Chapitre 2 {CORRIGÉ}

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-Eddiechou ?! C'est toi ?

  Eddie arriva chez lui en claquant la porte. La dame qui lui servait de mère se leva difficilement de son fauteuil et remit ses lunettes en place. Elle se dirigea vers son fils pour le prendre dans ses bras mais elle n'eut même pas le temps de l'approcher que celui-ci entra furieux dans sa chambre et verrouilla la porte.

  -Edward Kaspbrack ouvre cette porte immédiatement !

  -Pas maintenant.

 Elle soupira et retourna lentement s'asseoir dans son fauteuil, le seul meuble de la maison qui survivait encore face à son poids. Eddie tapa rageusement du pied contre son bureau en bois de chêne. Peu après une vive douleur s'empara du garçon. Non pas qu'il avait mal au pied, non c'était autre chose. Il avait mal au cœur. Tellement mal, tellement mal qu'il aurait voulu tout stopper juste pour arrêter de souffrir. Mais cette souffrance, c'était lui qui l'avait déclenché. C'est Eddie qui avait voulu cette séparation. Alors pourquoi il n'avait rien dit à Richie pour ses sentiments ? Une histoire de fierté sûrement. Qu'est ce qu'il trouvait ça stupide la fierté.

× × ×

  Pour se détendre, il prit une douche froide. Mais rien n'y fit. Il enfila une veste qui traînait par là et sortit par la fenêtre de sa chambre, ce qu'il n'avait pas fait depuis une éternité. Dehors une légère brise fit bouger ses quelques mèches rebelles. Le soleil se couchait lentement et il n'allait pas tarder à faire nuit. Eddie sortit son vieux vélo caché derrière plusieurs cartons. Bien que le garçon ait grandit, le vélo était toujours à sa taille. Il monta dessus et pédala aussi vite qu'il put jusqu'à la carrière. En chemin, il passa devant la maison des Tozier. Les lumières étaient éteintes et bizarrement le grand vélo de Richie n'était pas présent. Eddie secoua la tête et pédala encore plus vite. Il s'arrêta enfin et cala son bolide contre un arbre. Il marcha et s'assit, les pieds dans le vide. L'obscurité avait envahie Derry et des milliers d'étoiles scintillaient dans le ciel. Kaspbrack inspira et expira l'air frais du mois de septembre. Quelques instants plus tard deux torrents de larmes coulaient le long de ses joues emplis de tâches de rousseurs. Il renifla plusieurs fois avant d'entendre une voix grave et familière dans son dos.

  -Hey spaghettis..

   Richie Tozier s'avança prudemment et s'assit à côté du garçon qui séchait ses larmes avec les manches de sa veste.

  -Salut Richie...

   C'était une des premières fois où Eddie ne faisait aucune remarque sur un surnom. Richie remarqua que son petit Eds' tremblotait de froid. Il retira son pull et lui tendit, sourire au lèvres. Eddie accepta et mit le pull. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas sentit cette sensation de bien-être et il adorait ça.

  -Qu'est ce que j'ai été stupide...

     Et de nouveau, le tsunami de larmes s'écoulaient sur les joues du petit brun. Richie ne supportait pas de le voir comme ça, il s'approcha et sécha les larmes d'Eddie en lui souriant.

  -On a tout les deux été cons tu sais..

  -Tu crois..?

     Non, il ne croyait pas, il en était sûr. Jamais ils n'avaient été aussi bêtes tout les deux en même temps. Richie passa un bras autour des épaules d'Eddie et l'attira contre lui.

  -Je ne te laisserai plus jamais seul.

  -Je...

  -Tais toi et profite..

    Il avait raison. Tout se passait comme dans un rêve. Richie chatouilla gentiment Eddie ce qui le fit rire. Cela faisait si longtemps que le bouclé n'avait pas entendu ce petit rire qu'il aimait tant. Il remonta ses lunettes pendant qu'Eddie calait sa tête dans le cou de Richie reniflant par moment son odeur qui lui avait manqué.

  -J'ai le droit de te dire un truc Eds' ?

  -Je pensais qu'il fallait se taire ?

    Un sourire en coin apparu sur le visage du binoclard.

  -Je n'ai jamais cessé de t'aimer.

  -Mais..

  -Laisse moi finir. Jamais je n'ai autant pensé à toi et tout ce qui me plaisait chez toi. Plusieurs fois j'ai voulu t'appeler ou débarquer à l'improviste pour te dire à quel point je t'aimais mais tu vois, tu pense que je suis courageux et pourtant j'ai même pas été capable de juste te dire ce que je ressentais...

  Sa dernière phrase avait été étouffée par des sanglots. C'était au tour de Richie de pleurer. Jamais on ne l'avait vu pleurer, mais là, ça en valait la peine.

  -Je t'aime tellement. Je sais même pas si j'aurais réussi à tenir sans toi à mes côtés.

 Et Eddie pleura encore. Les deux garçons se regardèrent en souriant et baissèrent la tête en même temps.

  -Je t'aime aussi...

 Leurs regards se croisèrent et quelques centimètres les séparaient. Richie mit fin à cette séparation en posant doucement ses lèvres sur celles d'Eddie. Pendant de longues minutes ils restèrent sans rien faire de peur de tout gâcher. Puis leurs lèvres se mirent à bouger. Ils se retirèrent et s'allongèrent sans se lâcher du regard. Puis ils s'embrassèrent encore et à ce moment là, Eddie ne savait pas si les larmes qui roulaient sur ses joues étaient les siennes où celle de Richie, si c'étaient des larmes de joie ou de tristesse et s'il aimait ou adorait ce merveilleux moment. Tout était parfait et il aurait voulu que la nuit dure une éternité. Blottit dans les bras de Richie, il ferma les yeux, tout sourire.

  Ils avaient retrouvé la joie de vivre car l'un complétait l'autre. L'un était la pièce manquante du puzzle de l'autre. S'il en manquait un, l'histoire ne pouvait se terminer. Si l'autre n'était pas présent, la vie ne valait pas la peine d'être vécue. Ils s'étaient retrouvés l'un dans l'autre, comme si "l'avant" n'avait été qu'un mauvais rêve et que la vraie histoire commençait ici, sous un grand ciel étoilé, près d'un grand lac, un mois de septembre 1963.

LoVer -- Reddie {CORRIGÉ}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant