Injustes injustices

I - Fleur de colza.

À celles et ceux qui ont souffert et haï des mains.

Elle s'appelait Marine, son surnom était joie
Telle une fleur de colza, irradiait de vie
Le bonheur peint aux lèvres et l'amour plein des bras
Son rire d'enfant ? La plus douce des mélodies.

Elle s'appelait Laura, des rêves dans les yeux
Rêves de liberté, rêves d'une vie sauvage
Rêves de princesse, ou rêves d'aventurier
Tous ces rêves merveilleux étaient ceux de son âge.

Elle s'appelait Lucie, l'altruisme dans le sang
Transmis de mère en fille, comme son côté fleur bleue
Voyait le bien partout, même chez les méchants
Les tueurs, les pervers, et tous ces gens douteux.

Elle s'appelait Charlotte, une fille ordinaire
La tête pleine d'innocence et d'idéaux
Le laissa s'approcher, et puis le laissa faire
Sans l'ombre d'un soupçon, sans l'ombre d'un remords

Elle s'appelait Lisa, et tout alla trop vite
Trop vite pour apprendre, trop vite pour douter
Beaucoup trop vite, trop vite pour prendre la fuite
Trop vite pour comprendre, trop vite pour crier.

Elle s'appelait Julie, et il était trop tard
Trop tard pour ignorer, trop tard pour oublier
Ce visage, au fer rouge marqué dans sa mémoire
Tapi dans ses cauchemars, derrière ses yeux fermés.

Elle s'appelait Chloé, elle n'a jamais parlé
Trop de honte pour l'admettre, de peur pour parler
A enfoui cet homme, cette contusion passée
Cachant la fissure qui à jamais l'a brisée.

Elle s'appelait Camille une fleur de colza
Une fleur parmi tant d'autres, une fleur oubliée
Tannée par le soleil, écrasée par les pas,
Détail insignifiant, à vie traumatisée.

MathildesBlaueBlume