XIV : C'est appréciable de savoir qu'on est l'élue.

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Peyton

C'est vicieux et pervers. Intense et profond, mais j'ai toujours su au fond que j'avais quelque chose de craqué.

Juin.

J'essuie mon front d'un geste du poignet pour recueillir les quelques gouttes de sueur. La chaleur est insoutenable, le rythme condensé et l'excitation à son comble. Ma vie a bien changé. Je passe de bureau en bureau pour voir paraître l'article de demain. En tant qu'assistante éditrice, j'ai un droit de regard. L'entreprise est petite, les employés peu nombreux, mais c'est suffisant à notre petite ville. Notre. Ce mot sonne encore bizarrement pour moi. Après que Peter m'est convaincu de rester, il m'a proposé un plan de vie imbattable selon lui : venir vivre avec lui et travailler au journal local de la ville. On est très loin de mes enquêtes de terrain. Quoique, Narvass doit être le plus effrayant et dangereux terrain de jeu pour une journaliste. Également, m'a-t-il dit en argument ; "tu pourrais contrôler les ragots qui prolifèrent sur toi et pourquoi pas détournait l'attention". Plus facile à dire qu'à faire, surtout que le patron a été dur à convaincre, mais je ne sais pas par quel moyen, Peter l'a fait changer d'avis. Honnêtement, je ne préfère pas savoir comment. Je sais que mon nouveau mec trempe dans quelques trucs louches et illégaux et même si ça n'était pas le cas, il est assez impressionnant en muscle et en charme pour parvenir à ses fins. Par force ou séduction. Le combo parfait.

Cette ville, ne m'accepte toujours pas et c'est encore difficile de sortir à la lumière du jour pour affronter regards et autres gestes malveillants de leur part. Rien que samedi dernier, la caissière a refusé de me faire passer en caisse. J'ai serré les dents et préférais partir sans faire d'histoire, mais Peter n'était pas de cet avis. Il a publiquement menacé cette femme. Je le regrette et le déplore, par ma simple fréquentation, sa réputation de bons samaritains et d'homme aux charmes ravageurs toujours prêt à donner un coup de main en prend un coup. Parce que oui, j'ai appris que Peter malgré tout était aimé de la plupart, par caractère et personnalité. Faisant oublier comment il gagne sa vie. Depuis quelque temps, il travaille avec Andreas au garage. Je suis assez heureuse qu'il se trouve un loisir pendant que j'écris. Qu'il ne reste pas là, dans la maison, à tourner en rond en attendant de pouvoir me croquer une fois ma dernière ligne écrite. Pourtant, je ne suis pas dupe et je vois qu'Andreas essaie de lui faire faire bien plus que réparer ces voitures, mais plutôt les conduire aussi. Du moment que ses courses de rues restent loin de mes yeux et mes oreilles, alors je ne suis au courant de rien.

17h30. Je quitte le journal. Je salue quelques collègues, encore moins nombreux à m'apprécier et sors les clés de mon sac pour rejoindre ma voiture. Je conduis jusqu'à la maison. En passant la porte, je pose mes clés sur le meuble et me sépare de mes talons.

_Peter ?

Il a tout fait pour que je me sente chez moi, quitte à me laisser presque l'intégralité de l'armoire et un meuble entier pour sacs et chaussures. Faire en sorte que ce soit chez nous, et je dois dire que c'est plutôt réussi. J'entre dans le salon et vois mon homme de dos, sentant sûrement ma présence il se retourne et d'un doigt contre sa bouche me demande de me taire.

_Oui Milka, je serais là ce soir. Je ne te décevrais pas.

J'attends patiemment que sa conversation téléphonique se termine et passe un doigt sur le bureau. J'adore m'asseoir ici et taper mon article alors que Peter est dehors à s'occuper du jardin. Je l'observe par la fenêtre et lorsqu'il rentre, il vient m'embrasser dans le cou et me toucher avec ses mains remplies de terre puis le reste arrive...

Again and Again [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant