Lune de Sang

Chapitre 21 : Stratégie

Zeno crut un instant qu'elle allait défaillir, mais elle n'en fit rien. Au contraire, elle reprit le contrôle de ses émotions et dit d'une voix autoritaire qui le fit frémir :

- Veuillez raccompagner nos invités dans leurs chambres et leur servir la fin du repas. Qu'ils n'en sortent pas avant demain matin. Puis elle s'adressa à ses conseillers. Vous aussi, allez vous reposer, j'ai besoin de réfléchir.

Tout le monde s'exécuta. Les trois voyageurs se levèrent et suivirent l'homme à la barbe rousse qui les avait trouvés dans la montagne, la table fut débarrassée et la reine se retira dans sa chambre.

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Anya faisait les cent pas dans sa chambre. La boîte était posée sur un table et elle ne pouvait s'empêcher de lui jeter des regards incessants. Il était tard, le ciel était dégagé cette nuit là, et la lune brillait de tout son éclat, se réverbérant sur la neige immaculée déposée sur les toits des huttes.

La jeune fille cherchait désespérément une solution, mais craignait Lars bien plus qu'elle ne voulait le faire croire.

Il avait l'expérience, et savait comment intimider. Il était respecté par tous les autres clans, quoique détesté. Il était suffisant, hautain et vieux, et connaissait les faiblesses de chaque clan, de chaque chef.

Voilà bientôt deux heures qu'elle ruminait de sombres pensées. Ses paupières étaient lourdes, et se fermaient d'elles mêmes. Elle décida bientôt d'aller dormir, et espéra que la nuit lui porterait conseil. Elle éteignit sa bougie, se glissa sous ses draps blancs et tomba dans les bras de Morphée en moins d'une minute.

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« - Vous nous avez appelés, Anya ? »

Voilà trois jours que la menace était arrivée. La reine du village n'avait encore prit aucune décision, ne savait si elle devait se plier aux chantage ou s'en révolter. Elle avait réfléchit à la proposition de Lucas et Zeno, et avait finalement pensé qu'elle n'avait rien à perdre à écouter leurs conseils et à se confier à eux.

Anya se trouvait dans la salle du trône, devant une grande carte accrochée au mur représentant les montagnes et les peuples qui y vivaient. Elle portait une robe beige à lacets en cuir marron, de grosses bottes en fourrure et une cape de fourrure aussi qui lui descendait jusqu'aux chevilles.

La jeune fille attendit que la porte se fut refermée derrière les deux amis avant de commencer :

- Je suis perdue. Je ne sais pas ce  que je dois faire. Si j'avais agis que pour moi, pour rien au monde je n'aurait jamais accepté que quiconque se permette de s'adresser à moi de cette façon. Mais...

-... Vous n'êtes pas seule, compléta Zeno.

- Voilà. Il y a mon peuple, je me suis jurée de le protéger. Si j'envoyais des guerriers au combat, je ne gagnerais jamais. Lars a l'avantage en nombre, bien que son territoire son plus étroit qu'ici.

- Il a peut être l'avantage du nombre, mais a t-il la stratégie ? Continua Lucas.

- Il s'occupe de ce rôle, mais je sais comment il réfléchit, il ne sera pas difficile de savoir quand est-ce qu'il va attaquer.

- Alors où est le problème ?

- Il est conseillé bien plus que je ne le suis, et je n'ai pas dit qu'il était stupide. J'ai des taupes au plus proche de lui, j'espère juste qu'elles pourront faire profil bas et sauront ne pas se faire remarquer.

- Vous ne vous plierez jamais, je comprends que vous êtes trop fière pour ça. Alors soyez la première à attaquer. Vous aurez l'avantage de la surprise, ils seront pris au dépourvu, proposa Zeno.