Chapitre 9 : Selena

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Selena était sous le choc. Cette femme avait tué le père de son meilleur ami ! Elle était totalement perdue. Son cœur se mit à battre plus fort lorsqu'elle repensa aux moment qu'ils avaient passés ensembles, avant qu'il ne sombre dans l'alcool. Elle se mit à respirer de plus en plus fort et de plus en plus vite, et ses inspirations se firent plus saccadées. La jeune fille commença à paniquer, et le monde commença à tourner autour d'elle. Sa tête lui faisait mal, et elle peinait à rester debout. Le Maître la regarda, étonné mais pas le moindre du monde paniqué. Calme, il attrapa sa carte et appela une servante. Selena se tenait la tête, respirant difficilement, et finit par sentir ses jambes se dérober sous elle. La pauvre jeune fille tomba sans retenue au sol, et la dernière chose qu'elle vit avant de sombrer dans l'inconscience fut la lourde porte de bois ciré s'ouvrir timidement.

Un marteau résonnait dans sa tête. Chaque fois qu'il touchait le sol, les vibrations vinrent résonner au plus profond de son esprit. La douleur était à la limite du supportable. Elle voulut bouger ses muscles mais ils étaient comme engourdis, et elle fut incapable de les bouger. Sa figure était transpirante, et ses cheveux emmêlés se collaient à son cou. Elle se contenta de rester immobile, sa tête prête à exploser posé sur un drap. Elle resta plusieurs minutes dans cette position avant d'ouvrir un à un ses yeux verts. Elle se trouvait dans sa cellule, et elle commença à avoir froid. C'est alors qu'elle se rendit compte que la couverture qu'elle avait laissé par terre le matin n'avait pas bougé de place, roulée en boule au pied de son lit. 

Après maints efforts, la jeune fille parvint à se mettre en position assise, une main sur sa tête encore douloureuse. On ne lui avait apporté ni eau ni nourriture depuis près de vingt-quatre heures, car son repas était distribué en fonction de sa conduite de la journée, ce qui voulait dire que la malade ne recevait presque jamais de quoi se sustenter. Pour elle, la moindre soupe froide ou le moindre bout de pain rassit des restes du repas du Maître était un festin, qu'elle dégustait et savourait durant plusieurs minutes.

Selena eut soudain terriblement soif. Elle ne savait pas pourquoi cette envie lui était apparue si subitement, mais elle avait senti sa gorge se dessécher en quelque secondes, et la jeune fille savait que le besoin de se déshydrater se faisait pressant. Ne sachant que faire, la prisonnière ne parvint qu'à se rallonger et à imaginer l'eau d'une onde claire rafraîchir sa gorge asséchée. Aussitôt, elle eut la délicieuse impression que le liquide transparent se versait dans sa bouche, et bientôt la sensation plus que désagréable qu'elle avait ressentit quelques secondes auparavant se dissipa, laissant place à une enivrante sensation de bien être. Subitement, durant un furtif instant, la jeune prisonnière crut apercevoir un vague d'eau transparente voler dans l'air, mais elle disparut tout aussi vite.

Abasourdie par cet événement déconcertant, Selena pensa tout d'abord que la fatigue et le manque de nourriture des derniers jours l'avaient fait délirer, mais ces quelques minutes avaient paru tellement réelles ! Après un petit moment, elle réussit à se persuader que sa tête lui avait joué un tour, et passa à autre chose, quoique toujours prise à de sérieux doutes. 

La jeune fille se releva et se retourna pour attraper un bout de pierre qu'elle avait réussi à décroché du mur et grava dans celui-ci un trait à la suite de tant d'autres. Chaque soir, avant de s'endormir, la prisonnière taillait une marque dans la roche, et il représentait chaque jour passé dans cet horrible endroit. Elle les compta. 17. Cela faisait dix-sept jours qu'elle supportait les moindres caprices du seigneur. 

Ensuite, elle se leva avec difficulté et attrapa une sorte de craie qui traînait par terre et commença à dessiner un arbre qui partait du sol et qui se finissait au niveau de son bras tendu au dessus de sa tête. Elle continua son œuvre durant une heure, et ne s'arrêta que lorsque des bruits provenant du couloir se rapprochaient. Selena alla caché sa craie sous son oreiller et se rallongea, simulant que sa migraine ne s'était pas encore dissipée (ce qui était en partie vrai). Mais contrairement à ce qu'elle aurait pu penser, les deux gardes (leurs grosse voix les avait trahi) s'arrêtèrent devant sa porte et Le roux avec une épaisse barbe de feu regarda à travers la petite lucarne et, voyant qu'elle avait les yeux fermés, continua sa discussion comme si de rien était.

Lune de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant