivent. Il faisait froid, et nos corps frêles et affaiblis par le manque de provisions le ressentaient correctement. Pour nous réchauffer un tant soit peu, nous partîmes en vitesse.

Nous ne savions pas trop où aller pour commencer. Amalia avait le papier en mains, mais elle ne disait pas grand-chose. Son regard fixait l'adresse d'une telle intensité qu'on aurait pu croire qu'elle essayait de décrypter un langage étranger.

« Par où on doit aller ? Demanda Nior à sa sœur lorsque nous arrivâmes à un croisement. »

Amalia sortit de son papier et hésita un long moment.

« Euh... par-là. »

Elle désigna la plus étroite des rues. Une question me parcourut alors l'esprit : comment Amalia connaissait-elle l'itinéraire à suivre ? D'après ce que j'avais pu lire sur le papier, il n'y avait de noté que l'adresse du repère, et aucune indication précise pour s'y rendre. Il était néanmoins indéniable qu'avant que Moges soit envahie par les plantes, l'endroit de l'adresse, le Théâtre Sète, était très prisé par les amoureux d'art contemporain. De plus, le lieu n'était pas loin du plus grand centre commercial de la ville. Je m'étais rendue à ce Théâtre une fois, avec Asha. Nous étions allées voir une pièce pour le moins originale où une femme racontait sa misérable vie tout en fumant une cigarette. Elle avait aussi joué du piano et je me souvins que ce qu'elle racontait était constamment agrémenté d'une pointe d'humour. J'avais d'ailleurs beaucoup ri.

Graines de folie (ARRÊTÉE) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant