Chapitre 25

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Lena

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Il paraît que compter dans sa tête éloigne la peur. Pourtant, j'avais tenté plusieurs fois de l'éloigner et elle était toujours là. Il faut dire que voir Austin faire les cent pas dans cet interminable couloir au papier peint légèrement jauni de l'hôpital ne m'aidait pas vraiment à me calmer.  Je crois que je n'avais jamais été aussi terrifiée de toute ma vie. Tout ce sang sur les mains et les fringues d'Austin, cette horrible marre de sang. Je ne saurais sans doute jamais ce qui s'est passé dans cette maison et je ne veux pas le savoir. J'avais imaginé tous les scénarios possibles dans ma tête et ils étaient tous plus flippants les uns que les autres. Ce week-end aurait vraiment dû être idyllique et il s'est transformé en l'espace de quelques secondes en un véritable cauchemar. Pourtant tout était parfait, vraiment parfait. Austin et moi dans cet immense jardin presque coupé du monde entourés de personnes fabuleuses à simplement profiter de la vie et maintenant nous voilà ici à attendre que quelqu'un vienne nous donner des nouvelles de Jolene.  Depuis notre arrivée vers onze heures hier matin, aucun médecin n'était venu nous donner des nouvelles. Ils passaient dans le couloir sans faire vraiment attention à nous comme si nous étions invisibles.

A croire que leurs patients étaient identifiables qu'à leur numéro de dossiers.

J'avais beau essayer de rassurer Austin, je savais que rien de ce que je pouvais dire ou faire ne pourrait apaiser son angoisse. Alors, je me contentais d'être simplement là pour lui, à le serrer contre moi pour lui éviter de perdre la tête et à envoyer des nouvelles à Emma de temps à autre. Ça me tuait littéralement de voir Austin dans cet état. Ce sang sur son tee-shirt gris. Ce même sang qui avait séché sur ses mains et ses yeux cernés à cause de la fatigue. Austin n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Il attendait que quelqu'un puisse enfin le rassurer et je savais très bien que ce n'était pas moi.

Je voulais faire quelque chose, être là pour lui, le soutenir comme je l'aurais fait pour n'importe quelle personne que j'aime mais je me sentais totalement impuissante. Quoi que je dise et quoi que je fasse, rien ne pourrait sortir le garçon que j'aime de cet enfer. Il n'avait pas dormi depuis plusieurs heures et je savais que tôt ou tard, si personne ne lui donnait de nouvelles de sa mère, il pèterait les plombs.

J'étais étonnée qu'il n'ait pas déjà péter un câble à cause de cette attente interminable.

Je le regardais faire des allers-retours dans ce couloir sinistre à la recherche d'au moins un regard compatissant de la part des médecins mais rien. On aurait dit qu'ils se fichaient de sa détresse, de sa douleur ou même de la peur qu'on pouvait lire dans ses yeux gris. La peur de perdre sa mère. Et dire que c'est dans cet endroit que l'on soigne des gens. Je ne sais même pas comment cela peut être possible tant cet endroit est loin d'être agréable pour qui que ce soit. Les blouses des médecins bossant ici sont aussi déprimants que le mur que je suis en train de fixer depuis mon arrivée pour me maintenir éveillée.

Il ne faut pas que tu dormes Lena, il ne faut pas que tu dormes.

Mais chaque fois que la voix dans ma tête retentissait, j'avais l'impression d'être sur le point de me faire kidnapper par Morphée. Je m'étais promis de rester éveillée pour Austin. Il avait besoin de moi et je ne pouvais pas me permettre de le lâcher maintenant en m'endormant comme une merde sur cette putain de chaise à la con. J'allais devenir folle si je restais le cul vissé là dessus. Je me levais de la chaise où je m'étais assise et qui était en train de complètement me détruire le dos et m'approchais d'Austin pour le prévenir que j'allais me prendre un énième café au distributeur du deuxième étage. La première fois que j'ai voulu me payer un café à la machine de cet étage , je m'étais retrouvée face à une machine défectueuse. Alors j'avais été obligé de me taper un aller-retour dans un ascenseur, l'endroit que je détestais le plus au monde entre parenthèses, pour me payer un café à la machine du deuxième étage, au service pédiatrie. Une fois à la hauteur d'Austin, je passais une main dans son dos pour tenter de le rassurer une nouvelle fois même si je savais que mes petits sourires et mes mains dans le dos n'y changeait rien.

Wish You Were HereOù les histoires vivent. Découvrez maintenant