Chapitre 9

1.8K 165 55
                                    

           

Je reste dans ma chambre aussi longtemps qu'on me le permet. La voix de mon père me parvient du rez-de-chaussée. Je baisse la tête et soupire. Je ne veux pas le voir, ni même l'entendre. Parfois, moi-même je ne comprends pas ma haine. Plusieurs fois je me suis demandé si j'avais tord de ressentir cette émotion si négative envers mon propre père. Mais avec le temps, je me suis convaincu que non. J'entends ma mère m'appeler qui m'invite à descendre et à « embrasser » mon cher père. Je lève les yeux au ciel et serre les dents avant de finalement ouvrir la porte de ma chambre. J'avance d'un pas colérique. Je descends la marche une à une en gardant toujours mon regard baissé ; je ne veux pas croiser celui de mon père.

« Mon fiston ! »S'exclame mon paternel en me prenant de ses bras.

Si seulement il pouvait se la fermer.

« Salut p'pa. » Dis-je de la voix la plus neutre, bien qu'on puisse tout de même entendre ma colère.

Il se tourne vers ma mère et lui lance un regard qui semble dire « Il est toujours en colère ? ». Ma mère lui répond en levant les yeux au ciel et chassant une mouche imaginaire avec la main.

-Quoi de neuf au lycée ? Tu t'intègres bien ? Ta mère m'a dit que t'es fait de nouveaux amis.

-Rien. Oui. C'est vrai.

Mon père ne cherche pas à continuer la conversation. Un malaise s'installe. Ni mes parents ni moi n'osons parler. Heureusement, ma sœur qui arrive de la cuisine en trombe vient sauver la situation.

-Papa ! Crie-t-elle en lui tirant la manche. Vient voir ce qu'on a cuisiné avec maman !

Mon père sourit bêtement et donne précipitamment sa mallette à ma mère qui rigole légèrement. Mon père et ma sœur discutent ensemble dans la cuisine en rigolant.  Emily est trop jeune pour comprendre. Je lui ai répété des centaines de fois que papa n'est pas un père ; mais elle n'a jamais voulu m'écouter. Je m'apprête à retourner dans ma chambre mais suis retenu par ma mère.

« Thomas, arrête s'il te plait. Ton père ne rentre pas pour que tu l'accueilles comme ça à chaque fois. »

-Pourtant c'est tout ce qu'il mérite.

Ma mère soupire.

-Quand est-ce qu'on comprendra Thomas ?

-Vous pourrez jamais comprendre, vous êtes trop naïves toutes les deux. Et papa aussi il est naïf de croire qu'il peut faire comme si rien n'était.

-Thomas, je suis désolée de ne pas comprendre. Mais c'est ton père. Et tu es son enfant. Quoi que tu dises, tu l'aimes et lui aussi.

-Non ! je m'exclame plus fort que je le voulais. Toi je t'aime ! Pas lui. 

Légèrement déconcertée par ma soudaine déclaration d'affection, ma mère écarquille légèrement  les yeux et reste muette un moment. Il faut dire que je ne lui dis jamais que je l'aime.  Elle finit par se reprendre.

-Alors fais-moi plaisir et essaye de rester calme au moins pendant le diner.

-... D'accord. Il reste combien de temps.

-Heu... nous sommes jeudi, il repart lundi, alors il reste quatre jours.

-Il reste le week-end ?!

-Thomas, je t'en pris.

-J'irai chez un pote.

Ma mère soupire une nouvelle fois mais finit par acquiescer. Suite à ça, on se rend ensemble dans la salle à manger. Je m'assois à l'opposé de mon père qui ne prend même plus la peine de me demander de s'asseoir à côté de lui comme il le faisait auparavant.

Different Secrets / NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant