3 - Version Finale

848 37 1
                                    

Un long soupir s'échappe de ma gorge. C'est bientôt la pause. Cette semaine, je me suis concentrée uniquement sur mon travail. J'ai ignoré le mieux que je pouvais mon imbécile d'ex que j'ai croisé plusieurs fois sur mon chemin. Je suis sortie samedi soir avec Louis et son amie Rachel. Cette dernière est celle avec qui il a eu rencard la dernière fois. Jamais je n'aurais pu croire qu'il finirait par tourner la page.

Malgré ses airs "tout va parfaitement bien !", on voit qu'il est triste. Il pensait se marier et fonder une famille avec son ex. Seulement, ce n'est jamais arrivé.

Durant notre scolarité, Louis était le type bad boy. Mais pas méchamment. Il ouvrait sa bouche et secouait les autres que pour protéger ses proches. Il ne supportait pas qu'une mauvaise action reste impunie. Tout le monde doit payer ses erreurs. Puis quand il était à la fac pour ses études de commerces, tout s'est dégradé. Nous n'étions plus ensemble, j'étais encore au lycée. Il a suivi ses potes et n'a pas terminé ses études. Je sortais du lycée quand j'ai appris qu'il avait été arrêté. Je crois bien avoir pleuré toutes les larmes de mon corps. Tout s'écroulait. Mon frère était tout ce dont j'avais de plus cher. Pour moi, c'était comme s'il m'avait abandonné pour des conneries.

J'ai tenté plusieurs fois de savoir le motif de son incarcération, mais j'ai toujours échoué. Il a peut-être peur que je le juge.

Le dernier mail répondu, l'heure de ma pause a sonné. Je repense à ma pauvre jupe que j'ai jetée. Je ne suis pas du tout forte en couture et en racheter une sera probablement moins cher que de payer les services d'une couturière sur Paris.

C'est dans un faux sourire que je sors de mon bureau. Arrivée au premier étage, je me jette littéralement sur la machine à café. Il n'y a plus que ça pour me remotiver. Depuis le début de cette semaine, bizarrement, j'ai eu très envie de rester enfermée chez moi. Sauf que cela est impossible. Mon poste est assez important et je ne peux pas me faire porter pâle pour quelque chose d'aussi futile.

Mon petit remontant en main, je me dirige vers les ascenseurs. Je n'ai aucune envie de croiser Jordan maintenant. C'est un peu comme un jeu. Je me cache dans mon bureau et y sors rarement, le plus discrètement. La dernière fois que nous nous sommes parlé, j'ai failli lui jeter mon téléphone à la gueule. Mercredi, il avait attendu dans l'ascenseur exprès pour que nous puissions parler. J'ai souri et ai fait comme si je ne l'entendais pas. Je lui ai dit que j'étais cent fois mieux sans lui. Cela pourrait être vrai. J'aimerais beaucoup me dire que tout est magnifique. Que je suis en pleine santé, que je fais mon job préféré et que ma tortue n'attend que mon retour. Je voudrais me voiler la face. Faire comme si tout va bien alors que ce n'est pas le cas. C'est tout bonnement trop difficile pour l'instant.

Je me retourne vivement. Mes doigts chauffent. Il y a de fortes chances pour que je me retrouve ébouillantée avant d'arriver à mon bureau. Tant pis, je prends le risque.

Je suis arrêtée en plein élan. Mon verre brûlant de café se renverse sur mon haut. Merde, j'ai heurté quelqu'un ! Non, mais quelle cruche ! Entre la jupe et maintenant ça. Ce n'est définitivement pas ma semaine.

— Putain de merde, râlé-je, en écartant le fichu verre en plastique.

— Oh mince ! Excusez-moi, Madame Becker. Je n'ai pas vu où j'allais.

Ma tête se relève. Mes yeux se plongent dans ceux de mon boss qui mate l'énorme tache de café à ma poitrine. J'éclaircis ma gorge. Il passe une main dans ses cheveux en détournant le regard gêné. Je l'ai très bien vu me détailler. Ce n'est pas le premier et ni le dernier.

Du coin de l'œil, je vois que Monsieur Weits est accompagné d'une femme. Pas n'importe laquelle. Il s'agit d'une grande auteure de la maison d'édition. Gaëlle Julien. Comme foudroyé sur place, mon corps tressaille avant de se figer. Sous le choc de voir la jeune femme sous mes yeux, je bafouille plusieurs mots incompréhensibles. J'adore cette auteure ! Elle écrit divinement bien. Ses histoires sont belles et attendrissantes.

Émilien Weits - Tome 1 EmpriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant