Chapitre 8 : Lucas

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Cela faisait maintenant une heure que Lucas suivait les bouts de tissu accrochés aux arbres. Il était bientôt arrivé, et réfléchissait déjà à un plan pour s'introduire dans la cabane, ou quelque soit l'endroit où ses amis se trouvaient. Alors, au loin, le jeune homme crut discerner une sorte de brouillard blanc qui se dirigeait vers lui. Intrigué, il se dit que la brume n'était sûrement pas naturelle, et, de plus en plus inquiet, il commença à trotter puis à galoper à travers les arbres, quittant le chemin de terre. Mais le gros nuage le suivait et se déplaçait de plus en plus vite, et Lucas eut de plus en plus de mal à garder une distance entre eux. Le brouillard arriva à sa hauteur, et il sentit ses paupières devenir de plus en plus lourdes, et ses yeux se fermaient d'eux mêmes. Pour se réveiller, il rentra ses ongles dans la paume de ses mains qui tenaient les rennes. Mais cela ne suffisait pas, alors il commença à se mordre la langue, de plus en plus fort. Tellement violemment qu'il commença à sentir le goût métallique du sang en travers de sa gorge. Il luttait comme il pouvait, mais le gaz soporifique eut bientôt raison de lui. Son cheval, étrangement, semblait insensible à cet air toxique et continuait d'avancer, même lorsque le poids de Lucas lui écrasa le cou. Avant de fermer les paupières pour plusieurs heures, le jeune garçon crut discerner une ombre, elle aussi sur le dos d'un étalon, lui prendre les rennes des mains pour diriger sa monture dans les fin fonds des bois noirs.


Des draps. Un matelas confortable. Un oreiller moelleux. Une légère odeur de rôti vint chatouiller ses narines. Il ne connaissait pas cet endroit. Peut-être ses camarades ne se trouvaient pas loin, et il devrait tenter quelque chose pour sortir de cet étrange endroit, tant que la mystérieuse ombre le croyait endormi. Mais bizarrement, le jeune garçon n'en fit rien. Il gardait les yeux fermés, soudainement détendu. Lucas se sentait en sécurité, loin de tout potentiel danger. L'être ne l'aurait pas sauvé si il souhaité sa mort. Quand bien même il aurait voulu le prendre en otage pour une raison inconnue, il ne l'aurait pas confortablement installé et n'aurait pas préparé un repas alléchant. Quand il daigna enfin ouvrir les paupières, après de longues minutes, il fut tout d'abord ébloui par la lumière du jour. Une fois qu'il s'y fut habitué, l'enfant arriva à distinguer les différents meubles de la pièce. Juste au dessus du lit fait de bois, qui était collé au mur du fond, se trouvait une fenêtre dont les rideaux d'un vert pâle étaient tirés de chaque côté de la vitre. En face de la couche se trouvait une armoire grossièrement taillée dans du pin, et à côté une petite table de chevet qui possédait une lampe à huile éteinte et deux livres empilés l'un sur l'autre. Il l'attrapa, et sur la couverture il y avait inscrit en lettres d'or : « L'Iliade, Homère ». Lucas avait beaucoup aimé se livre, et se rappelait l'avoir lu il y a un peu moins d'un an. Odysseus, ou Ulysse, l'avait beaucoup inspiré, tant par sa ruse que par son courage. Sa femme aussi, Pénélope, était très ingénieuse, et lui avait appris qu'il fallait toujours être fidèle aux gens que l'on aime. Il le reposa doucement sur la petite table et continua son inspection de la chambre. À gauche du mur d'en face, une porte était entrouverte, mais le curieux fut déçu car elle débouchait sur un escalier étroit, qui pouvait à peine laisser passer une personne. Il possédait une barrière, et celle-ci entourait aussi une sorte de petit balcon, juste devant la porte. Une délicieuse odeur de poulet monta jusqu'à ses narines, et elle lui mit l'eau à la bouche. Il se redressa et regarda par la fenêtre, pour voir s'il reconnaissait l'endroit. La maison se trouvait au milieu des bois, et du lierre qui se trouvait tout autour du verre empêchait le jeune garçon de bien se situer. Il arriva tout de même à apercevoir un enclos où plusieurs poules assez grasses bécotaient quelques grains de maïs qui jonchaient le sol. Accrochés à une barrière, quelques mètres plus loin, se dressaient cinq magnifiques chevaux et, parmi eux, son étalon, qui buvait tranquillement dans une réserve d'eau. Un peu plus loin, un enclos contenait un couple de belles vaches blanches, et à côté une sorte de toit pour abriter tout ce petit monde à l'intérieur lors des intempéries et durant l'hiver. Au centre des enclos des poules et des génisses et à côté des chevaux se dressait un puits de pierre abrité par un petit toit triangulaire, d'où pendait un petit anneau de fer. Dans ce dernier passait une grosse corde qui possédait, accroché à une extrémité, un seau de bois cerclé de fer et de l'autre un gros noeud pour empêcher la corde de glisser hors de l'anneau.

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