Chapitre 1 : Zeno

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Ils ne voyaient que des flammes partout. Leurs poumons crachaient de la fumée et les deux enfants peinaient  à avancer. Malgré tout, ils se tenaient la main. Le grand frère, Zeno, pensa à leurs parents, espérant qu'ils arriveraient à sortir de leur maison avant qu'il ne soit trop tard. 

Alors, Les deux rescapés aperçurent la lumière du jour. Enfin ! Ils traversèrent la porte dans un dernier élan de survie, firent quelques pas pour s'éloigner le plus loin possible de l'incendie puis tombèrent à genoux, essayant de recracher toute la fumée nocive et inspirer l'air frais du soir. Après plusieurs minutes ainsi, Zeno parvint à se relever et murmurer, inquiet :

« - Tu penses qu'ils ont réussi à s'en sortir ?

- Ils sont débrouillards, tu sais, donc si nous nous sommes échappés, il y a de nombreuses chances qu'eux aussi. »

Ils se tournèrent vers leur maison, ou ce qu'il en restait, et de la pluie commença à tomber, de plus en plus forte. Ils demeurèrent ainsi, face à la pluie battante, devant les flammes qui se tarissaient pour devenir de pauvres braises. Les arbres environnants étaient à peine noircis, le feu n'était pas arrivé à les atteindre. Soudain, Selena cria :

« - Zeno ! »

Ce dernier se retourna et vit sa sœur étendue par terre, inconsciente. Autour d'eux planait un brouillard étrange, et il se sentit de plus en plus fatigué. Il tenta de résister, mais ses paupières se faisaient de plus en plus lourdes, et il ne tarda pas à s'allonger, au bord de l'inconscience. 

La dernière chose qu'il vit fut des hommes tout de noir vêtus dont le visage était dissimulé derrière un tissu de la même teinte sortir des bois pour se diriger vers eux en courant.

**********

Zeno se réveilla dans une petite pièce désaffectée. Il était allongé sur une planche de bois tenue en l'air par des barres qui partaient des quatre coins vers le plafond fait de pierres, et sa tête reposait sur un sac de vieux blé très inconfortable. 

Ses mains étaient attachées devant son dos par des menottes en fer rouillé qui lui irritaient la peau. Elles étaient très épaisses, et pesaient très lourd. Ses pieds, par contre, n'étaient pas attachés, et il s'assit pour étudier le reste du cachot. 

Seule la porte était en bois, et elle ne comportait qu'une petite fenêtre sans vitre barreaudée. Elle avait une serrure mais aucune poignée, on ne pouvait l'ouvrir que de l'extérieur. La cellule n'était éclairée que par une lampe à huile accrochée au plafond, qui produisait une pâle lumière.

 Il avait mal à la tête, comme si quelqu'un lui avait asséné un violent coup, et il ne comprit pas tout de suite où il se trouvait ni comment il était arrivé là. Puis tous les souvenirs des dernières heures lui revinrent en mémoire : l'incendie, le brouillard, les hommes masqués, sa sœur... Sa sœur ! 

Il se leva et courra vers les barreaux. Il commença à les secouer, criant de toutes ses forces le nom de Selena. Il s'époumona durant cinq minutes en vain, puis il se rendit à l'évidence : personne ne lui répondrait et sa sœur avait disparu. 

Alors il se mit à frapper la porte de ses pieds et de son épaule, espérant l'ouvrir, secouant les barreaux, espérant les tordre. Mais rien n'y fit, et ce ne que lorsqu'il fut à bout de forces et que la douleur à sa tête devient insoutenable qu'il se décida à se rassoir rageusement et un peu effrayé sur son « lit ». 

Alors, le même gaz blanc qu'il avait aperçu devant sa maison sortit de deux tuyaux qu'il n'avait pas remarqué. Le garçon retint sa respiration, conscient qu'il allait l'endormir. Mais il était à bout de souffle, et il dut se résoudre à prendre une immense goulée d'air pour ne pas s'évanouir. 

Lune de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant