Chapitre 4 Ancienne Version

21K 996 95
                                    

Le concours posté, mon regard se tourne vers la fenêtre. Le temps commence à s'assombrir. Il a plu tout le week-end. Je suis restée enfermée seule chez moi et me suis occupée de Madeleine. J'ai parlé au téléphone avec mon frère. Il m'a dit qu'il avait commis une erreur. Il a embrassé Rachel à leur bureau le vendredi et l'a invitée pour Halloween. Pour Halloween ! Normalement nous passons la journée ensemble ! Là, il va me laisser seule pour une femme qu'il n'aime pas ! Enfin c'est ce qu'il dit. Louis s'est toujours maîtrisé. Les rares fois où il a perdu prises étaient après être sorti de prison. Je soupçonne qu'il ressent quelque chose pour la femme, mais qu'il ne veut pas y croire ou me le dire. Peut-être a-t-il peur qu'elle finisse par le larguer ? Où veut-il seulement la mettre dans son lit puis la lâcher ? Quoi qu'il en soit, je vais continuer de surveiller tout ça de très près. Je n'aimerais pas qu'il se fasse avoir à nouveau. Même s'il n'est pas stupide, une femme pourrait lui faire perdre la tête et lui briser à nouveau le cœur.

Je n'ai plus reçu de message de la part de l'auteur inconnu depuis que je n'ai pas donné suite. Cela ne se fait pas, je le sais très bien. Seulement, je n'ai pas vraiment le choix. Si mon boss apprend que je lui ai répondu, et pire que j'ai lu l'extrait, il risque d'être énervé. Je n'aimerais pas qu'il sache qu'il m'a coupé pendant la lecture. Je n'ai pas osé la continuer d'ailleurs. J'ai un peu peur que cela refasse monter mes envies. C'est assez déstabilisant de voir qu'un petit texte peut m'exciter.

À la fin de la semaine, je devrais contacter le gagnant du concours pour l'e-book. C'est comme ça tous les mois pour un nouveau livre en vente. Puis viens après un concours pour livre broché. Je n'ai jamais osé participer. Ce serait de la triche ! Mais il est vrai que de lire tous les résumés, cela me donne envie de tous les acheter.

Argh, la passion des livres ! C'est horrible ! Devoir se retenir sinon on craquerait son porte-monnaie et on aurait des crédits sur cent ans... Si ce n'était que de moi, je passerais toute ma journée dans les livres. Si j'avais eu le cran, j'aurais mon propre livre dans les mains. Bordel ! Mais pourquoi ai-je aussi peur du jugement ? D'écrire de la merde et que cela me vaut les pires critiques du monde ?

Je me lève vivement et attrape mon sac à main noir. Ma veste enfilée, je quitte mon bureau. Pour cette nouvelle semaine, je me suis mis des objectifs. Oublier Jordan, tenter de ne plus le croiser et s'il vient encore m'embêter aller directement en parler avec l'éditeur Monsieur Weits. J'aimerais bien ne plus avoir peur de lui, pouvoir travailler tranquillement. Si pour cela je dois aller cafter, je n'hésiterais pas.

Je traverse le couloir, croise un collègue que je salue poliment, puis continue mon chemin jusqu'aux ascenseurs. J'appuie sur le bouton et attends que l'un arrive. Les secondes défilent sans que rien ne se passe. Ce que c'est long ! Si ça continue, je vais passer toute ma pause de quatre heures coincées ici. Je triture mes doigts et lance un coup d'œil à la porte qui mène aux escaliers. J'irais peut-être plus vite à pied. Dans un moment où la boufaïsse me monte, j'entreprends de marcher jusqu'à la porte. C'est à ce moment-là que j'entends la petite sonnerie de l'ascenseur. Je grogne et fais marche arrière.

Mes yeux se posent sur quelque chose que je n'aurais jamais pu imaginer. Jamais ! Je ne m'y attendais tellement pas que mon souffle se coupe jusqu'à ce que je sente le besoin de respirer. Ils sont tous les deux là, en train de se décoller de la paroi. Jordan me regarde avec un air inquiet et je sais pourquoi. Il baisse la tête et referme son pantalon, rangeant donc son membre. Graziella me lance un magnifique sourire, son plus beau même. Je suis dégoûtée. Je croyais qu'il était avec Margot, mais ça n'a pas l'air d'être le cas.

Graziella, la secrétaire imbue d'elle-même et arrogante, arrange son haut gris ainsi que sa jupe, avant de prendre un air égal.

Je défie du regard la cabine. Je n'ai pas envie de rentrer et de rester coincée avec eux.

Émilien Weits - Tome 1 EmpriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant