Chapitre 8 Ancienne Version

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Léxandre m'a bien gentiment emmenée à mon lieu de travail. Il a été étonné de voir que c'était une immense et bien entretenue ancienne maison. Depuis le temps que j'y suis, je ne fais plus attention à l'environnement. Pourtant quand on s'y arrête plusieurs minutes, les locaux de l'entreprise sont magnifiques. On se croirait dans une maison de riche d'un ancien temps.

Je me maintiens à la portière pour ne pas tomber. Je n'ai pas du tout envie de l'avouer, mais Léxandre avait peut-être raison. Je n'aurais pas dû venir. Pour me ramener à ma voiture qui est restée sur le parking du club, il m'a donné son numéro. Je n'aurais qu'à lui envoyer un message trente minutes avant que je termine mon travail.

Après plusieurs minutes fermement accrochées à la portière, je décide de me lancer. J'ai déjà un retard d'une heure et quart. Mon patron va me faire une réflexion. Au pire, il me demandera de faire une heure et quart de rattrapage. Ça m'apprendra !

C'est le cœur lourd que j'entre dans les locaux. La première chose que j'ai envie de faire est de vomir toutes mes tripes. Si j'avais su, je n'aurais pas autant bu !

Les jambes tremblantes, je pénètre dans l'ascenseur. Ma main à mon front, je constate qu'il est brûlant. À mon étage, j'avance pour sortir. Il fait chaud. Trop, j'ai la sensation de fondre. N'a-t-on pas le droit de venir nu à son travail quand la chaleur est à son comble ? J'ai la gorge sèche, les jambes cotonneuses. C'est bizarre, cette impression de glisser sur le sol, comme si mes pieds ne le touchaient plus, me stresse.

On presse mes bras et ma vision est brouillée par un voile gris. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Je ressens juste que l'on me tire en avant et que je tombe sur quelque chose de dur. Mon corps se retrouve plaqué contre celui d'un homme. J'en suis certaine, je le sens même ! Des bras musclés me tiennent contre cet inconnu qui râle.

— Bon sang, fait-il.

Les paupières fermées, je laisse ma tête tomber sur ce que je devine être son épaule. Mes bras pendent mollement dans le vide. La petite chanson dans ma tête est revenue. Je grimace et enfouis mon visage au creux du cou de l'homme. Son souffle chaud à ma nuque picote ma peau, de la tête aux pieds.

— Madame Becker, m'interpelle l'homme qui me tient. Pourriez-vous vous reprendre ?

Mes yeux s'ouvrent tout doucement, comme si j'émergeais d'un doux rêve. Je m'écarte de quelques centimètres pour voir l'inconnu qui me parle. La raison pour laquelle que je me trouve dans ses bras ne me préoccupe pas. Je dois même avouer que je m'en contrefous ! Je me sens petite et protégée contre ce corps si imposant. Puis, le membre que je sens contre le bas de mon corps me fait frémir. Cela me ramène même lentement à la réalité, malgré moi.

Ma bouche s'entrouvre quand je découvre qu'il s'agit de Monsieur Weits. Je n'ai qu'une seule chose à la tête.

— Vous sentez... vraiment bon, soufflé-je.

Il reste stoïque ce qui me fait me rembrunir. Ma lèvre inférieure est mise en avant, comme si je boudais.

— Vous êtes en retard, dit-il sur un ton froid. De plus vous empestez l'alcool et vous n'êtes pas capable de tenir sur vos pieds !

Je hausse des épaules, avant de sourire. Du moins, je suppose que je souris, car je ne sais pas du tout ce à quoi je ressemble.

— Vous voulez m'aider à me déshabiller ? lui demandé-je.

Je ne contrôle ni mon corps ni mes paroles. Je sors exactement tout ce dont je pense sans aucun filtre. Voilà les derniers effets de l'alcool. Superbe, je vais me faire virer.

— Vous savez ce que vous allez faire ? m'interroge-t-il sur le même ton froid. Vous allez appeler un taxi qui vous ramènera chez vous. Demain vous reviendrez sobre.

Émilien Weits - Tome 1 EmpriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant