Une fille de trop

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Je continuais de te regarder,ne sachant que répondre. Mon corps en état de choc ne bougeait plus,j'étais incapable de prendre une décision ni même de réfléchir. Tout ce qui sorti de ma bouche fut un «Trop tard. C'est trop tard Julie.» Tu te mis à pleurer de plus belle,essayant de m'agripper le bras à travers la vitre. Sans ménagement je me dégageai,et commençais à reculer afin de sortir de la place de parking où je m'étais garée une demie heure plus tôt. Tu tenta de me barrer le chemin,te positionnant devant le capot de ma voiture. Je te hurlais de te pousser et de me laisser passer,faisant même semblant d'accélérer,tout en gardant le pied sur le frein. A contre cœur tu te décala sur la droite,me laissant libre de partir. Tu savais que tu ne pouvais pas me retenir,qu'il ne servait à rien de me forcer.

Je sortis du parking et emprunta la même route qu'à l'aller,ne sachant où me rendre en ce vendredi bien étrange. Je ne fis que quelques mètres et me garai devant un bar tabac,où j'achetais un paquet de cigarettes,sans vraiment l'avoir prémédité. J'avais besoin d'un échappatoire,il fallait que je m'évade de cette horrible journée et des images qui m'assaillais sans relâche. Je t'imaginais déjà rentrée chez toi,toujours dans ses bras,et cette idée m'étais insupportable. La colère me rongeai et m'empêchai de respirer convenablement. Je sortis de l'établissement avec mon achat et m'assis à nouveau derrière le volant,ne souhaitant qu'une chose,fumer. Farfouillant dans la boîte à gants,je trouvai un briquet et allumai ma cigarette. Je profitais de cette accalmie pour réfléchir. Du moins je tentais de le faire. Mais les événements me dépassaient totalement et je ne parvenais pas à me calmer. Je me sentais trahie,humiliée et reniée. Peut être aurais-je dut te laisser finir,ne pas m'enfuir et affronter la situation. J'avais besoin de ces explications. Même si rien ne pouvait expliquer ton geste. Tu m'avais trahie. J'étais meurtrie,comme blessée dans ma chair. Je ne cessai de repenser à ce que j'avais vu,et cela me tuait. D'autant plus que c'était elle. Tu savais pourtant à quel point j'avais peur de votre relation et de ton attachement envers elle. J'avais toujours crains ce scénario,cet amour brisé qui refait surface,des années plus tard. Je n'avais rien de sa présence,du souvenir qu'elle t'avais laissé. Je n'étais que cette fille,présente et encombrante,pendant qu'elle jouait les fantômes irremplaçables. Il était évident qu'elle était bien plus attrayante. Elle avait le goût de l'aventure,l'odeur de la conquête quand moi je n'étais qu'acquise. Je me demandais si cette fille se souvenait de mon existence,ou si tu lui avais menti à elle aussi. Dans un cas comme dans l'autre,ce n'étais pas elle la responsable,mais bien toi. Tu aurais pût la repousser. Comme tu me l'avais promis. Me revinrent en mémoire le dernier week-end passé chez toi,ce lundi 5 juin,barré au stylo rouge sur mon calendrier. Ce jour où j'ai franchis une limite que je pensais ne jamais dépasser,ce jour où j'ai découvert des choses que je ne soupçonnait même pas. S'en était suivies de longues et horribles disputes, qui n'avaient été plaisantes pour aucune de nous. Me revinrent à les mémoires tes mots,que je connaissais à la virgule près : «Je la repousserais Typhaine et puis ce jour n'arrivera pas et j'en ai pas envie. Des gestes sont plus faciles à contrer,que des paroles.» Finalement non,tu ne l'avais pas repousser. Peut être même l'avais tu invitée aujourd'hui. Je ne la savais pas près d'ici. Je me rendais peu à peu compte que je ne connaissais pas grand-chose de ta nouvelle vie.

Toujours assise dans mon tas de ferraille,j'aurais aimé pleurer un grand coup,hurler ma douleur et ma rage,pourtant rien ne sortait. Je ne savais que faire. Mon cœur en miettes me criait de partir,de te fuir et de ne jamais te revoir,mais ma raison essayait avant tout de comprendre comment on avait put en arriver là. J'étais perdue,terriblement seule,et j'aurais tout donner pour me réveiller de ce cauchemar. Lasse de réfléchir dans le vide,je pris mon téléphone,qui était resté dans l'auto pendant tout ce temps. En l'allumant,je vis s'afficher les notifications de tes 16 appels manqués ainsi que de tout tes messages. Il avait dut rester en silencieux,je n'en avais donc entendu aucun. Je composais le numéro de ma messagerie,et écoutai ton premier message. Puis le suivant. Tous,jusqu'au dernier. Je n'entendais quasiment rien tant tu pleurais,et j'entendais au fil des minutes ta voix s'étrangler et ta respiration s'accélérer. Derrière ma haine et ma douleur,je m'inquiétais pour toi,sans réussir à m'en empêcher. Même après ton acte,je ne pouvais m'empêcher de me soucier de toi. Je continuai à vouloir prendre soin de celle que j'aimais. Prenant le temps de la réflexion,je me dis que tu méritais au moins que je t'écoute,même si au fond tu avais tout gâcher,et que plus rien n'étais réparable désormais. Tu me devais des explications de vive voix. J'en avais assez de ces conversations téléphoniques et de ces échanges virtuels,j'avais besoin de réponses concrètes. J'avais besoin de savoir où l'on en étaient toutes les deux. Même si je ne me faisais plus d'illusions.

RéveilWhere stories live. Discover now