Chapitre 4 : Lucas

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Ça fait maintenant deux semaines que les gendarmes ne les ont pas trouvés. Au sein de la ville, tout le monde se pose des questions. 

Depuis que cette maison a brûlé, la gendarmerie essaye en vain de retrouver mes amis. Lucas les connaissait depuis ses trois ans, et ils étaient très proches, jamais ils n'auraient fui sans avertir personne, ça ne leur ressemblait pas. La plupart de la population pense qu'ils ont été enlevés, car c'est la seule éventualité possible, étant donné que personne n'a retrouvé leurs corps. Mais par qui ? Cette famille était aimée de tous, personne n'aurait une raison de lui en vouloir. Depuis quelques jours, Lucas vit un véritable enfer. Il ne dort presque plus, ne pense plus qu'à Zeno et Selena. 

Presque à chaque pose de la journée, il passe voir le centre de gendarmerie, espérant en vain qu'ils aient la moindre nouvelle les concernant. Chaque fois, il voit leurs mines désespérées, persuadées qu'il n'y a plus rien à faire. Ils ne continuent que pour lui, mais cela leurs fait perdre du temps pour régler leurs nombreux autres problèmes. Il en a assez de s'inquiéter sans cesse. Tout le monde lui disait que ça allait aller, qu'ils avaient vécu de beaux moments ensemble, comme si tout était déjà fini, qu'ils ne les retrouveraient jamais. 

Malgré tout ce qu'on puisse lui dire, une petite voix en lui le persuadait qu'ils n'étaient pas morts, et qu'ils attendaient que l'on vienne les sauver. Quand les recherches cesseront, parce qu'elles cesseront bientôt, il partirait les chercher lui-même. Il les retrouvera, il s'en ait fait la promesse. Il ne laisserait jamais ses amis mourir sans tout mettre en œuvre pour les retrouver.

Il se trouvait à l'école, n'écoutant qu'à moitié le cours que son instituteur tentait en vain de leur faire comprendre. Il n'interrompit pas ses pensées, car il savait que le garçon traversait une période difficile. Il s'appelait Mr. Rivers, et lui aussi était très proche de la famille Jhones. Il s'arrêta de parler, observant derrière la classe une chose inhabituelle. Le garçon se retourna à son tour et vit quelques gendarmes entrer dans la classe. Le chef, Ewen, demanda poliment :

- Puis-je vous emprunter Lucas quelques minutes s'il vous plaît ?

- Mais bien sûr, de toute façon il n'avait pas l'air très intéressé par mon cours -mais je ne lui en veux pas.

Soudain, il eut un mauvais pressentiment. Ils ne pouvaient lui parler que d'une chose. Une petite partie de lui refusait d'y croire, et il se leva pour sortir de la classe à la suite d'Ewen.

Durant les quelques jours, il s'était lié d'amitié avec lui. Il prit la parole :

- Aujourd'hui, alors que les hommes faisaient leur garde quotidienne, on a retrouvé...

- Que s'est-il passé ?!

- Les corps de Mrs and Mr Jhones enlacés, enterrés à quelques centaines de mètres du village.

Lucas était désemparé. Le garçon repensa aux gâteaux que faisait Mrs Johnes, pour qui il avait beaucoup de respect. Elle était tellement différente des autres femmes ! Elle ne se laissait jamais faire et c'était à peine si elle ne partait pas à la chasse avec son mari. Tout Ie monde la trouvait fantastique, tant par son courage que par sa capacité à redonner le sourire aux personnes les plus démunies. Certaines dames la trouvait mal élevée, mais la vérité était qu'elle était juste franche et fière. 

Par ailleurs, sa fille, Selena, avait hérité de son côté un peu direct et de son enthousiasme constant. Mr Johnes, quant à lui, était un homme robuste qui, aux premiers abords, pouvait paraître un peu bourru, mais quand on creusait un peu l'on découvrait un homme d'une infinie tendresse et d'une gentillesse sans limite envers ses enfants. Il n'avait jamais fait de différence entre son fils et sa fille et leur enseignait les mêmes choses, ce qui faisait passer Selena, au début, pour un garçon manqué. Elle traînait souvent avec les deux garçons, il y a longtemps, car son frère était son exemple et qu'elle voulait faire comme lui.

Cela avait beaucoup amusé Lucas mais avait moins fait rire Zeno qui, au bout d'un certain temps en avait eu ascès et le lui avait fait comprendre. Sa sœur avait été très triste durant plusieurs jours et il avait dû aller la consoler et lui expliquer les agissements de son frère. Elle était intelligente et avait finit par comprendre, et s'était fait une amie, prénommée Hope. Depuis ce jour elle ne s'étaient plus quittées, ce qui avait soulagé son frère.

 À présent, il regrettait l'époque où ils jouaient au basball dans la cour de récréation et qu'ils finissaient essoufflés en rentrant chez eux. Il regrettait les sucreries que, parfois, ils allaient acheter chez Mr Milleg. Il savait au fond de lui qu'il y avait de très grandes chances que ses amis aient sombré avec leurs parents. Mais tant qu'il n'y aurait pas de preuves concrètes de leur... mort, alors il continuerait d'avoir de l'espoir. Il était perdu.

- Mais ce n'est pas tout. Nous avons trouvé ceci accroché à un arbre bien plus loin. Il sortit de sa poche un bout de tissu bleu pâle imprégné de sang, qui appartenait à la chemise de Zeno.

Depuis la première fois depuis le début de la semaine, une pointe d'espoir germa dans la tête du garçon :

-Mais ça veut dire que nous avons enfin une piste ! Tu as pensé à envoyer des renforts pour mieux observer la zone ?

- Oui... mais... nous avons trouvé un peu plus loin de grosses taches de sang imprégnées dans la terre. Mes collègues pensent que nous avons réuni assez de preuves pour dire qu'ils sont bel et bien...

- Non ! Ewen ! Tu sais que ce n'est pas vrai ! Tu sais qu'il y a encore de l'espoir ! Il faut que vous continuiez ! C'est la première preuve que vous avez réussi à trouver en cinq jours ! Vos n'allez pas arrêter alors que nous avons enfin un indice !

-Je suis désolé...

A ce moment là, tout se brouilla dans sa tête. Ça n'avait aucun sens ! Lui qui n'avais pas pleuré une seule fois depuis leur disparition, il commença à perdre le contrôle de ses émotions. Jamais il ne s'était senti aussi en colère. Il ne maîtrisait plus rien, et des larmes commencèrent à rouler sur ses pommettes. Il serrait les mains pour essayer de contenir sa colère. Mais son poing eut raison de lui, et il percuta la mâchoire du commissaire, qui tituba et recula en se tenant la joue. Ses yeux étaient déformés par la peur, comme s'il ne le reconnaissait pas, qu'il était quelqu'un d'autre, qui le faisait frissonner. Il savait qu'il fallait qu'il essaye de se calmer, mais il aimait cette sensation de supériorité. Soudain, alors qu'il s'approchait de son ami, des énormes lianes sortirent de la terre et enveloppèrent le commissaire. Elles allèrent chercher son cou et alors qu'elles s'apprêtaient à le broyer, une voix qu'il reconnaîtrait entre mille résonna dans sa tête. Elle lui disait de se calmer, que sinon il allait finir comme sa sœur et lui, et qu'il fallait qu'il les retrouve avant qu'il ne soit trop tard. Cette voix, c'était celle de Zeno.

Mais comment était-ce possible ?

Lune de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant