Again and Again [Terminée]

XII : Qu'est-ce que Narvass t'a fait ?

Peyton

Dans le rétroviseur, sa silhouette me paraît être une ombre, vague et noire presque englouti derrière la fumée. Comme un souvenir qui s'efface.

L'air froid du matin me claque la joue et me réveille pour de bon. Mes cheveux en folie me bafouent le visage tel un drapeau pris aux assauts du vent et ma température corporelle chute brusquement. Un petit nuage de buée sort de ma bouche lorsque je souffle. Mes yeux balaient la rue de long en large, j'essaie de me repérer. Hier il faisait nuit et j'étais bien trop occupé à jouer avec la virilité de Peter pour contempler le paysage. Je ferme les yeux à ce souvenir et secoue la tête. Merde. Je me suis emballée et laisser emporter, c'était bien, délivrant et incroyablement satisfaisant...mais avoir accès à mon corps ne l'autorise pas à connaître tout de moi ou de ma vie. Et s'il croit avoir un droit là-dessus parce que je l'ai autorisé à me toucher, alors c'est qu'il se fout le doigt dans l'œil. Je ne peux pas lui dire le pourquoi du comment, simplement parce que personne ne le sait réellement. Et je ne suis pas prête à y faire face. Pourtant voilà, plus je recule et plus on me tire en avant, plus je freine des quatre fer et plus on me pousse. Encore et encore, on me met la pression. Alice, Cindy et Danielle, Martha et maintenant Peter. La seule personne qui bizarrement ne m'à rien demandé jusqu'ici est Raina. Bizarre, oui c'est le mot. Mais Raina n'est pas du genre à se mêler des affaires des autres, sauf quand cela sert ses intérêts. C'est pourquoi j'ai accepté de venir ici, parce que sa curiosité ne me faisait pas défaut.

Je marche sur le trottoir, les petits commerces sont déjà ouverts et leurs propriétaires tout comme leurs clients me regardent de travers tout le long de ma traversée.

_Ça va ! Lâchez-moi un peu ! Dis-je à l'ensemble de la petite foule. Pire que des pies.

Alors que je regarde la route sans vraiment savoir où je vais, je me fais un croche pied lorsque le bout de ma chaussure but contre un carreau de dalle surélever au milieu du passage. Je me tord la cheville et mon talon se casse. Le bruit caractéristique me le confirme et je respire fort par les narines. C'est pas vrai, quelle plaie ! J'enlève donc mes deux chaussures et marche pieds nus. C'est sale et dégoûtant, mais si je suis la pire personne de cette ville alors je suis dans mon élément.

«Qu'est-ce que Narvass t'a fait ? »

Dommage Peter, ce n'était pas la bonne question à me poser. Il aurait sûrement eu plus de chance en me demandant ce que moi, j'ai fait à Narvass. Ça aurait eu plus de sens. Sauf si bien sûr...il voulait parler de moi, de qui je suis quand je suis ici. Dans ce cas-là, je lui répondrais que Narvass m'a poussée à terre et qu'une fois ça fait, j'ai était roué de coups. Qu'on m'a craché dessus, renier comme une pestiférée et regarder avec la haine d'une victime pour un meurtrier. En soi, c'est ce que je suis.

« Qu'est-ce que Narvass t'a fait ? »

Les regards me transpercent de toutes parts, les chuchotements me parviennent comme un agaçant bruit de fond. Et voilà qui s'approche en face de moi, celles qui vont devenir mon pire cauchemar.

_Alors dit moi, Peyton ? Ils ne t'ont pas foutu en prison ? Ou mieux encore à la morgue ? Après tout, c'est toi qui devrais y être, parce que c'est ta faute. Viens me chuchoter à l'oreille Danielle.

Je frissonne de tout mon corps et resserre ma prise sur la hanse de mon sac à dos. Je dois garder mon calme.

_Comment tu as pu faire ça, Peyton ? Comment tu as pu à toi toute seule décimée deux familles ? C'est un superpouvoir ou quoi ?