L'Araignée

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La chambre de Freyja n'est pas toujours très bien rangée et de nombreuses choses traînent au sol ; livres, carnets, objets en tout genre qu'elle récupérait, son chat, de la nourriture...

Quand on s'approche de plus près, on peut se pencher sur un des carnets, ouvert au milieu, où Freyja y consigne sa vie, ses aventures et son ennui. Celui-ci date de quelques mois auparavant, lors d'un voyage à Sulimo, la ville de l'automne et du vent en compagnie de son grand-père...

« [...] Il y a une de ces farces que j'ai toujours voulu faire dans cette ville après avoir lu un livre étant jeune. A l'époque je n'y avais guère pensé, car je ne pouvais voyager seule, mais maintenant que l'occasion se présente, je ne la raterai pas.

Hier, je suis passée près de l'observatoire. Sur la porte d'entrée sont affichées les dates et horaires d'ouverture au public et il se trouve que demain soir, s'il fait assez beau, l'observatoire est ouvert à tous et à toutes. Je me suis dite que je pourrais mettre en pratique cette farce qui, je n'en doute point, sera très amusante. [...] »

Si on tourne la page et qu'on lit celle d'après, l'aventure nous est contée :

« [...] J'avais, il y a quelques temps, en prévision de ce voyage, acheté quelques araignées et insectes en plastique dans un quelconque magasin de farces et attrapes. Ces insectes, plus vrais que nature, ne faisaient quelques centimètres de haut, mais terrifiaient déjà certains (je citerais mon grand-père en exemple).

Je me suis donc levée très tôt ce matin, avant le Soleil lui-même, pour aller à l'observatoire. Il était assez tard pour que plus personne n'y soit, mais assez tôt pour que les rues de la ville soient vides. J'avais au départ demandé de l'aide à Loki, mais ce filou m'a miaulé au nez avant de se rendormir. Je dus donc me rendre seule là-bas, avec uniquement mon imagination pour m'aider.

Les rues de Sulimo étaient encore vides, bien que certains commençaient à s'éveiller, en général pour aller au travail. Je me dépêchai afin d'arriver à l'observatoire avant de me faire repérer, et remarquai qu'il était fermé. Cela allait grandement me faciliter la tâche.

Cette ville possède des longues avenues construites en hauteur et l'observatoire se situe sur l'une d'entre elle. Cependant, une partie du bâtiment est construite sur pilotis avec, en bas, le panneau où est écrit en majuscule « SULIMO », au cas où les habitants oublieraient le nom de leur ville. Il y avait également un petit espace vert avec deux grands et jolis arbres. Bien sûr, tout cela n'allait pas m'aider. Il fallait donc que j'entame l'ascension des murs afin de monter sur le toit.

Sur le moment je remerciai grandement mes longues promenades dans la nature où je m'amusais à grimper aux arbres afin de surprendre les voyageurs égarés.

En réalité, escalader la façade fut très aisé mais atteindre la coupole du télescope le fut moins ; je me raccrochai sur les seules prises disponibles mais je risquai toujours de tomber. Je me souviens qu'à ce moment, je me suis demandée comment Loki faisait pour grimper aussi facilement. Puis je me suis rappelée que Loki était un chat.

Je pris une ficelle de mon sac, et la scotchai sur le bord de la vitre (il ne fallait pas la salir). J'accrochai comme cela l'araignée en plastique qui reposait, minuscule, sur le verre.

J'avais, une fois, posé une question à un jeune scientifique d'Ulmo, lui demandant ce qu'il se passait si on posait un objet sur la lentille d'un télescope. Celui-ci m'avait répondu que si on regardait à travers ce télescope, on pouvait y voir l'objet très grossit.

C'était le but de cette farce.

Il ne me restait plus qu'à redescendre, rentrer chez moi et attendre que l'observatoire ouvre, le jour même. A cette liste, je décidai d'ajouter de vider un verre d'eau sur Loki car ce chat était insupportable.

La journée passa rapidement. Je visitai quelques endroits avec mon grand père que je vais raconter ici... [...]

[...] Le soir était donc enfin arrivé, et je couru à l'observatoire afin d'arriver dès l'ouverture. Il y avait déjà quelques habitants et touristes ; des astronomes amateurs, des enfants curieux avec leur parents, et des voyageurs qui ne voulaient rater cela pour rien au monde. Le directeur, un vieil homme blanc barbu s'approcha afin d'expliquer comment se passerait la soirée et commença à raconter de nombreuses choses sur l'espace, les étoiles. Tout cela était passionnant mais je voulais surtout observer l'effet de ma blague.

Finalement, après plus d'un quart d'heure de monologue, il décida de nous montrer une lointaine étoile et commença à régler le télescope. Le moment fatidique approchait et je le fixais, un peu à l'écart de la foule. Il s'approcha de l'oculaire et se pencha pour y regarder.

Je l'observai alors reculer, tomber sur les fesses et crier des choses incompréhensibles. La foule se regarda, déconcertée et un jeune homme décida de voir ce qu'il n'allait pas ; il cria de peur et se cacha derrière un autre garçon.

Après un long remu-ménage, on comprit enfin ce qu'il se passait, et je m'éclipsais discrètement avant qu'on décide d'identifier les coupables.

Pour conclure, je peux dire que je me suis bien amusée et que je ne regrette pas d'avoir fait cette farce ! »

Textes HensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant