Chapitre 17

4.3K 203 51
                                    

Lena

Il ne se passe pas un jour sans que je me demande comment j'ai pu en arriver là. Il a fallu que je me retrouve à l'hôpital pour que je me rende compte que j'allais vraiment mal. Je me demande ce que ma mère penserait de tout ça, ce qu'elle penserait de mon état et de ma mine déplorable. Ma mère ne voudrait certainement pas me voir dans cet état et je la comprends. J'ai une tête à faire peur. J'ai les yeux rougis non pas par les larmes mais par la fatigue et des poches sous les yeux mais j'ai aussi le teint pâle comme si je n'étais pas sortie depuis des lustres.

Si encore il n'y avait que ça...

Je me trouvais face au miroir à pieds de ma chambre, de profil et je pouvais voir tous les os de mes côtes et de mes hanches sous ma peau. J'avais perdu du poids et c'était facilement remarquable rien qu'en voyant mes côtes apparaître sous ma peau. Seulement moi, je n'avais rien vu, je ne m'étais pas rendue compte que j'avais perdu autant de poids et je ne me souviens même pas de la dernière fois que j'ai avalé quelque chose de solide en dehors d'une pomme. J'avais l'air affreuse et j'étais incapable de me reconnaître. Comment avais-je pu tomber aussi bas ? Comment avais-je pu autant perdre de poids sans que je me rende compte de quoi que ce soit ? En fin de compte, éviter les petits déj' ce n'était pas seulement pour éviter mon père, c'était aussi un moyen de ne pas approcher la nourriture parce que ça m'angoissait. Tout ce qui se mangeait m'angoissait et je n'étais même pas en mesure d'expliquer pourquoi. Cela fait environ huit jours que je suis sortie de l'hôpital et je n'arrive toujours pas à expliquer ce qui me pousse à faire ça.

On me demanderait de décrocher la lune, ce serait la même chose.

Je n'arrive pas à expliquer mon angoisse, je n'arrive pas à exprimer ce que je ressens ou même à expliquer pourquoi je suis devenue cette froide que cruelle. Jamais je n'aurais été aussi violente auparavant et jamais je n'aurais laissé Maé sans aucune nouvelle depuis si longtemps. J'étais incapable de lui parler pour le moment. Il me fallait simplement du temps. Il me fallait du temps pour accepter que ma meilleure amie savait quelque chose d'aussi important et qu'elle avait préféré ne pas m'en parler. Mais alors je suis quoi pour elle hein ? Pourquoi elle m'a caché tout ça ? Pourquoi elle ne m'a pas dit la vérité tout de suite et comment elle peut espérer que je lui pardonne après m'avoir menti ? Pour le moment je n'y arrive pas. Je suis beaucoup trop en colère contre elle pour accepter le fait qu'elle ait osé me mentir sur quelque chose d'aussi important. Je pensais qu'elle était ma meilleure  amie et qu'elle me dirait tout même ce qui est difficile à avouer. Je l'aimais comme ma propre sœur et elle avait préféré me mentir. Je n'arrivais pas à y croire. Je voyais cette histoire comme une trahison et rien d'autre et il est difficile de pardonner une trahison même lorsqu'elle vient de sa meilleure amie, une personne que l'on est censé connaître depuis toujours. J'ai l'impression que je ne la connais pas vraiment finalement. J'ai l'impression que je suis trompée à son sujet et qu'elle n'est pas celle que je croyais pendant tout ce temps, celle que j'idéalisais, celle que je considérais comme une sœur. J'ai l'impression que tout mon monde s'écroule autour de moi depuis que mes parents ne sont plus là. J'ai l'impression que je n'ai plus personne à qui faire confiance. Lucas, le garçon dont j'étais tombée amoureuse m'a laissé tomber, Maé m'a déçu et puis tout ce truc avec Emma. Je croyais que ce monde était plus beau que ce que les gens disaient et pourtant en l'espace de quelques mois, j'ai dû tout reconstruire de A à Z. Mes parents n'étaient plus là, mes deux meilleurs amis étaient très loin de ceux que j'avais tant aimé avant de débarquer dans ce trou. Je me sens tellement mal. J'ai l'impression que tout le monde s'est ligué contre moi pour me faire du mal et que je me suis faite avoir pendant tout ce temps.

Et il n'y avait pas que sur moi que le ciel avait jeté sa terrible malédiction.

Cela me rendait malade de savoir que tous ces connards au lycée jetaient des saloperies à la gueule d'Emma sans qu'elle puisse se défendre. J'aurais aimé faire quelque chose et la prévenir  avant qu'elle ne découvre tout elle même. Pourtant, je n'en avais pas eu le temps. Je m'étais retrouvé dans une chambre d'hôpital avant de pouvoir lui dire ce que je venais de découvrir. Je n'étais pas retournée sur le blog du lycée depuis que j'avais découvert ces photos de mon amie en tenue légère. Je n'arrivais pas à croire qu'on ait pu lui faire quelque chose d'aussi monstrueux. Et maintenant, Emma était tellement mal qu'elle n'avait pas mit les pieds au lycée depuis huit jours et je la comprends.

Wish You Were HereOù les histoires vivent. Découvrez maintenant