Seulement toi

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Il était un peu plus de 12h30 lorsque je m'arrêtais enfin à une aire de repos. C'était la première pause que je m'accordais,et je commençais à avoir faim,n'ayant pas eu le temps de déjeuner avant de partir. En effet,j'avais pris plus de temps que prévu pour choisir une tenue,trop stressée et désireuse de te plaire. J'avais longuement hésité devant mes éternelles chemises à carreaux que j'aimais pour leurs côtés un peu rock,mais avait fini par opter pour un chemisier blanc écru légèrement décolleté et plus «adulte». Malgré mon manque d'assurance et ma poitrine que j'avais en horreur,je savais à quel point tu aimais me voir ainsi,et j'appréciais tout autant tes yeux enjôleurs et tes mains baladeuses. De plus,j'essayais de compenser ma petite taille par des vêtements de vraie femme,et j'aimais assez ce style qui me rendait différente de ce à quoi je ressemblait par le passé. Je portais un jean noir serré et des converses usées,bien plus confortables pour conduire que mes talons,qui attendaient patiemment dans mon sac. Je descendis de ma voiture,la verrouillais puis me dirigeais vers la station service afin d'y acheter un en-cas.

C'était une de ces grandes aires de repos avec de petites tables mises à disposition des voyageurs. Quelques distributeurs de boissons chaudes étaient entreposés devant un grand mur d'un blanc douteux. C'était une heure d'affluence et une file commençait à se former devant l'entrée des toilettes pour femme,créant quelques difficultés pour les autres personnes circulant dans la zone. Cessant mes observations,je me dirigeais vers les rayons de la petite supérette afin d'y trouver de quoi manger. Une fois le choix arrêté,je payais mes achats en caisse,sous le regard blasé du caissier. Après un salut automatique,je pris mon sandwich et ma bouteille d'eau et me dirigeai vers l'une des tables afin de prendre mon déjeuner.

Je promenais mon regard sur l'espace qui s'étendait devant moi,et me mit à repenser à notre année de première. Nous étions aller à Paris avec notre cours d'art plastique,et nous nous étions arrêtés dans un endroit similaire à celui-ci sur le chemin du retour. Nous avions alors fumé une cigarette à l'extérieur du bâtiment,rien que toi et moi. Je ne pouvais m'empêcher de te regarder sous tout les angles. Je te trouvais terriblement attirante. Tu me plaisais,c'était indéniable,mais je savais ton cœur pris,et ne voulant pas briser un couple,je m'étais retenue. Pourtant Dieu sais que j'en mourrais d'envie. Cette période de flirt avait été le début de notre histoire,et j'en étais fière aujourd'hui,parce qu'un 03 mars tu avais fini par m'embrasser dans ce couloir du lycée.

Je devais sûrement sourire à cet instant précis,assise seule à ma table,parce que les gens autour de moi commençaient à me regarder d'un drôle d'air. Une jeune fille d'environ 17 ans surtout. Elle était assise non loin et me regardais avec intensité. A bien y réfléchir,elle me dévisageait ainsi depuis que je m'étais aventuré dans cet endroit. J'avais depuis le début de mon apprentissage commencé à prendre davantage soin de moi,ayant également pris l'habitude de me maquiller et de me coiffer de façon à paraître plus adulte. Je sentais le regard de cette fille aux cheveux coupés à la garçonne et au look équivoque sur moi mais n'y prêtais guère attention. Je n'avais d'yeux que pour toi,et tu étais pour moi la seule. Ce n'était pas par dépit,mais bien parce que je t'aimais toi et personne d'autre. Je n'avais aucune envie de flirter avec quelqu'un d'autre,ni même de faire ma vie avec un être qui ne serait pas toi.

Non,ce n'étais pas par défaut de n'avoir trouver personne d'autre. A vrai dire,j'avais dut repousser un garçon qui travaillais au même service que moi. Je lui avais tout simplement répondu que j'étais amoureuse,et heureuse,et ce depuis bientôt deux ans. Je ne l'avais pas fais par conscience morale,mais bien parce que je t'aimais. Parce que je ne voulais personne d'autre que toi à partager ma vie,et parce que même si ton absence était difficile à vivre,je préférais la surmonter avec toi plutôt que de te remplacer par un pis-aller. Qu'il soit là par amour ou simplement par divertissement,je ne voulais pas de lui,ni même de tout autre personne,tout sexe confondus. Je me demandais si toi aussi,tu résonnais de la sorte,ou si tu..

Secouant la tête comme pour chasser une mauvaise image de ma rétine,je me levai et sans aucune considération pour la jeune fille aux cheveux courts,je rejoignis ma voiture et repris la route en direction de mon miracle,avec un mauvais pressentiment cette fois. Mon cœur semblait plus lourds qu'au départ de mon périple,comme alourdi par une mauvaise nouvelle. Je mis une playlist assez dure,composée à l'essentiel de morceaux de rock. Le premier titre fut Gravity de Papa Roach, à ma plus grande horreur. La chanson de l'infidèle chanteur m'horripila et je changeai de chanson immédiatement, accélérant bien au-delà de la limite autorisée, fermement décidée à lever mes soupçons que je savais infondés. Tu étais sûrement à cet instant même assise en classe,devant un prof ennuyant au possible et non dans les bras d'une magnifique et brillante étudiante rencontrée la veille dans un bar.

Ou pire,une fille que tu aurait remarqué depuis septembre.

J'essayais tant bien que mal d'oublier cette idée saugrenu pendant le reste du trajet,mais elle collait à mes roues comme du vieux chewing-gum et je ne parvenais à m'en défaire. J'avais fini par avoir mal à la tête et devenait exécrable au fil des kilomètres. Je ne pouvais pas aller t'attendre devant l'IUT dans cet état,et décidais donc de me rendre d'abord devant ton appartement où j'aurais le temps de me calmer avant de venir te chercher pour te faire cette surprise que j'espérais réussie. Après une heure et demie de route,j'arrivais devant ton immeuble et me garai.

RéveilWhere stories live. Discover now