Chapitre 8 {CORRIGÉ}

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  Richie avait toujours eu peur de la mort. Mais pas comme on a peur d'un clown. Non, Richie avait peur de la mort depuis qu'il était arrivé dans sa vie. Depuis qu'il avait rencontré Eddie. Il avait peur de la mort tout simplement parce qu'il avait peur de laisser Eddie seul. Eddie était trop fragile, trop pur, trop gentil pour le monde qui l'entourait. Et si Richie venait à disparaître, Eddie ne serait plus protégé. Tout ce que voulait Richie, c'est que son petit Eddie soit sain et sauf, qu'il ne manque de rien et qu'il vive une belle vie.

  Richie l'avait su la deuxième années de leur break. Lorsqu'il l'avait su, il l'avait gardé pour lui, s'efforçant d'oublier le fait que bientôt, plus personne ne serait là pour Eddie. Il l'aimait, bon dieu qu'est ce qu'il l'aimait, et c'est justement pour ça qu'il ne fallait rien dire. Peut-être que c'était mieux ainsi. Et pourtant, Richie ne pouvait s'empêcher d'y penser, de penser à sa plus grosse erreur. Cette erreur qui allait lui coûter la vie. Une vie bien trop courte pour ce jeune homme qui avait encore tant de choses à vivre. Au moins, il ne transmettrait pas son erreur à  Eddie. Mais comment lui dire ? Comment lui dire que sa gaffe était entrain de le détruire, de tout détruire. Mais Richie était comme ça, il détruisait tout ce qu'il touchait. Il allait détruire Eddie. Involontairement certes, mais plus rien ne serait jamais comme avant. Dés que l'annonce sera faite, Eddie se sentira coupable, Richie dira que ce n'est pas si grave, Eddie pleurera, Eddie se sentira coupable et la boucle se resserra jusqu'à ce qu'il ne reste plus que de la poussière. Tout cela aurait bien plus à l'ancien clown, il aurait rit. Richie aussi avant en aurait rit, mais le sort en avait décidé autrement et c'était sur lui que le malheur était tombé. C'était lui qui allait endurer la souffrance, les pleurs, la peur, la mort. Pour oublier, il fumait deux fois plus mais pas en présence d'Eddie. Il était trop précieux pour toucher au tabac. Ce tabac qui vous bouffe le corps et vous, vous en redemandez. Vous redemandez au cancer de venir encore et encore. À croire que le monde aimait la mort.

    Richie pensait à tout ça, assis dans son vieux canapé vert foncé, une cigarette entre deux doigts. Il réfléchissait à quand son cœur arrêterait de battre. Toutes ces pensées, Richie les notaient. Il voulait laisser une trace, pour qu'Eddie n'oublie jamais qui il était, pour ses amis aussi, et même pour son père. En levant les yeux de sa feuille raturée, il observa longuement la photo de lui et ses amis. Il se souvenait très bien, c'était à leur entrée au lycée. Tous c'étaient prit en photo à la carrière, juste avant de se rendre au lycée. Ils avaient bien rit. Et c'est à ce moment là que Richie réalisa qu'il n'aurait sûrement plus de moments de ce genre. Mais pour arrêter d'y penser, il alluma sa quatrième cigarettes et se leva de son canapé en grognant. Il ouvrit le frigo et n'y découvrit qu'une vieille pomme et un tube de mayonnaise périmée. Il allait devoir aller faire les courses. C'était donc ça que l'on faisait lorsqu'on allait mourir, on faisait les courses, on rangeait son appartement, on se promenait. Alors Richie jeta sa cigarette par la fenêtre et donna un grand coup dans son frigo. Il hurlait et ça lui faisait du bien, beaucoup de bien. Ça y est, il était sûr, il allait tout lui dire et profiter de ses journées au maximum. Oui, il comptait bien tout dire et révéler à tout Derry qu'il allait mourir bientôt. Alors il attrapa sa veste, réajusta ses lunettes et enfila une paires de baskets puis il sortit. Le soleil tapait et il allait transpirer mais il s'en fichait. Tout ce qui comptait c'était faire tout ce dont il avait toujours rêvé. Il marcha, pas le temps d'attendre le bus. Il courrait plus précisément, un peu comme dans les films. Il courrait vers chez Eddie parce qu'il allait faire ce que jamais il n'aurait osé faire. Lorsqu'il aperçut la maison d'Eddie, il accourut et sonna. Ce fut son tendre Edward qui lui ouvrit la porte, un peu surpris mais content. Pas le temps pour des explications, plus tard les discussions. Il attrapa la main de son petit ami et se dirigea vers le salon. Là, assise dans son gros fauteuil, se trouvait madame Kaspbrack. Elle tourna la tête, aussi très surprise de voir Richie. Celui-ci posa ses mains sur les deux joues du brun et l'embrassa comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Puis il le regarda pendant quelques secondes, laissant la mère encaisser le choc et il se mit à courir, tenant toujours fermement la main d'Eddie dans la sienne.

LoVer -- Reddie {CORRIGÉ}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant