CHAPITRE 15

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[Amalia]

Quand nous fûmes sûrs que la voie était libre, je décidai de tout expliquer à Libby, Mia et Asha. Nous nous assîmes en cercle dans un coin sombre où nous ne risquions que peu de nous faire voir...

« A la suite de votre départ du lycée dans le but de retrouver la trace de votre ami Rhys – je crois – je me suis mise en tête de, moi aussi, partir à la recherche de mes proches : Marie et Nior, mon petit frère, n'étudiant pas au lycée Victorian, mais au lycée Golden.

- Je ne savais pas que tu avais un petit frère ! S'enthousiasma Libby.

- Eh bien si, poursuivis-je. En fait, au collège, ils étaient tous les deux avec moi. Malheureusement, quand Nior est entré au lycée, cette année, mes parents l'ont placé à Golden car ils prétextaient qu'il n'obtiendrait pas son bac en restant à mes côtés, à Victorian. Bien sûr, Marie n'a pas hésité une seconde et l'a suivi. Après tout, ils sont ensemble depuis la cinquième. (Un sourire fier illumina alors le visage de ma meilleure amie) J'ai vu leur couple se former, bien qu'au départ, je n'y croyais pas. Or, visiblement, mon frère est bien plus sincère que je ne le pensais...

Marie, ici présente (Je la désignai d'un geste vif) est en effet ma meilleure amie. Autant vous dire qu'elle ne vous portera pas dans son cœur si vous vous pavanez trop près de Nior. Niveau jalousie, elle atteint des sommets. Pour vous donner un exemple, il lui est déjà arrivé de m'en vouloir car je suis la grande sœur de Nior. Je suis la première à penser et à dire que c'est tout bonnement ridicule, mais personne n'y peut rien. Marie est Marie.

- Et c'est comme ça qu'on m'aime ! S'exclama-t'elle en serrant le bras de mon frère de toute sa force. »

Imperturbable, je poursuivis mon interminable récit :

« Nior et Marie sont les deux seules personnes qui comptent vraiment pour moi, à ce jour. Je suis dans l'incapacité d'affirmer si Nior et moi reverrions nos parents, alors je préfère les ôter de la liste. Bref... J'étais morte d'inquiétude à l'idée qu'il leur soit arrivé quelque chose, mais heureusement, je suis arrivée à temps. Je ne sais pas s'ils m'attendaient, mais quand je les ai vus, ils étaient devant leur lycée, assis sur un banc, scrutant l'horizon... Bien entendu, je leur ai immédiatement reproché d'être stupides et imprudents, puis je les ai pris tous les deux dans mes bras. Je n'avais jamais ressenti un tel sentiment de soulagement...

Dans un premier temps, notre objectif fut le suivant : nous rendre à la gare afin que Marie et Nior prennent le train et partent le plus loin possible de Moges. Ils ne voulaient pas m'abandonner, mais je refusais catégoriquement qu'ils restent avec moi dans de telles conditions. Le nombre de plantes dans la ville grandissait à vue d'œil. En quelques heures à peine, les façades des immeubles et des maisons étaient déjà tapissées de racines voraces et vivaces. A l'extrémité des tiges, plusieurs petites graines rouges semblaient nous appeler. Bien sûr, il était hors de question que nous en prenions, cette imbécile de Marie nous ayant proposé cette option comme ultime recours... Quand nous sommes arrivés à la gare, j'étais désespérée en constatant que les plantes avaient également envahi les rails et les trains, empêchant tout fonctionnement.

Jusqu'au crépuscule, j'ai cherché ce que nous pouvions faire. Marie ne faisait que pleurer. Nior avait beau tenté de la rassurer du mieux qu'il le pouvait, elle se remettait à pleurer dès que ses yeux se reportaient sur les trains à l'arrêt. Elle pensait qu'on allait tous mourir...

- Tu n'exagérais pas un peu ? Se moqua discrètement Mia.

- Le contexte était vraiment effrayant figure-toi ! Se défendit Marie, et puis, j'avais comme l'impression que les graines propageaient un parfum qui nous rendait tous un peu fous sur les bords !

Graines de folie (ARRÊTÉE) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant