Epilogue {CORRIGÉ}

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Le vide. C'est la sensation que l'on a lorsqu'une personne s'en va. C'est ce que ressent Eddie maintenant. Richie s'en est allé. Son corps repose sur son lit défait, il ne respire plus. Quelques boucles brunes tombent sur son visage d'adolescent qui ne connaitra jamais l'âge adulte. Un adolescent qui n'a plus d'avenir.

"Eddie, je respire encore". Mais qu'avait-il voulut dire par là ? Personne ne le saura jamais. Jamais c'est le mot qui définit tout. Il indique le moment présent. Et la douleur s'accumule, c'est un poids qui se forme en Eddie. La vie est terne, Derry est gris à présent. Un frisson parcourt la colonne vertébrale du brun, observant toujours le corps inanimé du noireau. Devrait-il appeler les autres ? Oui évidemment, mais il ne le fera pas. Tout simplement parce qu'il avait d'autres choses à faire. Il caresse le visage pâle de Richie, et tente de sourire. Mais son visage se crispe instantanément et laisse place à la tristesse. En moins d'une minute, un torrent de larmes jaillit des petits yeux noisettes d'Eddie. Il se lève et frappe faiblement le mur avec sa main droite. Une petite flaque de sang se forme à ses pieds, et il tombe à genoux. Maintenant il est allongé au sol, sur la vieille moquette couverte de bactérie. Il se recroqueville et des litres d'eau déferlent de ses yeux, mouillant le sol et ses vêtements. Pourquoi eux, pourquoi lui ? Une sorte de Roméo et Juliette, enfin, Roméo et Roméo. Peut être se réveillerait-il si Eddie partait aussi. Le poison n'existe pas, Roméo n'est pas mort. Roméo vit et l'autre meurt, ainsi doit se terminer l'histoire. Parce qu'un cœur à moitié formé ne peut battre correctement. La réunion de l'amour. Et s'il disait vrai. Il respire encore, encore, encore, encore...

Encore Eddie, griffe toi encore. Sombrer dans la folie. Tout n'est que mensonge. La vie est une histoire et chaques histoires à sa fin. Mais l'histoire de Richie était trop courte. L'histoire de Richie, c'est celle d'Eddie et inversement. Il ne font qu'un, mort ou vivant. Les jambes tremblantes se lèvent, à deux doigts de tomber encore et encore et encore, pour toujours. C'est comme tomber dans un puits sans fond. La main en sang ouvre la porte et il se cogne contre le placard à médicaments. Le miroir devant lui indique une personne qui fait peur à voir. Aussi pâle que le noireau, il se touche le visage. Fin, douloureux. Ouvrir, tendre, prendre, fermer, partir. Au sens propre comme au figuré, il faut qu'il s'envole. Il s'allonge près de celui qu'il aimera jusqu'à la fin. Un dernier baiser, une petite poignée et il ferme les yeux. Tout ne peut pas finir bien, il y a bien un moment terrifiant.

Angoisse, noir et soudain tunnel. L'aveuglante lumière et le silence. Il prend conscience de ses actes. Puis il l'aperçoit. En pleine forme et souriant, lui tendant les bras pour le câliner. Pouvoir le toucher, le sentir, le...

"Es-tu sûr de ton choix ?"

De l'autre coté les cris et le mal, ici l'amour. Le choix est fait et annoncé. Un court instant puis un baiser. Le plus beaux, le plus doux, le plus fantastique. Pourtant a-t-il vraiment bien choisi ? Il respire encore, toujours, jamais, peut-être. Tant de questions qui ne sont que des mots après tout. Pourquoi parler alors que les gestes veulent tout dire.

"Eddie je t'ai aimé si fort, quand le moment sera venu, ne m'oublie pas. Mon corps meurent mais pas mon coeur parce qu'Eddie souviens toi... Je respire encore."

Richard Tozier, 17 ans, mort du syndrome d'immunodéficience acquise.

Edward Kaspbrack, 17 ans, mort d'une trop grosse dose de médicaments.

Ou plutôt, d'une trop grosse dose d'amour.

× × ×

LoVer -- Reddie {CORRIGÉ}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant