Wish You Were Here

Chapitre 31

Austin

Il y a deux sortes d'océan dans lesquels les hommes plongent au moins une fois dans leur vie. Il y a cette étendue d'eau qui a donné à la Terre son surnom de "planète bleue" et il y a l'océan qui contient tous nos souvenirs. Des souvenirs heureux ou malheureux, des souvenirs de ceux que nous aimons et de ceux que nous avons perdu. Le problème avec cet océan c'est qu'il n'est pas toujours agréable d'y plonger parce qu'il y a des choses que nous aimerions oublier. Des souvenirs qui pèsent tellement sur notre cœur qu'ils nous étouffent et nous empêchent d'avancer comme si tous ces souvenirs que nous aimerions oublier, formait une barrière se dressait devant nous. Je n'avais pas prévu de parler de Jackson et Lila hier soir. Je n'avais pas prévu de lui parler de ce passage de ma vie. Je n'avais d'ailleurs même pas prévu de parler tout ça à Lena un jour mais quelque chose m'y a poussé. Comme si l'univers s'était mis d'accord avec cette nana à l'hôpital pour me rappeler à l'accident de mes deux meilleurs amis et la maladie de Jake.

Franchement, l'univers n'a pas d'autre chose à foutre que de me rappeler ceux que j'ai perdu sans déconner ?! Comme si je n'avais pas assez souffert comme ça. Franchement l'univers va te faire foutre !

Hier soir, je ne savais pas où aller. Tout se bousculait dans ma tête et je n'avais  pas repensé à Lila et Jackson depuis pas mal de temps. C'est le genre de sujets qu'on évite d'aborder lorsqu'on est tous ensemble. Jake a même arrêté de fêter l'anniversaire de son frère. J'ai l'impression qu'il veut vivre comme s'il n'avait jamais existé, comme si il n'avait jamais eu de frère et que sa meilleure amie, cette sublime rousse aux yeux turquoise n'avait jamais croisé son chemin. C'est vraiment n'importe quoi. Ça veut dire quoi : faire comme si ? Continuer à vivre comme si il ne s'était rien passé ? Se convaincre que tout va finir par s'arranger ? Ou tout simplement oublier ? Parce que moi, je n'ai jamais pu oublier. Je n'ai jamais pu oublier que deux personnes que j'aimais sont parties et qu'elles ne reviendront jamais simplement parce qu'un connard a eu l'idée complètement débile de prendre le volant alors qu'ils allaient simplement voir un film au ciné. Si j'avais eu ce connard en face de moi, je lui aurais certainement démonter la gueule pour avoir tué mes deux meilleurs amis parce qu'il avait décidé de jouer au con. Au fond, je ne sais pas comment on a pu arrêter de parler d'eux, je ne sais pas comment on a pu faire comme si rien ne s'était passé, comme si ils n'avaient jamais existé.

On dit souvent que les mensonges finissent par nous retomber dessus un jour mais les souvenirs aussi.

Si je n'avais pas croiser cette femme à l'hôpital, on aurait certainement continuer à jouer à ce jeu pendant encore longtemps. Je n'arrive pas à comprendre comment j'ai pu passer à côté de tout ça. Je n'arrive pas à comprendre comme j'ai pu vouloir continuer à vivre loin de leur souvenir même si il était douloureux pour moi.  Je refuse de les oublier, je refuse d'oublier leurs visages, je refuse d'oublier Lila et son côté complètement barré et je refuse d'oublier Jackson et le fait qu'il était comme mon frère que je n'avais jamais eu. Je me souviendrais toujours de la longue tignasse rousse de Lila qu'elle galérait toujours à coiffer et du rire de Jackson quand il l'entendait râler après ses cheveux. Ça me fait bizarre de me rappeler tout ça. J'avais pensé que je ne me souviendrais plus de quoi que ce soit avec eux, que j'avais oublié une trop grande partie des moments que j'avais passé avec eux mais c'est totalement faux.

En vérité, ces souvenirs étaient toujours présents dans mon esprit, je ne les avais jamais oublié.

D'ailleurs, j'avais tout raconté à Lena. Après être passé la chercher au lycée, je m'étais rendu sur le parking de l'ancien Drive-In où j'avais l'habitude d'aller avec mes parents quand j'étais gamin et je lui avais tout raconté. De notre raconte, de la formation du groupe et du moment où j'ai appris qu'ils étaient morts par les flics dans cet accident. Lena m'a écoutée sans dire un mot, comme si elle analysait chacune de mes paroles avant de pouvoir dire quelque chose.Elle me regardait, le regard brillant de larmes, ses yeux verts plongés dans les miens et l'une de ses mains tenant la mienne comme pour m'assurer silencieusement qu'elle était là, qu'elle ne me lâchait pas. Je sentais que j'allais craquer à un moment ou un autre et sentir sa main avait réussi à m'apaiser.