Chapitre 7 : Zeno

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Il se concentra. Jamais auparavant il n'avait ressentit autant de puissance. Il visualisa la pièce dans ses moindres détails, puis imagina un immense flamme dévorer la porte de bois. Il la vit se réduire en cendres laissant place au grand couloir rempli de cellules qui devaient contenirun cinquantaine de prisonniers. 

Il ouvrit les yeux et découvrit une porte légèrement noircie par une petite flamme. Cela faisait des heures qu'il essayait de brûler la porte, et il n'avait réussi à obtenir qu'une simple trace noire. Il avait essayé d'autres techniques, bien sûr, mais pour l'instant c'était celle-ci qui fonctionnait le mieux. Son don usait beaucoup de son énergie et quelques gouttes de sueur commençaient à perler sur son front. Soudain, il entendit des pas dans le couloir. Quelqu'un arrivait. Zeno épongea son visage avec sa manche et s'allongea sur la couchette, comme si de rien était. Il ne fallait surtout pas que le Maître se rende compte qu'il avait déclenché son pouvoir. Lorsqu'on l'avait rejeté dans sa cellule, il avait eut beaucoup de peine pour Joy, la petite fille qu'il avait réconforté alors qu'elle était terrorisée. Elle était ici depuis presque un mois. C'était à ce moment que Zeno avait comprit qu'elle était bien plus forte qu'elle n'y paraissait. De sa prison, il avait pu entendre les cris perçants de douleur de la fillette. Elle était bien trop jeune pour subir ce genre de torture (ni n'importe quelle autre, d'ailleurs). Il aurait voulu détruire cette porte, et malgré tous ses essais pour la brûler, il n'avait jamais réussi.L'on déverrouilla la porte : elle s'ouvrit sur les deux gardes avec lesquels il avait parlé à sa première sortie de prison. Ils avaient l'air un peu benêt, et le grand frère de Selena sut tout de suite qu'il n'aurait aucun mal à leur soutirer des informations concernant sa sœur. Celui qui possédait une épaisse barbe rousse dit simplement :

- Suis-nous, le Maître souhaite te parler. 

La seule chose qui le réconfortait, chaque fois qu'il devait venir le voir, c'est qu'il pourrait voir si sa sœur allait bien. Il les suivit et, comme chaque fois, il essaya de trouver des trappes, des failles ou n'importe quoi qui pourrait mener vers une éventuelle sortie. Mais comme chaque fois,  il ne trouva rien, il ne pourrait sortir de la forteresse que par la porte principale, et il faudrait d'abord qu'il la trouve. Ils arrivèrent devant la porte qui commençait à lui paraître 

familière, et , lorsqu'ils entrèrent, les soldats esquissèrent une révérence bien faite. Bien sûr, lui ne se courba pas, et le geôlier essaya quelque chose : il tira sur la chaîne pour que Selena s'approche de lui et lui prit son bras. Avec une fine lame, il la lui entailla profondément dans son poignet, et elle cria de douleur. Zeno voulu courir vers elle, mais ses muscles étaient comme tétanisés. Il comprit que l'homme le retenait par sa seule pensée et il savait ce qui lui restait à faire. Comme les gardes qui l'entouraient, il posa un genou sur le marbre froid et courba l'échine. Satisfait, il lâcha sa sœur qui s'éloigna autant que son collier le lui permettait de son tortionnaire. Elle essuya tant bien que mal le sang qui ne cessait de couler sur sa jupe rouge.

- La prochaine fois que tu te montreras irrespectueux envers moi, je lui entaillerais l'autre poignet. Est-ce bien clair ?

Il hocha de la tête et il lui donna l'ordre de se relever. Il commença :

- Vous connaissez sûrement le prénommé Lucas, un jeune garçon qui  devrait avoir à peu près votre âge.

- Oui, répondirent-ils en cœur. Zeno eut soudain un mauvais pressentiment. Que ce monstre voulait-il leur annoncer ? 

- Sanchez qu'il se trouve être le dernier Élu. Il est en chemin pour venir vous retrouver. Vous devez beaucoup compter pour lui pour qu'il prenne autant de risques. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il tombe dans dans un piège. Nous avons dispersé sur le chemin des morceaux de tissu de la robe de ma servante, et il croit que c'est elle qui les a laissés pour qu'il puisse vous retrouver. Dans quelques heures, quelques jours tout au plus, Lucas viendra de lui même jusqu'ici, et ce à cause de vous. Quelle ironie, non ? 

Lune de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant